Comment aider, à notre niveau, les habitants d’Alep ?

Publié le par Théo Mercadier,

source : capture d’écran Twitter

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La situation dans la ville syrienne d’Alep est plus critique que jamais, mais le citoyen français lambda dispose de nombreux canaux pour aider les populations qui tentent d’y survivre. Konbini vous en dévoile quelques-uns.
Un massacre se déroule en Syrie : à Alep, au moins 82 civils ont été tués dans la nuit de lundi à mardi par les forces de Damas, selon l’ONU. Plus 300 000 morts en cinq ans. Cette horreur, qui continue aujourd’hui, est commise au terme d’une offensive de près de quatre semaines menée par l’armée de Bachar Al-Assad, qui est sur le point de reprendre les dernières zones de la ville tenues par les insurgés. Ceux-ci défendent difficilement les deux derniers quartiers principaux qu’il leur reste, et la population, entre deux feux, se fait massacrer : depuis le 15 novembre, 415 civils ont péri sous les bombardements de l’armée syrienne, soutenue par l’Iran et le Hezbollah libanais ainsi que par une couverture aérienne russe. En retour, les tirs de roquettes des rebelles ont tué au moins 130 civils dans la partie Ouest d’Alep, la zone tenue par les forces loyales au régime.

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À lire -> Alors que les troupes de Damas reprennent Alep, les civils appellent au secours

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La reprise massive des offensives du régime syrien contre les rebelles présents à Alep-Est est synonyme de chaos et de mort pour les civils, piégés entre deux feux. En l’espace de quelques jours, des dizaines de milliers de personnes ont fui leurs foyers pour rejoindre des quartiers plus sûrs à Alep-Ouest, mais tous n’en ont pas les moyens. Aujourd’hui, beaucoup sont bloqués à quelques mètres des combats, réfugiés sous les bruits des bombes en attendant que leur sort soit fixé.
Le 1er décembre, rapporte Le Monde, un groupe de familles tentant de faire le trajet vers Alep-Ouest a été méthodiquement bombardé : “Ces gens fuyaient la mort, s’indigne un secouriste. Les déplacés passent par là pour rejoindre la partie ouest de la ville. C’est pour cela que l’endroit a été visé.”


Barils d’armes chimiques et obus sont donc un quotidien auxquels les civils ne peuvent échapper. Une situation d’urgence totale qui fait vaciller le courage des Casques blancs qui, tous les jours, fouillent les décombres à la recherche de personnes encore en vie.
Devant l’horreur, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les moyens à leur disposition pour apporter leur aide aux 250 000 personnes bloquées sous les bombes. “J’ai honte“, écrivait Johan Hufnagel le 30 novembre dans les colonnes de Libération : honte de son impuissance, de celle de son journal, de celle de la presse tout entière qui, malgré les reportages et les témoignages publiés quotidiennement ne parviennent pas à influer positivement sur la situation. Les journalistes font leur métier, dans leur domaine : celui de l’information. Les citoyens, eux, ont d’autres moyens d’action, même si le siège de la ville rend l’accès très difficile. Nous avons décidé de vous présenter une liste non exhaustive des principaux canaux qui vous permettent, vous aussi, d’apporter votre pierre à l’édifice en fonction de ce qui vous semble prioritaire.

Aider les hôpitaux

C’est probablement le domaine où la situation est la plus critique. Pour y répondre, l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM) réunit une quinzaine d’associations syriennes basées à l’étranger et investies dans l’aide apportée aux médecins qui, tous les jours, risquent leur vie pour apporter des soins à la population :

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“Mardi 29 novembre 2016, selon les Casques blancs d’Alep, on dénombre près de 150 attaques aériennes et 1 500 tirs d’obus d’artillerie qui ont fait 51 civils tués et 150 blessés. Selon les médecins sur place, un hôpital est ciblé toutes les 17 heures. Un agent travaillant dans ces établissements est tué toutes les 63 heures ! En Syrie, au cours des 144 derniers jours, il y a eu 143 attaques contre des installations médicales et leur personnel. Plus d’un tiers se sont produites dans la ville assiégée d’Alep.”

L’objectif de cette levée de fonds est de fournir les choses suivantes : des consommables médicaux, des médicaments d’urgence, des équipements pour remplacer ceux endommagés (moniteurs, appareils chirurgicaux, etc.) et rééquiper les salles d’urgence. Il s’agit aussi d’apporter un soutien financier aux médecins et personnels médicaux. Si vous voulez participer, c’est ici que ça se passe.

Des collectes pour les convois humanitaires

 Alep-Est est en état de siège, et le principe d’un siège est de fermer tous les accès à une ville pour affamer et tuer à petit feu les personnes qui s’y trouvent. Envoyer des convois à Alep tient donc de la mission impossible. En septembre 2016, un convoi humanitaire de l’ONU et du Croissant-Rouge (l’équivalent de la Croix-Rouge au Moyen-Orient) a été bombardé par les forces pro-régime, causant la mort de 12 personnes. Cependant, des ONG françaises comme Free Syria Lyon continuent de récolter des dons en nature : vêtements, nourriture, médicaments, linge ou encore produits d’hygiène. L’association a des relais et des locaux dans neuf grandes villes de France : Marseille, Lille, Grenoble, Toulouse, Valence, Perpignan, Saint-Étienne, Auxerre et Annecy.

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Ces biens sont ensuite directement envoyés par container vers les camps de réfugiés en Syrie et autour d’Alep, plus faciles d’accès que le cœur de la ville, et dans lesquels la situation humanitaire est tellement catastrophique que certains les quittent pour retourner vivre dans la ville. De tels convois y sont donc accueillis comme des bouffées d’oxygène plus que bienvenues.

Aider les réfugiés dans les pays frontaliers de la Syrie

Alors que de nombreux citoyens français s’alarment du nombre de réfugiés arrivés en France, la situation est infiniment plus tendue dans les pays limitrophes de la Syrie. D’après le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) 2,7 millions de Syriens vivent aujourd’hui en Turquie dans des conditions désastreuses. Ils sont 1 million au Liban, 600 000 en Jordanie, et 200 000 en Irak. En comparaison, la France en a accueilli 10 000

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L’arrivée de tous ces gens dans les zones urbaines est loin de se passer sans heurts, et leur intégration est l’un des combats menés par le HCR. Construction d’écoles, cellules psychologiques pour les enfants, dons de biens de première nécessité, autant d’actions qui nécessitent des fonds. Faire un don à un énorme organisme tel que le HCR est bien évidemment une bonne chose, mais une grande partie de votre don se perd en frais de gestion ou administratifs. C’est le cas pour beaucoup d’associations de taille importante. Par exemple, sur 10 euros donnés à Greenpeace, seuls 5,1 euros arriveront effectivement à destination …

Ce n’est bien sûr pas tout le temps le cas, mais il vaut généralement mieux privilégier les “circuits courts” des petites ONG, comme ceux proposés par le Collectif de développement et de secours syrien (CODSSY). Parmi les nombreux projets et appels aux dons relayés par le CODSSY : l’ouverture d’une école maternelle en Turquie, le soutien psychologique aux enfants syriens exilés au Liban ou encore le soutien à un centre scolairedans la ville turque de Gaziantep.

Manifestations

Faire des dons est un moyen d’agir directement, faire pression sur les gouvernements pour les presser de résoudre la crise en est un autre. Dans cette optique, des manifestations s’organisent presque quotidiennement à travers le monde. Si la portée immédiate d’une manifestation peut paraître minime par rapport à un don direct, c’est bel et bien ce mode d’engagement et les pétitions, les actions citoyennes ou les réunions qui en découlent qui permettront de faire bouger les lignes. Sillonnez les réseaux sociaux pour vous tenir informés !

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