L’hypersexualisation du travail selon Britney Spears

Publié le par Louis Lepron,

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Depuis très longtemps, Britney est dans le “jeu” [de l’argent, ndlr] qu’elle a intégré en gagnant des millions.

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De Max Weber au culte du travail

En France, David Guetta nous avait déjà “emportés” (ou fait fuire, c’est au choix) avec son hymne au labeur, “Play Hard”, tiré de son dernier album Nothing but the Beat 2.0. On connaissait aussi la relation du travail à des critères purement médicaux, avec le fameux “Le travail c’est la santé” de notre cher Henri Salvador. Mais aux États-Unis, cette devise a été utilisée des dizaines de fois, de la country de Gretchen Wilson au hip-hop de Wiz Khalifa.
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Britney Spears ne fait donc que taper sur un clou passablement enfoncé. Mais selon le journaliste Federico Campagna du quotidien britannique The Guardian, la chanteuse fait du travail une nouvelle religion. Comme il l’écrit :

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Bande originale d’une sombre rébellion pendant les années 80 et 90 […], la house et la techno semblent avoir trouvé un nouveau rôle […] dans une culture du travail de plus en plus agressive.

Pour saisir cette particularité anglo-saxonne, le journaliste fait référence à l’oeuvre de Max Weber sur la religion protestante. Dans son livre L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, le sociologue allemand explique que les protestants seraient à l’origine de l’émergence du capitalisme. Pour eux, le travail serait une forme d’accomplissement.
Un accomplissement encore plus fort au lendemain de la crise économique de 2008 d’après Federico Campagna : “Des millions de personnes ont recréé une nouvelle religion, de toute évidence idéologiquement neutre, le travail”. Britney illustrerait ainsi, à travers son “Work Bitch!”, une corrélation nouvelle entre la culture de la fête, du fun, du plaisir et le culte du travail.

Dans les deux cas, l’idée est d’arrêter d’être nous-mêmes. Accompli dans des espaces bondés […], le fait de s’amuser et de travailler a finalement entraîné la création d’un territoire commun sans limites.

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Aux États-Unis, les ambitieux

La chanteuse présente aussi un visage bien connu des Anglo-saxons et en particulier des Américains : leur extrême confiance en eux. Alors que le Français est souvent vu comme le plus pessimiste, le mec “mal parti” dans la vie, l’Américain, selon une étude relayée dans le livre The Narcissism Epidemic, surestime ses capacités (ici dans le domaine des mathématiques).
Dans un article de Slate publié en 2011, la journaliste Claire Levenson revenait sur le fossé qui séparait ces deux jeunesses. Losqu’elle évoque la France, elle parle de “machine à casser des destins”. Pour les États-Unis, elle parle “d’enthousiasme sans rigueur”. À l’image du “Work Bitch!” de Britney Spears ?

Face à la réticence à encourager l’ambition, l’écueil américain est l’enthousiasme sans rigueur. L’aisance avec laquelle certains jeunes américains pratiquent l’auto-promotion constante peut être pénible. De nombreux observateurs pensent que leur société est allée trop loin dans l’encouragement positif, notamment à l’egard de la génération née après 1980.

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Que Britney Spears, ce gosse gâté des années 90 et icône Disney passée dans la moulinette du succès, chante une telle composition n’est finalement pas si étonnant. On retrouve, à la fois dans les paroles comme dans le clip une illustration forcenée de l’alliance entre la confiance dans le travail et le divertissement, au pays de l’Oncle Sam.
Pour Atlantico, Sophie Bramly Catherine Monnot perçoit autre chose. L’hyper-sexualisation du clip de Britney, accompagné d’un refrain encourageant à travailler, serait une forme “d’empowerment” à destination des jeunes femmes, citant Madonna en premier modèle :

La Pop musique n’a pas attendu la dernière génération pour aider significativement les femmes à s’émanciper sexuellement. En anglais, on parle d’empowerment, mot qui, mieux que “renforcement” en français, véhicule une idée de solidité, d’énergie et de pouvoir immédiat.