Cinq choses qu’il faut retenir de la résidence de Banksy

Publié le par Tomas Statius,

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Banksy est un catalyseur

La première n’est pas véritablement une “interrogation” mais plutôt un constat d’état. Si Banksy est aujourd’hui une personnalité qui compte, c’est parce qu’il touche différents milieux, (le graffiti, l’art contemporain, le “cool”, l’espace politique). Mais surtout parce qu’il a une action comparable à un catalyseur chimique. Si on en revenait à la définition ?
Selon le Petit Larousse un “catalyseur” est :

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  • [Une] substance qui augmente la vitesse d’une réaction chimique sans paraître participer à cette réaction.
  • [Un] élément qui provoque une réaction par sa seule présence ou par son intervention.

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La résidence de l’artiste londonien fait emerger le pire de New York : une soif insatiable pour l’art et une quête de “sens”.

L’auteur déroule : les bobos dans des quartiers qu’ils n’ont jamais visité armés d’appareils photos numériques et de “bonne volonté culturelle” c’est lui. La farce de Central Park c’est encore signé Banksy. Et si son plaidoyer est excessif, l’auteur n’a pas tort sur une chose : au moins une partie de l’oeuvre de Banksy est tournée vers la satyre (ce qu’il évoque en guise d’introduction). Grand interrogateur de l’art, le britannique adresse au monde des pochoirs, des sculptures mais aussi des calembours et des questions.

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Art ou pas art ?

À New York on fait son marché parmi les oeuvres crées par le street-artist dans l’espace public

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La leçon de Thorstein Veblen à la sauce Bansky

La fame de la rue n’est pas la reconnaissance des galeries

Si un aspect a été longuement et âprement discuté, c’est le vandalisme et les réactions hostiles dont ont fait preuve les graffeurs newyorkais à l’égard des oeuvres du britannique. À chaque jour son nouveau Banksy et sa nouvelle souillure pour une incompréhension assez manifeste du grand public. Pourquoi donc des graffeurs abîment-ils ses oeuvres ?
Pour Sacha Jenkins, fondateur du magazine Egotrip Land et sommité du milieu hip-hop, les locaux ne font que contester, un peu jalousement, l’écart de moyen et de reconnaissance entre leurs productions et celle de cet anglais qui a posé ses valises sur les bords de l’Hudson. Mouais. Sauf que quand ils parlent, ce n’est pas ce qu’ils disent.

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Omar, graffeur anonyme, s’est évertué à apposer sa marque sur les mêmes spots que Banksy. Provocation ? 

La réponse la plus intelligente (selon nous) fut celle du magazine américain Animal : les journalistes sont allés à la rencontre des différents “Kings” (ou figures) de la scène newyorkaise pour leur demander leur avis. Et les réponses qu’ils offrent sont éclairantes.
FABER par exemple, d’une sobriété à toute épreuve :

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Ça fait partie du jeu. A nos yeux, son travail n’est pas plus ou moins important que ceux d’autres.

J’ai commencé à peindre dans les rues parce qu’elles étaient le seul endroit où je pouvais exposer simplement. Maintenant je dois continuer à peindre dans les rues pour me prouver que tout ça n’était pas un plan cynique.

Le street-art passe la vitesse supérieure

Ce que nous vivons enfin, mouvement que Banksy a engagé, façonné, utilisé, c’est le décollage du street-art. Non pas que la forme d’expression vive un moment particulièrement faste au niveau de l’inventivité (encore que c’est à discuter), mais bien plus que c’est le moment de son “institutionnalisation” et de son “artification”.
Les graffeurs entrent dans les galeries et les musées (on pense ici à LEK et SOWAT qui ont investis récemment en France le Palais de Tokyo), les parisiens se sont massés aux abords de la Tour Paris 13 pour en faire la visite et ça parlait graffiti à Drouot en pleine FIAC.
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Trailer long-format du film “Faites Le Mur” ou “Exit Though The Gift Shop”

À ce sujet la position de l’artiste n’est pas claire. S’il a été l’un des premiers à proclamer la “toute-puissance” du mouvement street-art et la volonté d’en faire quelque chose de grand, le britannique semble être revenu de cette position de chapelle. Dans la même interview accordée au magazine américain Animal, il évoque :

Il en faut pas beaucoup pour être un artiste en vue : juste consacrer sa vie toute entière à cela. La chose que les gens admirait le plus chez Picasso n’était pas son équilibre entre son travail et sa vie.

Plus humble, plus vraiment héraut du “next big thing”, le natif de Bristol s’est montré sous les traits d’un mec qui continue à chercher artistiquement tout en contemplant, sceptique, ce qu’il a (en partie) engrangé : la machine street-art est en route tout comme son exploitation commerciale.
Celui-ci avoue sobrement :

Quand le graffiti n’est pas criminel, il perd un egrande partie de son innocence.

Et c’est probablement ça qu’il est le plus important de retenir. La fin de l’innocence c’est ce qu’on vit, et ce mois new-yorkais en a été le signe le plus manifeste.