Qui est Awkwafina, rappeuse-actrice talentueuse qui vient de gagner un Golden Globe

Publié le par Lucille Bion,

Du rap au cinéma, la New-Yorkaise prolifique Awkwafina est en train de s'imposer à Hollywood.

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Tout droit sortie du rap, la New-Yorkaise d’origine chinoise s’impose dans le cinéma, oscillant entre blockbusters et films indés. Remarquée pour son excentricité dans Crazy Rich Asians, elle vient de remporter un Golden Globe pour son premier rôle dans L’Adieu (The Farewell) – c’est la première comédienne d’origine asiatique à remporter ce titre – et s’apprête à devenir une figure incontournable d’Hollywood.

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Du haut de son 1 mètre 55, Awkwafina est visiblement sur tous les fronts. Rappeuse, animatrice, actrice, youtubeuse, DJ, activiste chez Time’s Up, autrice… La New-Yorkaise fait entendre sa voix grave légèrement éraillée tout en bâtissant son empire. De son vrai nom Nora Lum, l’enfant unique a grandi à Forest Hills dans le Queens à New York. Alors qu’elle n’a que 4 ans, sa mère d’origine sud-coréenne décède et son père sino-américain est visiblement absent et brisé après cette tragédie.

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“Être un enfant unique, c’est l’équivalent d’être ces personnes folles qui vivent seules. Elles disent qu’elles marchent nues tout le temps. Qu’elles sont dans leurs pensées. Voilà ce qu’est un enfant seul. Tu es juste une personne folle avec toi-même”, a-t-elle confié à ce sujet.

Élevée par sa grand-mère, plus proche d’une “BFF” geek que d’une mamie gâteau, elle est envoyée sur les dernières volontés de sa mère à l’école du Queens, à la P.S. 196 Grand Central Parkway, où elle trouve une grande diversité :

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“J’ai grandi dans une classe où je ne comprenais pas la xénophobie, parce que… C’est la chose étrange quand tu grandis à New York : les gens ne voient pas à quel point c’est carrément diversifié. Je veux dire… Le Queens, c’est clairement le plus divers des quartiers en termes de langages parlés et de régionalisme, il n’y a pas de zone tampon. Ce n’est pas comme un petit China Town, c’est un ‘Korea Town’. Tout le monde est mélangé.”

À 18 ans seulement, la New-Yorkaise posera pour la première fois un pied sur le sol chinois, lorsqu’elle part étudier trois ans à la Beijing Language and Culture University, spécialité women studies, à Pékin. Elle ajoutera à son CV un diplôme de journalisme après son retour au domicile familial à New York, où elle restera jusqu’à ses 25 ans.

Awkwafina dans <em>Crazy Rich Asians.</em> (© Warner)

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En parallèle, Nora Lum fait grandir la Awkwafina qui sommeille en elle. À 15 ans, elle choisit ce blase qui ne la quittera plus et la trompette comme instrument totem. Dans sa chambre, elle commence à composer sur GarageBand et tout commence en 2016 avec son morceau “My Vag”, vantant les pouvoirs de son vagin sur une provocation similaire à celle du Californien Mickey Avalon et son “My Dick”. Pas un message féministe, donc. Elle a d’ailleurs été lynchée sur la place virtuelle par des féministes outrées des paroles de la rappeuse :

Toujours aux côtés du réalisateur Court Dunn, l’artiste sortira “NYC Bitches” et “Peggy Bundy”, présents sur son premier album Yellow Ranger, suivi quatre ans plus tard du self-estim In Fina We Trust. Si ses plus grandes influences penchent du côté de Notorious B.I.G. et Mos Def en musique, elle voue un culte à Charles Bukowski côté littérature.

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Il est d’ailleurs plus simple pour elle d’écrire des blagues que de faire de la musique”, comme elle l’a confié lors d’un entretien accordé à Vogue. L’humour, chez elle, marche comme un mécanisme de défense :

“J’ai développé l’humour comme un mécanisme de défense lorsque j’avais 4 ans, lorsque ma mère est décédée. Je voulais être un emblème de la joie, pas de la tristesse. Aujourd’hui, être une femme dans les comédies, c’est comme construire un esprit de camaraderie avec les vérités, donc des réalités à la fois tristes et amusantes, qui nous définissent en tant que femmes. C’est aussi utiliser son pouvoir, son courage et son humour pour améliorer le féminisme en général.”

Le cinéma non plus n’est jamais bien loin. À 16 ans, elle bosse dans un vidéoclub, où elle regarde en boucle Au fil de la vie de Garry Marshall. Aujourd’hui, c’est justement sa casquette d’actrice qui lui a permis d’être sous les projecteurs. Tout juste nommée Meilleure actrice aux Golden Globes pour L’Adieu, Awkwafina possède à son compteur Girl Code, son premier film en 2014, et une ribambelle de comédies/blockbusters : Nos pires voisins 2, Ocean’s 8 et surtout Crazy Rich Asians.

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Réputée pour son casting 100 % asiatique – chose qui n’était pas arrivée depuis 26 ans à Hollywood et Le Club de la chance en 1993 –, cette rom-comédie rafraîchissante lui permet d’exploser dans le rôle d’une férue de mode excentrique. Cheveux courts, elle forme un duo parfait avec Oliver T’sien, le designer de mode qui mériterait un spin-off :

“Quand on a commencé à tourner ‘Crazy Rich Asians’, on savait que c’était quelque chose de très spécial. Mais nous n’imaginions pas jusqu’où cela irait jusqu’à ce que nous revenions et que nous assistions aux projections où les jeunes sortaient en pleurant grâce à ce pouvoir de représentation. Tu ne peux pas réaliser combien c’est important jusqu’à ce que tu comprennes que tu n’as pas eu accès à cela depuis que tu es née.”

En ce début d’année, elle est à l’affiche de L’Adieu (The Farewell), son premier drame. La réalisatrice Lulu Wang imagine une tragédie familiale mesurée, mi-comédie mi-crève-cœur, bâtie sur un mensonge impensable : un cancer vient d’être diagnostiqué à Nai Nai, grand-mère et mère adulée de toute sa famille, dont Billi (Awkwafina) fait partie.

Préférant cacher la vérité à la vieille dame pour qu’elle vive ses derniers jours sans tracas, la famille prétexte un mariage obscur pour se rassembler en Chine chez Nai Nai et partager ses derniers moments de joie. Billi, qui a grandi aux États-Unis, a du mal à encaisser la nouvelle et peine à garder le secret.

Dévouée et parfois dépassée par ces lourdes cachotteries, apparemment communes dans la culture chinoise, Billi profite de ce voyage pour découvrir ses origines enfouies. Alors qu’aux États-Unis la culture de l’égoïsme règne en maître, la Chine privilégie plutôt la famille et la communauté. Ces différentes cultures sont ainsi illustrées dans ce merveilleux film couvé par A24.

(© A24 Films)

Pour ce rôle inspiré de l’histoire de la réalisatrice et écrit sur-mesure pour Awkwafina, la comédienne songeait constamment à sa grand-mère, son modèle :

“Ma grand-mère est tout pour moi. Elle m’a enseigné que les femmes asiatiques étaient fortes, ce ne sont pas des créatures dociles. Elle a toujours su que j’avais quelque chose, pas seulement le pouvoir de devenir une star, mais le cran de le devenir. Elle m’a donné des leçons de chant et nous ne l’avons pas dit à mon père car il aurait dit : ‘Pourquoi tu dépenses ton argent dans ça, c’est stupide.'”

Hier, elle a pourtant ouvert un nouveau chapitre à Hollywood en devenant la première femme asiatique à remporter un Golden Globe dans la catégorie Meilleure actrice dans un film musical ou une comédie. À la fin de son discours, elle n’a pas manqué d’adresser un message à son père : “Tu vois, j’ai fini par trouver un travail.”