Au Pakistan, un crime d’honneur vient rappeler la triste réalité dénoncée par un docu primé aux Oscars

Publié le par Anaïs Chatellier,

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Un nouveau crime d’honneur fait la une des journaux pakistanais au lendemain des Oscars, où la réalisatrice Sharmeen Obaid-Chinoy a été récompensée pour son film A Girl in the River, qui dénonce justement ce fléau.

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A Girl in the River : The Price of Forgiveness (Une fille dans la rivière : le prix du pardon), raconte avant tout l’histoire d’une survivante. Le court métrage de Sharmeen Obaid-Chinoy retrace la destinée de Saba Qaiser, une Pakistanaise de 18 ans, qui s’est fait tirer dessus par son père et son oncle avant d’être balancée dans la rivière, laissée pour morte. La raison d’un acte si atroce ? Saba s’était mariée par amour, “déshonorant” sa famille. Par miracle, la jeune fille a survécu. Le court métrage dénonce ainsi l’impunité dont bénéficient les auteurs de ces “crimes d’honneur”.

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En remportant dimanche dernier, l’Oscar du meilleur court métrage documentaire, la réalisatrice Sharmeen Obaid-Chinoy – déjà oscarisée en 2012 pour Saving Face, qui dénonçait les attaques à l’acide – œuvre à la prise de conscience, au niveau international, de ce fléau qui, au lendemain de la cérémonie, allait coûter la vie à une femme de plus.

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Un triste fait divers qui rappelle que les crimes d’honneur sont bien réels

Comme tous les autres, il a voulu “sauver l’honneur familial”. Mohammad Rehmat est soupçonné d’avoir tué par balle sa fille de 18 ans, Komal Bibi, lundi 29 février à Lahore. Celle-ci aurait refusé de lui dire où elle se trouvait pendant les cinq heures précédentes, ce qui aurait poussé son père à l’assassiner.  “Le père s’est enfui après avoir tué sa fille, et la police le recherche. Il semble qu’il s’agisse d’un meurtre d’honneur, a indiqué à l’AFP un responsable de la police locale.

Au Pakistan, elles sont des centaines chaque année à subir le même sort que Komal Bibi, et rares sont celles qui, comme Saba Qaiser, survivent. En 2015, 186 crimes d’honneur auraient été commis au Pakistan selon Amnesty International. Et c’est sans compter tous les cas qui ne sont pas recensés, ni toutes ces femmes qui, a défaut d’être assassinées, sont défigurées à vie après une attaque à l’acide ou vendues comme esclaves.

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Lutter contre le sentiment d’impunité

Le pire avec ce code de l’honneur implacable, c’est l’impunité qui règne après un tel acte de barbarie. Un vide juridique que la réalisatrice Sharmeen Obaid-Chinoy a voulu dénoncer à travers son court documentaire :

“Le problème avec les crimes ‘d’honneur’ c’est qu’il y a des personnes qui ne les considèrent pas comme un crime parce qu’on ne va pas en prison pour cela. Tant que ces gens ne considèreront pas cela comme un crime, ils continueront de tuer des femmes. À partir du moment où on va commencer à emprisonner les meurtriers, cela constituera un moyen de dissuasion.”

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En effet, la loi et la société ne punissent que très rarement les bourreaux, qui peuvent éviter des poursuites en demandant pardon et en rachetant leur crime auprès des familles de la victime. On espère qu’avec la mise en lumière à l’international de ce fléau, cette pratique ancestrale intolérable finira par disparaître. En tout cas, le Premier ministre pakistanais Muhammad Nawaz Sharif a tenu à remercier la réalisatrice et a assuré que des mesures seront prises, rapporte ABC News :

“Les femmes comme Mme Sharmeen Obaid-Chinoy sont, non seulement, une fierté pour la nation pakistanaise, mais aussi une source de contribution importante pour les avancées de la civilisation dans le monde entier.”

Sharmeen Obaid-Chinoy, lors de la 88e cérémonie des Oscars, le 28 février 2016.
Sharmeen Obaid-Chinoy, lors de la 88e cérémonie des Oscars, le 28 février 2016.

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