10 films pour sauver la planète (ou pas)

Publié le par Louis Lepron,

À l'occasion de la journée sans plastique, retour sur la manière dont le cinéma a joué avec le thème de l'environnement.

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Il y a ceux qui rêvent de quitter ce capitalisme sale qui détruit la planète, qui ne font que critiquer cette société consumériste qu’il faut abattre, le tout autour d’un brunch le dimanche en gueule de bois. Et puis il y a Ben de Captain Fantastic.

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Ben est un gentil bougre, activiste anarchiste de gauche, qui a décidé consciemment de quitter les métropoles pour aller se réfugier avec ses gosses dans une forêt et apprendre à vivre seuls. Ambiance survivalisme, hommage au grand Noam Chomsky, auto-éducation critique du système, sans technologie… Et dans la nature donc, en autosuffisance.

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Un modèle assez attirant sur le papier, ce malgré la remise en cause de cette éducation radicale loin des bancs de l’école par la famille de la femme décédée de Ben. Mais bon, franchement, qui voudrait découvrir la vraie loi de la jungle d’un collège/lycée traditionnel quand on peut manger des légumes du jardin toute sa vie et ne jamais rencontrer d’autres gens ?

Le film qui donne envie de recycler

De ce scénario survivaliste, on retient souvent un Matt Damon désespéré. Sur la planète Mars, le Robinson Crusoé en tenue de cosmonaute mange uniquement des patates grâce, entre autres, à ses excréments et aux cac’ de ses coéquipiers. Derrière cette prouesse si peu glamour mais tellement héroïque, Ridley Scott signe une aventure humaine improbable mais inspirante.

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Qui ne s’est pas demandé comment il ferait pour survivre solo sur cette planète déserte ? Et surtout, qui ne s’est pas imaginé dans la combi du comédien qui, décidément, devrait jouer le prochain James Bond tant il est capable de surmonter les obstacles en faisant à la fois appel à ses muscles et à son intelligence ?

Dans Seul sur Mars, le personnage de Mark Witney utilise ses compétences de botaniste et d’ingénieur pour nous prouver qu’avec un peu de bonne volonté, du savoir-faire et trois fois rien, l’homme peut s’accrocher. On nous a toujours laissés penser qu’il n’y a que l’espoir qui fait vivre, mais le recyclage aussi.

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Le film qui donne envie de se barrer en road trip, mais pas trop loin quand même

Et si la meilleure façon de servir la planète, au lieu d’agir au sein d’une société consumériste, était de se barrer loin des grandes villes et de la civilisation pour mieux se retrouver avec soi-même ? Dans les grandes lignes, c’est à peu près le sujet de Voyage au bout de la solitude, un livre écrit par Jon Krakauer et adapté au cinéma en 2007 par Sean Penn.

Pour incarner IRL Christopher McCandless, Emile Hirsch a enfilé les habits d’un petit jeune n’ayant pas la moindre intention de poursuivre ses études universitaires, préférant brûler ses papiers, envoyer ses économies à Oxfman et faire un doigt au rêve américain.

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Et comme il y a toujours un “mais”, on vous conseille de ne pas suivre à la lettre le rêve anti-consumériste de Christopher McCandless : ne vous barrez pas tout seul en Alaska sans moyen de communication, sans prévenir vos parents, et encore moins avec pour seul guide alimentaire un bouquin dont les notions de botanique sont clairement peu vulgarisées et compréhensibles.

Restez plutôt aux côtés de Kristen Stewart à écouter Eddie Vedder, à gambader auprès de Salvation Mountain et à lire du Tolstoï, qui aurait pu écrire que “le bonheur n’est réel que lorsqu’il est partagé”.

Le film Ghibli le plus écolo

Hayao Miyazaki a toujours été habité par la question de la nature, de la fragilité de cette dernière, de son importance et de la nécessité de la sauver. Mais son œuvre la plus engagée sur ce sujet demeure sans nul doute Princesse Mononoké.

Pas besoin de trop creuser dans des sous-textes obscurs pour saisir la démarche de l’homme derrière les studios Ghibli. La forêt est dépeuplée à cause de l’action de l’homme, et la nature est obligée de se défendre elle-même face à la déforestation qu’elle subit, avec dans son camp la fameuse Princesse Mononoké — une jeune fille élevée par les loups sauvages.

Subtil mélange entre Le Livre de la jungle et Pocahontas, ce long-métrage réussit à toucher du doigt des problématiques importantes car d’actualité, le tout en sublimant le propos par des paysages oniriques, la musique du talentueux Joe Hisaishi et une subtilité dans le texte qui en rendra jaloux plus d’un.

Le film de la nouvelle génération

Une bande de jeunes, la plupart connus des réseaux YouTube, s’est infiltrée avec un message très clair dans le film de Sébastien Marnier. L’aîné de l’équipe, Laurent Laffite, incarne un prof qui développe une obsession pour ces ados surdoués et asociaux qui ont une fâcheuse tendance à disparaître. Lorsqu’il découvre leur petit secret, le film de genre devient un film écolo.

Écœurés par le monde dans lequel ils vivent, les jeunes testent leur résistance à la douleur grâce à une succession d’épreuves : étouffement, noyade, passage à tabac… Conscientes mais un peu paranos du cauchemar que s’apprêtent à vivre les générations futures, ces voix alarmantes pointent du doigt les dernières dérives écologiques, agroalimentaires et politiques.

L’Heure de la sortie, ce petit film d’auteur français, n’a pas su attirer les foules dans les salles, mais a pourtant le mérite de mettre tout le monde d’accord : la planète est en danger, et c’est alarmant.

Le film qui pompe Pocahontas

Alors, Avatar, pour tous ceux qui ne l’ont pas vu au fond de la salle, c’est l’histoire d’une bande de Schtroumpfs complètement sous acides qui, inlassablement, pensent être connectés avec la nature, et donc les arbres, grâce à leurs longues couettes de hippies.

Et là, le grand méchant Terrien débarque avec ses machines et ses ambitions colonisatrices. Son idée ? Venir faire tout péter, à coups de napalm — Apocalypse Now, à côté, c’est une comédie française — histoire de faire un remake de la guerre en Irak.

Le message est clair, net et un peu évident : Pandora est la métaphore d’une Terre souillée par les humains, voyant son Arbre maison (après le fameux “téléphone maison” d’E.T., référence dont je ne suis pas sûr, mais qui a l’air pas mal) et ses Na’vi (les fameux Schtroumpfs bleus) être passés à tabac.

Derrière, une belle leçon d’écologie par le mec qui a réalisé Terminator. Le film est devenu le plus grand succès de l’histoire du cinéma, battant même Titanic du même réalisateur, James Cameron. Parfois, l’écologie, ça marche – enfin, surtout quand il y a du pognon à se faire.

Le film qui nique la planète A pour aller sur une planète B – et refaire les mêmes conneries

Le concept d’exoplanète peut paraître un poil flippant en tant que tel : “Bon, on a niqué notre planète, cherchons-en vite une autre. Quoi ? Remettre en cause notre mode de vie et éviter de reproduire les mêmes erreurs ? Euhhhhh…”

Interstellar va piocher au tout départ de son récit cette idée qu’on est foutus, et qu’il faut se bouger le cul si on veut survivre. À la différence de la réalité, où les États ont depuis des années les outils pour contrecarrer les effets du réchauffement climatique et n’ont absolument rien fait, le film de Nolan nous plonge à un moment où, bah, c’est vraiment trop tard.

Vingt ans après le départ de Joseph Cooper dans l’espace, la Terre est devenue absolument invivable. On ne peut plus rien y produire, y cultiver. Mais tout est bien qui finit bien. À la différence qu’au final, la solution ne viendra pas de la découverte d’une autre planète (enfin si, un peu), mais d’une théorie liée à la gravité.

Vous avez compris ? Les maths sauveront le monde.

Le film postapocalyptique mais version Pixar

Un peu comme un Tom Hanks échoué sur une plage, Wall-E est un petit robot seul au monde, exilé sur Terre, dans un monde futuriste menacé à cause de la surconsommation des Hommes. Conçu pour nettoyer les déchets et trier les objets (d’un soutien-gorge à une bague en passant par une raquette de ping-pong), Wall-E erre donc dans un dépotoir immense pour sauver ce qu’il reste de notre planète.

Si cette petite machine est d’utilité publique, elle est aussi excessivement sensible. Elle s’émouvra devant une plante, dernière forme de vie sur Terre, puis devant un robot, version féminine. Le couple nous emmènera dans leur chantier not romantique at all, où les couleurs morbides et les cubes de ferraille remplacent les jardins fleuris et les fontaines, histoire de nous sensibiliser de façon extrême sur l’environnement et le danger qui nous guette.

Disney, family friendly oblige, terminera le film sur un happy ending, où les hommes pourront retourner sur leur territoire, 700 ans après l’avoir quitté.

Le film qui donne envie de se suicider

Fait numéro 1 : on n’a pas choisi ce long-métrage parce qu’il était tellement nul qu’il pouvait amener ses spectateurs à mettre fin à leurs jours. Fait numéro 2 : le film dont il s’agit est Phénomènes de M. Night Shyamalan. C’est sorti en 2008 et il y avait Mark Wahlberg et Zooey Deschanel en tête d’affiche.

C’est clairement le long-métrage hollywoodien à la fois le plus sérieux et le plus WTF qui ait pu naître au cours des années 2000 : il voit des milliers de gens se suicider, d’une manière ou d’une autre, à cause… de la nature. SPOILERS DROIT DEVANT : cette dernière, en featuring avec le vent, a décidé de se venger de ses agresseurs les plus coriaces, les humains, en libérant une toxine mortifère via un mécanisme de défense poussant les humains à se… suicider. Habile Bill !

Le cinéaste, déjà responsable de Sixième sens, joue sur la peur d’un ennemi invisible. On croit à une contamination biologique, à une attaque façon guerre froide, mais Mark Wahlberg, du haut de ses nouveaux attributs de botaniste (la magie du septième art), parvient à comprendre qu’une trop grande présence humaine localisée contribue à stresser la végétation.

Ni une ni deux, tout le monde se sépare, comme dans un film d’horreur, jusqu’à une happy end qui n’en est pas une : trois mois après l’attaque, la vie a repris son cours dans les rues de New York. Mais non, ce n’est vraiment pas fini : à Paris, le spectateur est témoin d’une nouvelle vague de suicides. On ne rigole pas avec les arbres.

Le film “je vous l’avais dit, c’est la cata, mais vous n’avez pas écouté”

Dans les années 1970, le cinéma se penche sur les dangers de la pollution, de la surconsommation et du gaspillage à outrance. En créant des utopies rapidement devenues dystopies, Hollywood traite l’écologie par le prisme de la science-fiction avec des films comme L’Âge de cristal, Aftermath: Population Zero ou Silent Running. En 1973, le vétéran Richard Fleischer lance le plus sombre et pessimiste d’entre eux : Soleil vert.

Dans un monde à la 1984 d’Orwell, la Terre est surpeuplée, complètement aux abois face à la pénurie d’énergie et de nourriture, tenue en laisse par une police répressive. Grand champion de la dystopie avec aussi Le Survivant et La Planète des singes à son actif, Charlton Heston enquête dans Soleil vert sur la mort d’un grand industriel ainsi que sur la fabrication de la dernière nourriture possible, produite par Soylent Industries, le fameux soleil vert.

Dès le générique, l’univers est posé avec un exposé en quelques minutes de cette fuite en avant sans filet, ce progrès à l’infini jusqu’au précipice, un condensé rêvé de nos livres d’Histoire.

Soleil vert est un film où le pire arrive. Pensez à ce qui vous angoisse dans l’humanité depuis que vous êtes nés et il y a fort à parier que tout soit là : océans asséchés, canicule totale par l’effet de serre, épuisement des ressources naturelles, surpopulation, répression, misère, maladie et euthanasie volontaire. En quelques visuels très forts, le réalisateur nous plonge dans un avenir très proche, exultant le pire de nous-même.

La scène du marché reste une des plus angoissantes et emblématique du cinéma d’anticipation. Richard Fleischer fait peur tout en ayant un discours social, une sorte de Jordan Peele version That ’70s Show. Avec un ton un peu désuet maintenant, tout est pourtant là et fonctionne parfaitement, jusqu’au final encore plus pessimiste. On évite les spoilers, mais regardez jusqu’à la fin si ce n’est pas déjà fait. Ça vaut le détour, vous ne serez plus jamais la même personne.

À mi-chemin entre Okja, Les Fils de l’homme et le Tricatel de L’Aile ou la cuisse, Richard Fleischer nous prévient déjà de tout ce qui va arriver. Soleil vert est une anticipation horrifique qui va devenir la réalité (ou presque) 45 ans après. Un “je vous l’avais bien dit” de très grande qualité.

Article écrit en collaboration avec Lucille Bion, Arthur Cios et Aurélien Chapuis.