L’exode continue pour les Rohingyas. Les autorités du Bangladesh ont poursuivi vendredi le transfert controversé de milliers de réfugiés musulmans rohingyas sur une île du golfe du Bengale. Plus de 1 750 réfugiés rohingyas ont été transportés vendredi par des navires de la Marine depuis le port de Chittagong vers l’île de Bhashan Char. Au total, plus de 3 000 réfugiés rohingyas doivent être transférés sur l’île entre vendredi et samedi, selon des responsables.
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Les arrivées prévues vendredi et samedi portent à quelque 7 000 le nombre de Rohingyas transférés depuis début décembre des camps surpeuplés à la frontière avec la Birmanie vers cette île de quelque 52 km2 où le gouvernement prévoit d’en installer au total environ 100 000.
Une île était “isolée” et “sujette aux inondations”
Les groupes de défense des droits de l’homme dénoncent ce projet, assurant que de nombreux Rohingyas sont contraints à partir. Les réfugiés viennent des camps qui ont accueilli en 2017 quelque 750 000 Rohingyas, minorité persécutée en Birmanie à majorité bouddhiste, fuyant une campagne de répression sanglante de l’armée et de milices bouddhistes qualifiée de génocide par des enquêteurs de l’ONU. Ils sont venus s’ajouter aux quelque 300 000 Rohingyas déjà hébergés dans des camps de réfugiés au Bangladesh.
Les agences des Nations unies – dont le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Programme alimentaire mondial (PAM) – avaient en outre fait part de leur inquiétude au gouvernement bangladais en novembre 2019, arguant que l’île était “isolée” et “sujette aux inondations”.
Les autorités veulent transférer la plupart des réfugiés prévus pour aller habiter sur l’île avant le début de la saison des cyclones en avril. Bhashan Char, formation sédimentaire qui n’existait pas voilà une vingtaine d’années, est située dans une zone où près de 700 000 personnes sont mortes dans des tempêtes durant les cinquante dernières années.
Pour l’ONU, qui n’est pas impliquée dans l’opération, le transfert des réfugiés doit s’effectuer sur la base du volontariat. Selon Louise Donovan, porte-parole du HCR, l’ONU souhaitait procéder à des évaluations complètes avant de déplacer qui que ce soit sur l’île mais n’a pas reçu l’accord pour les réaliser.
“Le problème sur cette île, c’est que nous ne pouvons pas travailler librement et gagner de l’argent”
Le manque de travail pèse également, ont expliqué quatre des réfugiés transférés sur l’île à un correspondant de l’AFP.
“La vie est meilleure pour nous à Bhashan Char qu’au camp de Kutupalong. Mais certains restent mécontents”, a expliqué un Rohingya âgé de 38 ans qui n’a pas voulu être identifié pour des raisons de sécurité.
“Le problème sur cette île, c’est que nous ne pouvons pas travailler librement et gagner de l’argent”, a-t-il ajouté. Dans les camps, les organismes humanitaires emploient plus de gens et il existe un commerce local.
Les autorités ont lancé des programmes de formation pour les Rohingyas, ont assuré des responsables.
Konbini News avec AFP