Portrait d’une drag-queen vandalisé : la photographe Gaëlle Matata dénonce “une dégradation homophobe”

Portrait d’une drag-queen vandalisé : la photographe Gaëlle Matata dénonce “une dégradation homophobe”

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© Gaëlle Matata

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Par Lise Lanot

Publié le , modifié le

Le portrait de la drag-queen Clémence Trü est la seule photographie à avoir été arrachée de l’exposition présentée sur le parvis de la BnF.

Depuis le mois de mars, la Bibliothèque nationale de France (BnF) expose sur son imposant parvis sa “grande commande de photojournalisme” dans l’idée d’une “radioscopie de la France” à travers des “regards sur un pays traversé par la crise sanitaire”. Parmi les projets sélectionnés, on retrouve celui de Gaëlle Matata, dédié aux “minorités sexuelles et de genre” et leur besoin de “faire communauté” face aux discriminations – exacerbées en période de crise.

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Vendredi 10 avril, une des images exposées par Gaëlle Matata a été vandalisée. Parmi toutes les photographies affichées, c’est uniquement son portrait de la drag-queen Clémence Trü qui a subi ces dégradations. Sur son compte Instagram, la photographe dénonce une “dégradation loin d’être anodine, elle est homophobe”.

Au-delà de cet acte de vandalisme, l’artiste souligne que son sujet “pour cette grande commande photographique est le seul qui attire la haine ordinaire lorsqu’il est affiché dans la rue, alors même qu’il intéresse peu les médias, les professionnel·le·s ou les festivals”. “Ceci illustre bien ce que j’ai cherché à rapporter dans mon reportage Discriminé·e·s, le besoin de faire communauté : la lutte n’est pas terminée, en cas de crise (Covid, en l’occurrence), les personnes minorisées, pauvres et discriminées sont en première ligne. Une drag-queen sur la Bibliothèque nationale, c’est pas encore gagné, évident et sans souci : c’est toujours pas facile d’être LGBTI+ en France. C’est pas facile non plus d’être une photographe et lesbienne”, écrit la photographe sur Instagram.

Cette détérioration illustre, bien tristement, ce que dénonce la série photo en question, qui documente les injustices et discriminations subies par “les personnes qui se réclament des minorités sexuelles et de genre”. Au travers d’un travail qui “oscille entre le militantisme et la fête”, la photographe interroge “comment ce qui fait communauté au sein des minorités sexuelles et de genre se remet de la crise sanitaire” et ses “conséquences encore palpables dans les quotidiens”.

Soirée de soutien au Planning familial organisé par le média communautaire Friction Magazine à la Folie. (© Gaëlle Matata)

Le portrait de Clémence Trü a été pris lors d’une soirée de tombola organisée en soutien au Planning familial par Friction Magazine. L’événement avait permis de rassembler 5 115 euros pour le Planning familial, alors “victime de campagnes de dénigrement venues de l’extrême droite”. L’image vise à rappeler le militantisme inhérent au travail des drag-queens, kings et queers, alors qu’un programme comme Drag Race a “popularisé la figure de la drag-queen en dehors de la communauté LGBTQIA+”. “Au-delà du folklore, c’est surtout ça, une drag-queen.”

Gaëlle Matata note la rapidité avec laquelle la Bibliothèque nationale de France a recollé le portrait de Clémence Trü, que vous pouvez donc aller admirer dans le 13e arrondissement parisien, en même temps que les travaux de Lynn S.K, Lys Arango, Aimée Thirion, Aglaé Bory et une cinquantaine d’autres artistes.

Vous pouvez retrouver le travail de Gaëlle Matata sur son compte Instagram et sur son site. Les informations sur l’exposition de la BnF sont à retrouver ici.