Squidji nous raconte son voyage, de l’Antarctique à nos âmes

JEUNE CROONER

Squidji nous raconte son voyage, de l’Antarctique à nos âmes

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Photo par @jeremybdt_
et edit par @tenzin.

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Par Simon Dangien

Publié le

"ANTARCTIQUE, c’est moi, c’est ma transpiration".

Descendre de ses montagnes enneigées et reprendre le cours de sa vie d’artiste parisien, tel est le destin de Squidji, qui a dévoilé son nouveau projet ANTARCTIQUE début mars. Pour venir nous rendre visite, le rappeur a troqué sa grosse doudoune hivernale pour une veste technique, et le voilà dans nos locaux, bien au chaud, prêt à tout nous dire sur son évolution.

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Depuis ses débuts, Squidji, l’artiste aux multiples casquettes, a toujours raconté ce qu’il vit, ce qu’il ressent, dans une musique portée sur ses sentiments qu’il dévoile sans retenue au public. Dans ANTARCTIQUE, il mène l’expérience plus loin, se heurtant au froid, symbole d’épreuves et moments compliqués dans sa jeune vie, qu’il vient affronter dans l’espoir d’en ressortir plus fort, plus grand.

Konbini | Salut, Squidji ! Avant tout, comment tu te sens depuis ton retour de l’Antarctique ?

Squidji | Depuis mon retour ? Je me sens plus libre. J’ai vraiment pris du plaisir dans la façon de faire le projet ANTARCTIQUE. Je ne me suis pas pris la tête. En fait, tout s’est fait au feeling, tu vois ? Il y a des producteurs d’un peu partout, de Belgique, de France, du Canada, et du coup, ça s’est fait facilement.

Puisque tu parles des producteurs, on peut en parler maintenant. Sur la moitié du projet, on retrouve Chrisuptown qui bosse avec toi et qui vient de Belgique. Comment ça s’est fait, avec lui ?

Avec Chris, ça s’est fait au feeling. La première fois qu’on s’est rencontrés, je n’avais pas forcément cherché à savoir qui il était, on s’est pétés au studio et on a rapidement capté comment on fonctionnait. De là, on a fait un son, deux sons, puis ainsi de suite. Ça fait du bien d’être avec des personnes, de prendre le temps de faire les choses et de le faire avec amour. Et Chris est sur le son “JUSQU’AU BOUT DU MONDE”, le titre qui donne la couleur du projet, donc on ressent bien sa patte sur ANTARCTIQUE.

Ce projet a été dévoilé début mars. Comment tu vis la sortie ?

Je le vis bien. En fait, là, je ne reçois que de bons retours, et c’était vraiment l’ambition que j’avais. J’ai reçu un retour d’une meuf qui dit : “On dirait Squidji à l’ancienne mais avec plus de technique vocale”. Et c’est ce genre de compliment que je voulais entendre, donc je suis content !

Sur Instagram, tu dis avoir décidé de “prendre le grand large, partir dans un endroit où [tu] pourrais chanter [ta] joie et [ta] tristesse et où [tu] pourrais faire face à [tes] regrets”. Est-ce que tu peux me parler de cet endroit et ce qu’il symbolise pour toi ?

Quand j’ai écrit ANTARCTIQUE, je sortais de quelque chose dans la vie, en amour et dans le travail, qui a fait que ma vie a changé d’un seul coup. J’avais besoin de partir dans un endroit où il n’y avait que moi, que mes idées. Et je vivais des choses assez froides, un peu difficiles. C’est pour ça que j’ai appelé ce projet comme ça, pour symboliser un départ en autarcie, dans des contrées lointaines, seul face à moi-même.

Tu évoques aussi des mois remplis de doutes et de remises en question. Entre ton dernier projet Jusqu’à l’aube et le nouveau ANTARCTIQUE, il s’est passé pas mal de temps. Tu as surtout sorti des singles, tu te cherchais encore, à ce moment-là ?

Oui, parce que je me cherche encore, même aujourd’hui. Dans les singles que j’ai sortis, il y a notamment “3h33” et “Encore” qui est un titre un peu plus dancehall. Ça me permet de voir ce que le public attend de moi et je peux tester des trucs en même temps, donc c’est trop bien. Là, je vais défendre mon projet, et cet été, ça va sortir de nouveaux singles, mais tranquille, tranquille, ANTARCTIQUE vient de sortir.

Dans ce dernier projet, tes textes sont encore plus introspectifs que d’habitude. C’était difficile ? Sachant qu’il y a toujours eu cette part très personnelle dans tes titres.

Je suis quelqu’un d’introverti, je ne vais pas forcément dire ce que je ressens, c’est d’ailleurs ce que mon ex me reprochait beaucoup. [rires] Le fait que je fasse de la musique, ça me permet de vraiment me livrer, de balancer tout ce que je ressens dans la tête, dans le cœur. C’est un don que Dieu m’a donné et, heureusement, je le maîtrise. J’essaie d’encore plus me livrer, surtout avec mes darons. Avant, ce n’était pas le cas, mais là, je me force à le faire.

C’est un déclic qui est venu avec la création d’ANTARCTIQUE ?

Ouais, avec ce que j’ai vécu, les changements, etc. Ça m’a fait ouvrir les yeux, je m’ouvre plus aux personnes, même aux inconnus. Un exemple : les Uber. De base, je suis quelqu’un qui ne parle pas beaucoup dans ce genre de situation, mais maintenant, je prends grave le temps de leur parler et de m’intéresser à eux. C’est un petit exemple mais ça représente un peu ce que je vis et comment j’évolue.

C’est un projet qui représente un peu ton évolution, ça t’a permis de grandir ?

Là, j’ai 25 ans. Je pense qu’à 25 ans, tu as d’autres priorités par rapport à quand tu en as 18. Je réfléchissais un peu comme un enfant encore ; là, ça fait depuis le début de l’année ou fin 2023 que je réfléchis plus comme un adulte après tout ce qui s’est passé, mais là, je me sens bien. Ça se ressent dans ANTARCTIQUE, mais ça se ressentira encore plus tard, mes projets montrent des évolutions de moi-même.

Chez Konbini, on t’a déjà reçu plusieurs fois, mais avec cette maturité gagnée, est-ce que tu as abordé autrement ce nouveau projet ?

J’ai travaillé grave différemment ! Pour OCYTOCINE [son premier album, ndlr], j’ai fait deux séminaires d’une semaine, où je taffais non-stop. Pour ce nouveau projet, j’ai vraiment pris mon temps. Il n’y avait personne pour me dire : “Tu dois faire ci, tu dois faire ça”, j’ai fait le truc de A à Z.

Justement, toi, tu portes quel regard sur ton premier album, qui commence à avoir quelques années maintenant ?

Je me dis que j’ai réussi le challenge. J’avais 19 ans quand je l’ai fait et je suis grave content du résultat. Tout comme pour ANTARCTIQUE, même deux fois plus ! ANTARCTIQUE, c’est moi, c’est ma transpiration, il n’y a personne qui interfère dessus. Ce projet, il est plus sentimental, il entre plus dans les détails de ma vie, c’est vraiment ce que j’ai dans la tête que je chante ; dans OCYTOCINE, c’est différent, parce que c’est un storytelling. Et pour ce projet, j’ai aussi essayé de pousser plus vocalement que ce qu’on peut entendre sur mon premier album.

Sur le projet, il n’y a qu’un seul feat, avec Yaïr. Tu peux m’expliquer ce choix, et de le faire avec le duo ?

On s’est connus au studio le premier jour et ça s’est fait au feeling. Il y a Grace, qui est très solaire et l’exprime beaucoup, et il y a Steve, qui est très discipliné, il ne rigole pas trop. Ils sont complémentaires, en fait ! C’était vraiment un plaisir de faire le son avec eux, c’est un son qui marche bien, il y a beaucoup de retours, et c’est pour ça que je l’ai mis en premier dans le projet. Concernant le fait de n’avoir qu’un seul featuring sur dix-sept morceaux, il fallait que je revienne avec moi et juste moi. C’est un projet qui est encore plus personnel et j’avais besoin de m’ouvrir aux gens qui m’écoutent, tu vois ? Je pense qu’à l’avenir, pour mon prochain projet, il y aura plus de collaborations, c’est sûr.

Dix-sept titres dans un projet, c’est de plus en plus rare, d’ailleurs !

Ouais, et il y a des morceaux qui durent trois, quatre minutes ! [rires] Pour te dire que je ne me suis pas pris la tête, je laissais durer les sons longtemps, certains n’ont pas de paroles à la fin, et c’est dans une volonté de laisser la musique et le projet parler avant tout. D’un autre côté, c’est varié, je ne me suis pas limité à un style dans ce projet, chaque son est un mood différent. Tu peux tout faire avec mes sons, et ça, c’est cool. Je sais que maintenant le format est plus court, mais vas-y, moi, je m’en fous, je voulais juste faire de la musique, c’est tout.

Continuer à juste faire de la musique, c’est le plan pour la suite ?

On va tout faire pour défendre ce projet, déjà. Après, repartir sur du chaud, j’ai pas mal de featurings aussi. En tout cas, je veux être actuel, je veux parler des JO dans mes sons [rires], parler de tout ce qui se passe dans Paris.

Comment tu vas parler des JO ?

Je ne sais pas, tu peux trouver un thème, genre une championne qui tombe amoureuse d’un petit Parisien, ça peut aller vite. [rires]

Squidji feat. Aya Nakamura en ouverture des JO, on attend trop ça. En tout cas, merci beaucoup, Squidji !

C’était un plaisir.