La Britannique Posy Simmonds s’est vu décerner mercredi le Grand Prix au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, récompense couronnant une œuvre originale dans le roman graphique. L’autrice de Gemma Bovery est la première Britannique et la cinquième femme en 50 ans à recevoir ce prix, le plus prestigieux de la BD.
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La lauréate, âgée de 78 ans, n’a pas pu faire le déplacement vers la France. “Elle ne peut pas être des nôtres pour un cas de force majeure. Ce n’est pas une excuse du genre : le chien a mangé mes devoirs. C’est un vrai empêchement”, a déclaré sur scène son éditeur français, Jean-Luc Fromental, de Denoël Graphic.
Il a lu un message de l’autrice qui disait :
“J’ai été enchantée, surprise, sidérée, profondément enchantée de recevoir cet honneur. […] C’est un honneur et un bonheur de rejoindre la cohorte des lauréats précédents.”
La récompense a été remise lors d’une cérémonie d’ouverture du Festival qui s’est tenue, pour la première fois, à la Halle 57, ancien hangar SNCF reconverti en lieu culturel.
Depuis 2014, ce Grand Prix de la Ville d’Angoulême est décerné à l’issue d’un scrutin à deux tours. Sont électeurs tous les auteurs de BD publiés au moins une fois en français. Les résultats détaillés ne sont pas rendus publics, mis à part le nom des trois auteurs en lice pour le second tour. Posy Simmonds l’a emporté face à la Française Catherine Meurisse, battue pour la cinquième fois de suite à ce stade, et l’Américain Daniel Clowes.
“À mes amis et concurrents, Catherine Meurisse et Daniel Clowes, dont j’admire le travail : la qualité d’une course s’étalonne à la valeur de ses compétiteurs”, a salué Posy Simmonds dans son message de remerciements.
Satire de la bourgeoisie
L’Anglaise, déjà présidente du jury du Festival d’Angoulême en 2017, est appréciée dans le milieu pour son humour délicat, qui peut être grinçant aussi. Son œuvre est dominée par la satire de la bourgeoisie dont elle-même est issue. Elle compte près d’une trentaine de titres, dont de nombreux livres illustrés pour la jeunesse.
Mais ce sont ses romans graphiques qui sont célèbres en France, pays où elle a fait une partie de ses études et appris à connaître les codes de la bande dessinée, pour ensuite s’en affranchir. Outre Gemma Bovery, Tamara Drewe et Cassandra Darke sont ses grands romans graphiques.
Les Britanniques la connaissent mieux comme dessinatrice de presse, principalement pour The Guardian. Le recueil Literary Life : Scènes de la vie littéraire est issu de ses croquis pour ce quotidien, où elle est entrée en 1972.
Une rétrospective lui est consacrée jusqu’au 1er avril au Centre Pompidou, à Paris. Celui-ci, qui expose dessins inédits, croquis et esquisses, carnets et extraits de films, loue “le don d’observation, le sens du détail, le regard caustique sur les mœurs et le monde contemporains, et le goût pour la littérature” d’une grande francophile.
Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, pour sa 51e édition jusqu’à dimanche soir, attend quelque 200 000 visiteurs, dans une ville de 43 000 habitants.
En 2023, le Grand Prix était revenu au Franco-Syrien Riad Sattouf, auteur de la série autobiographique en six tomes L’Arabe du futur. Une exposition est consacrée à cette “œuvre-monde” de jeudi au 5 mai au Vaisseau Moebius, sur les bords de la Charente.