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Vidéo : quand des cobayes testaient du LSD dans les années 50

Vidéo : quand des cobayes testaient du LSD dans les années 50

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Par Théo Chapuis

Publié le

Dans les années 50, le docteur Cohen menait des recherches sur le LSD. Un biographe américain en a retrouvé une preuve vidéo fascinante. Trip en direct.
Aussi amusant que cela puisse paraître, le LSD n’avait pas mauvaise presse dans les années 50. Alors que la guerre contre la drogue n’existait pas encore, on menait même des études sur le psychotrope découvert accidentellement par le professeur Hofmann en 1938. Une preuve vidéo de ces expériences a été retrouvée en 2011 par Don Lattin, un biographe en quête d’éléments sur les premiers tâtonnements dans le champ des substances hallucinogènes.
Menée dans un hôpital de Los Angeles, cette expérimentation se porte sur une patiente dans un hôpital de Los Angeles. S’il est difficile de la dater, elle a forcément été effectuée avant 1960, année où le docteur Sidney Cohen a rendu ses conclusions au sujet du LSD dans un article qui fit grand bruit dans la communauté scientifique.
La voix off de la vidéo explique que le verre d’eau que la patiente avale pour le test contient “100 gamma de LSD”, soit 100 microgrammes. Assez, apparemment, pour rendre la patiente confuse et lui faire décrire l’indescriptible :

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Tout est en couleur et je peux ressentir l’air. Je peux voir chacune des molécules. J’en fais partie… Vous ne le voyez pas ? C’est comme si j’étais relâchée, ou libre… Je ne sais pas comment vous l’expliquer.

Le LSD, sans danger ?

Le docteur Sidney Cohen a bel et bien mené de longues recherches sur le LSD. Alors que la substance était utilisée pour traiter des cas de névrose, d’alcoolisme et développer la créativité, les recherches de Cohen conduisirent à un article en 1960 dans lequel il écrit noir sur blanc que sa prise est sans danger si elle s’effectue sous contrôle médical.
Pourtant, à partir de 1962, avec la popularisation galopante du LSD et ses corollaires (marché noir, usage récréatif, bad trips…), le docteur finit par déclarer la drogue comme dangereuse et témoignera même contre en 1966, lorsque l’écrivain Timothy Leary plaidera, lui, en sa faveur devant le Congrès américain. La même année, la vente et la fabrication de LSD deviennent un crime aux États-Unis. Deux ans plus tard, la simple détention en devient un également.

Des expériences audiovisuelles similaires en Suisse

Le docteur Cohen n’a pas été le seul médecin à expérimenter le LSD 25 sur des patients. En Suisse, des études similaires ont été conduites, filmées elles aussi. Ces véritables performances ont donné lieu à des reportages télévisés relayés par le site Fluctuat, notamment un conduit en 1966 lors de l’émission Continents sans visa produite par la RTS.
L’idée ? Faire “la part du vrai et du faux” autour de la drogue et son traitement médiatique via des expériences sur trois volontaires : une femme peintre, un guitariste et un écrivain qui ont pris une dose de 50mg de LSD. Les jambes croisées, le docteur s’enquiert du ressenti des ses cobayes.
40 minutes après, la femme peintre témoigne  :

Je me sens pas trop mal mais je suis dans un état de fébrilité. J’ai l’impression que le sol commence à bouger […]. Je me sens morcelée, comme une mosaïque. Peut-être du fait que je sens ces espèces de trépidations, comme un marteau-piqueur.

Un autre cobaye a une terrible envie de bouger :

J’ai chaud […]. J’ai envie de rire. J’ai envie de courir ou bien de marcher partout ou de frapper quelque chose. [Je suis] presque agressif.


Écouter, en 2014, des gens mettre des mots sur leur trip dans la société pré-mai 68, ça vaut le coup.
-> À lire : De l’usage massif des drogues à leur diabolisation