Vidéo : dans It’s No Game, David Hasselhoff est (littéralement) la marionnette d’une IA

Vidéo : dans It’s No Game, David Hasselhoff est (littéralement) la marionnette d’une IA

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Par Thibault Prévost

Publié le

Après Sunspring, les réalisateurs Oscar Sharp et Ross Goodwin ont tenté une nouvelle expérience mêlant IA et cinéma avec It’s No Game. Méta au possible.

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L’année dernière, Oscar Sharp et Ross Goodwin s’attachaient les services d’une intelligence artificielle, autobaptisée Benjamin, pour écrire le script et les dialogues d’un court-métrage. Le principe était simple : la machine créait, les humains réalisaient. Le court-métrage résultant de l’expérience, Sunspring, était une sorte de merveilleux accident absurde qui se regardait les yeux écarquillés, sans comprendre, avec l’impression d’assister à quelque chose de radicalement nouveau. Surprise : le 25 avril, le duo de créateurs et leurs IA ont retenté quelque chose. Et se sont même permis d’inviter David Hasselhoff dedans.

Le nouveau court-métrage, It’s No Game, joue à fond sur la menace du remplacement du travail humain par les machines : durant une grève des scénaristes (on se souvient de celle qui avait paralysé Hollywood entre 2007 et 2008, à l’initiative de la Writers Guild, et qui risque encore d’ébranler l’industrie), une intelligence artificielle prend le relais et démontre l’étendue de ses capacités en offrant à David Hasselhoff, équipé d’une puce le reliant directement au système informatique, de déclamer du Shakespeare et virtuellement n’importe quel type de dialogue du cinéma américain. Un pitch plutôt marrant, qui anticipe une réalité qu’on ne verra pas avant longtemps… à moins qu’elle ne soit déjà là.

Par les IA, pour les IA

Car là où It’s No Game devient à la fois profondément méta et assez angoissant, c’est lorsque l’on sait que la scène de clôture du court-métrage, qui voit un David Hasselhoff en short rouge, terrorisé et au seuil de la folie, s’interroger sur sa condition d’être humain et son identité, a été écrite… par une IA. Sans aucune aide des scénaristes. Devenu une simple marionnette contrôlée par l’IA, Hasselhoff s’interroge :

“Je ne sais plus qui je suis… Je ne sais plus qui je suis ! Je veux être un homme ! Il faut que je me barre d’ici. Ce serait une grosse erreur. Je veux être avec vous, et vous l’expliquer. J’aimerais… vous parler, et expliquer… ça. Et vous raconter une petite histoire. Je veux parler avec vous ! Je veux aller au cinéma ! Je veux aller au cinéma ! Il faut que je me calme… Je dois m’échapper d’ici. Je ne veux plus vous voir. Je veux être un homme. Je veux être un homme ! Je dois me détendre. Il faut que j’y aille.”

Dites voir, ce texte ne ressemblerait pas aux délibérations internes d’une intelligence artificielle en pleine acquisition d’une conscience de soi, par hasard ? Et si It’s No Game était, à l’instar de la série Black Mirror, une authentique prophétie, qui annonce l’avènement d’un cinéma créé par des machines et pour des machines ? On rigole moins, tout de suite…