“Une start-up de la taille d’un pays” : l’Arabie saoudite présente Neom, la mégalopole du futur

“Une start-up de la taille d’un pays” : l’Arabie saoudite présente Neom, la mégalopole du futur

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Par Jeanne Pouget

Publié le

L’Arabie saoudite a dévoilé le 26 octobre le projet Neom : une mégapole ultramoderne en plein désert, où sera inventé “l’avenir de l’humanité”. Rien de moins…

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Dans sa course à la modernité, le prince Mohamed Ben Salmane d’Arabie Saoudite veut construire sur son territoire une mégalopole écolo ultramoderne de 26 500 kilomètres carrés, qui sera dédiée au monde de demain. Le projet, baptisé “Neom”, a été présenté lors de la conférence Future Investment Initiative, qui s’est tenue à Riyad du 24 au 26 octobre.
Sur le site Discover Neom, le projet est présenté comme “une start-up de la taille d’un pays” – dépourvue de restrictions, avec pour seul horizon “un potentiel sans limite” – et “une page blanche pour écrire le prochain chapitre de l’humanité”. Le royaume met ainsi à disposition des investisseurs du monde entier une zone grande comme la Bretagne en plein désert, ainsi qu’un investissement de 500 milliards de dollars pour financer des projets durables et technologiques.

Réinventer notre façon de vivre

La vidéo promotionnelle du projet décrit un territoire au confluent des cultures et doté de ses propres règles (et non pas régi par la loi islamique, comme le reste du pays). Mettant principalement en scène des jeunes, elle promet “un espace pour ceux qui veulent changer le monde, pour partager ses idées et les accomplir”. Mais aussi une autre façon de travailler et de vivre “dénués de stress, en meilleure santé, plus heureux et avec plus de temps pour les choses qui comptent vraiment”.
Les sources d’énergie de cette vaste zone, qui sera située sur le littoral de la mer Rouge (dans le nord-ouest du pays), devraient ainsi être fournies par l’éolien et le solaire. Des fermes urbaines sous forme de gratte-ciel devraient également fournir des produits frais aux habitants.
Les transports publics pourraient être assurés par des drones, même si l’activité physique sera aussi favorisée. Pendant ce temps-là, les tâches répétitives et ennuyeuses seront confiées à des robots – qui seront potentiellement plus nombreux que les humains.
Durable, autonome, efficiente, productive, proactive, saine et heureuse : Neom serait ainsi “la destination la plus agréable à vivre au monde”, selon les désirs de ses concepteurs.

Prête pour 2030 ?

Le royaume saoudien souhaiterait que Neom voie le jour en 2030. Mais selon Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS et spécialiste du Moyen-Orient interrogé par L’Express, cela est peu probable. Selon lui, la viabilité même du projet est à mettre en doute :

“Ni le financement, ni la rentabilité du projet ne sont garantis […] Riyad cherche avant tout à résoudre son problème d’image à l’international, comme le Qatar avec le PSG ou Abu Dhabi avec Le Louvre. Il faut s’afficher comme un pays fréquentable, au côté des Occidentaux, mais rien ne sera en place en 2030.”

L’expert analyse cet élan pharaonique à l’aune du déclin d’un régime menacé par la chute du cours du pétrole. Le royaume en crise chercherait désespérément à se réinventer et à rester dans la course avec ses voisins, comme les Émirats arabes unis qui rivalisent eux aussi d’imagination, entre villes martiennes et autres taxis volants.