Sur Facebook, le témoignage d’une agression sexuelle dans un train révolte les internautes

Sur Facebook, le témoignage d’une agression sexuelle dans un train révolte les internautes

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Par Louis Lepron

Publié le

Depuis deux jours, un témoignage fait le tour de Facebook. Il relate un viol qui s’est déroulé dans un train SNCF.

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C’est pas mon genre d’étaler ma vie ici mais il faut que je vous dise ce qu’il s’est passé dans mon train vendredi soir. Le 24 octobre, dans le train en direction de Mantes-la-jolie, vers 20h40, dans l’avant-dernier wagon décoré de camélias, une femme s’est fait agresser sexuellement sous mes yeux.

Tout commence par ces deux phrases. Relayé par la page Facebook de Paye ta Shnek puis du site d’informations Rue89, le témoignage d’une personne, une certaine “Debbie”, passagère d’un train d’Ile-de-France a, depuis le soir du 27 octobre, été largement relayé sur Facebook : 10.000 “j’aime”, près de 5000 partages pour 580 commentaires.
Il se poursuit ainsi :

Et je n’ai rien vu. Rien vu avant qu’un homme, à l’accent italien s’énerve, se lève, et interpelle les gens de mon wagon blindé. Si c’est homme me lit, je veux lui dire merci. Merci de m’avoir sortie de mon livre et d’avoir essayé d’aider cette femme. Merci de s’être levé pour une femme. Cette femme, qui, 4 rangs devant moi, depuis le départ du train, subissait les attouchements de l’homme qui s’était assis à coté d’elle. On avait bien entendu quelqu’un dire avec force « Ne me touchez pas, je vous dis de ne pas me toucher ».
Mais on ne savait pas qui. On avait cru à un malentendu, une maladresse, on était sur de rien, on n’avait rien vu. Puis plus rien entendu. On était reparti dans nos bouquins, sur nos smartphones. Et puis cet homme s’est levé après avoir plusieurs fois demandé à l’agresseur d’arrêter et nous à tous pris à partie en criant : «Et vous, vous ne faites rien. Une femme se fait agresser devant vous et vous ne dites rien ? Il la touche depuis tout à l heure et personne ne fait rien ? Ça pourrait être votre femme ou votre mère et vous ne faites rien ? ».
J’aimerais vous dire que tout le wagon s’est levé d’une seule et même voix pour protéger cette femme. J’aimerais aussi vous dire que la police est intervenue, que l’agresseur est actuellement au poste et que cette femme a porté plainte. Qu’elle va avoir un soutien psychologique pour apaiser le traumatisme subi mais ce n’est pas le cas. Trois hommes se sont levés, d’autres ont accouru puis sont repartis, les gens ont changé de place, d’autres sont descendus de l’étage parce qu’ils arrivaient à leur station. Et cette femme était toujours seule, figée entre la vitre et l’agresseur.

La réaction d’un controleur de la SNCF a beaucoup fait réagir les internautes. En cause, sa reflexion à propos de la situation, rapportée par le témoignage de cette manière :

Après avoir sans succès, essayé de joindre le conducteur par interphone pour demander de l’aide contre cet homme qui ne reculait visiblement devant rien, et le ton qui commençait à monter je suis partie chercher de l’aide. Remontant chaque wagon blindé aussi vite que possible, passant de passerelle en passerelle, en quête d’un interphone qui fonctionne, bousculant certains, prévenant d’autres sur mon passage.
Quand, une station plus loin, j’ai cogné à la vitre du conducteur, celui-ci a immédiatement signalé le problème au personnel de gare. A la demande d’intervention suivante : « Une femme se fait agresser sexuellement dans mon train », la voix masculine au bout du talkie-walkie a ri et répondue « Bah elle est pas morte ! ».

“Debbie” commente à ce propos :

Toi, dont le rôle est de prêter secours et assistance aux voyageurs, si tu me lis, j’espère que tu as honte. Tellement honte que la prochaine fois tu n’hésiteras pas une seule seconde à prêter ton aide à ceux qui en ont besoin, quelque soit leur sexe ou je ne sais quoi d’autre encore qui te semblerait différent…

Je partage avec vous le témoignage d'une jeune femme qui a été témoin d'un triste évènement dans le train. Comme elle, j...

Posté par Paye Ta Shnek sur mardi 27 octobre 2015

La SNCF prise à partie

La dernière partie du post Facebook se concentre sur une vive critique de la SNCF… :

Je suis désolée de n’avoir pas pu vous apporter de l’aide plus vite. Je suis révoltée de ce que j’ai vu et entendu ce soir là. Je voudrais dire aux gens qui me lisent qu’une agression, quelle qu’elle soit est suffisante pour tirer le système d’alarme. Que cela doit devenir un réflexe, réflexe qui m’a fait défaut. Et je demande à la SNCF comment protège-t-elle ses voyageurs ? Je suis une jeune femme, pas bien grande ni bien carrée qui prend vos trains deux fois par jour.
Ca aurait pu être moi. Ça aurait pu être vous qui me lisez maintenant. Votre femme, votre mère, ou votre soeur. Votre cousine ou votre tante, votre amie ou votre collègue. Une inconnue. Nous sommes tous et toutes concernés. Et ça pourrait se reproduire demain, dans un autre wagon, sur une autre ligne, ou dans une autre rame.
Sncf c’est bien plus grave que lorsque tu me fais arriver en retard au boulot, ou quand je mets 300 ans pour rentrer chez moi parce que tu n’es pas fichue d’assurer ton service. Il en va de notre sécurité SNCF. Celle des femmes qui voyagent dans tes trains. Si on ne paie pas pour être en retard, on te paie encore moins pour se faire agresser. Il est l’heure de réagir SNCF.

En France, un viol toutes les 7 minutes

En 2012, un rapport annuel de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) faisait état de 154.000 femmes victimes de viol ou de tentatives de viol en France entre 2010 et 2011, soit 77.000 par an, soit un viol toutes les 7 minutes.
Sur le site du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, une phrase résume l’ampleur du phénomène :

16% des femmes et 5% des hommes déclarent avoir subi des viols ou des tentatives de viols au cours de leur vie.

Et le pourcentage de femmes qui porte plainte est très minoritaire : “11% des victimes seulement portent plainte, et 13% déposent une main courante”.