Les terroristes du 13 novembre n’étaient pas drogués

Les terroristes du 13 novembre n’étaient pas drogués

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Par Théo Chapuis

Publié le

D’abord suspectés d’avoir agi sous l’influence du Captagon, les terroristes du 13 novembre n’avaient pris aucune substance psychotrope ou dopante avant leur nuit de tuerie.

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On a beaucoup spéculé sur une éventuelle prise de drogue par les terroristes qui ont ensanglanté Paris le 13 novembre 2015, mais rien ne permettait de l’affirmer jusqu’ici. Les expertises toxicologiques ont parlé ce mardi 5 janvier : les criminels n’étaient ni drogués ni dopés. Selon une source proche du dossier, citée par Le Parisien, les résultats des expertises réalisées sur les corps des neuf terroristes décédés, ainsi que sur Hasna Aït Boulahcen, ont conclu à une seule conclusion : clean.

Aucun alcool ou stupéfiant ne peut être assimilé à une drogue prise à dessein de combat par les commandos de tueurs ce jour-là, et surtout pas le Captagon, présumée “drogue des djihadistes” dont la prise régulière par des guerriers islamistes fait beaucoup fantasmer en Occident, mais reste soumise à controverse.

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Une seule présence de produit psychotrope : “d’infimes” traces de cannabis relevées dans le système sanguin de Brahim Abdeslam, mort au Comptoir Voltaire, qui peuvent “correspondre à une consommation régulière mais pas forcément récente”, comme l’écrit le quotidien.

Notons également des traces de cocaïne dans les analyses sanguines du corps de Hasna Aït Boulahcen, cousine d’Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats – qu’on a d’abord prise à tort pour la première femme à se faire exploser sur le territoire français. La découverte de cette drogue stimulante dans son système sanguin est à mettre en parallèle avec son “ancienne vie” de jeune fêtarde tout récemment séduite par un islam rigoriste. Enfin, de très légères traces d’alcool ont été détectées dans le corps de Samy Amimour, l’un des tueurs du Bataclan, mais elles sont si insignifiantes que les conclusions de l’expertise ne permettent pas d’en arriver à une consommation le jour même.

Le Captagon, un fantasme ?

Sous le choc des attentats, la France a eu du mal à imaginer que des assassins pouvaient commettre leurs crimes aussi froidement, à jeun. Le Point avait d’ailleurs annoncé hâtivement la découverte de seringues (et donc d’éventuelles “injections hypodermiques”) dans la chambre d’hôtel louée par ces hommes la veille.

Six mois plus tôt, à Sousse, en Tunisie, le terroriste qui avait abattu 40 personnes sur la plage d’une station balnéaire avait, lui, été contrôlé positif à “un stimulant, classé dans la catégorie A des drogues ou similaire”. Traduction : une drogue de combat – même si on ne sait pas avec précision s’il s’agissait du Captagon. A ce jour, c’est l’unique cas avéré lors d’une attaque terroriste.

D’après RFI, la drogue est un commerce lucratif au Moyen-Orient, aussi bien vendue aux combattants de l’Armée syrienne libre qu’à ceux du Front al-Nosra ou de Daesh. “Aujourd’hui tout le monde s’en fiche de la religion”, s’amuse un trafiquant  interviewé dans un reportage d’Arte (visible ci-dessous).

Début novembre, le Liban inculpait 10 individus, dont un prince saoudien, qui tentaient d’organiser le trafic de près de deux tonnes de pilules de Captagon dans un avion privé à destination de Riyad. Le trafic de Captagon existe, c’est un fait. C’est son utilisation massive et systématique par les guerriers de la région qui pose question.