Soyez écolo, même après votre mort, en optant pour un cercueil en carton recyclé

Soyez écolo, même après votre mort, en optant pour un cercueil en carton recyclé

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Cercueil en carton personnalisé (©AB Crémation)

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Que ce soit pour les inhumations ou les crémations, les corps des défunts sont déposés dans des cercueils en bois avant d’être incinérés ou mis en terre. Pour chaque mort, un arbre est donc coupé. Une solution pas très écologique qui pourrait évoluer grâce aux cercueils en carton. 

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On y pense rarement, mais la mort est un véritable sujet environnemental : on dénombre 1,9 décès chaque seconde sur Terre, soit près de 60 millions de morts chaque année. Des corps qui finissent différemment selon les rites funéraires, mais qui suscitent la plupart du temps une importante consommation de bois – que ce soit en Inde où la combustion complète d’un corps sur un bûcher demanderait 200 kilos de bois, ou en France où les corps sont systématiquement déposés dans des cercueils du même matériau, pour être ensuite inhumés ou incinérés.

En outre, la dimension sacrée du corps des défunts pousse souvent les familles à investir dans des bois massifs afin d’honorer leur mémoire. “Il faut un chêne de 80 ans pour faire cinq cercueils !”, s’insurgeait il y a quelques années déjà Martine Saussol, créatrice du cercueil écologique en carton Eco-cerc dans les colonnes du Monde.

Des ressources en bois qui s’appauvrissent d’année en année, avec une déforestation sauvage de plus en plus importante en Amazonie et en Indonésie. Aussi, la solution du cercueil en carton fait son chemin en France. Comme quoi, même après votre mort, vos choix continuent à avoir un impact sur l’environnement.

Des mentalités qui évoluent

Si finir dans un cercueil en carton pouvait être il y a quelques années encore une aberration, les mentalités changent en même temps que la cause environnementale prend de l’ampleur.

“Les rites funéraires évoluent. Avant, on voulait du beau et du clinquant pour faire chic. Aujourd’hui, les familles assument leur choix écologique […] C’est une philosophie de vie, on ne veut pas couper un arbre pour le voir brûler”, explique Brigitte Sabatier qui a fondé AB Crémation en 2008, au Parisien

Être inhumé ou incinéré en accord avec ses idées pourrait devenir en quelque sorte le nouveau mantra. En effet, pourquoi se fatiguer à être écolo au quotidien mais contribuer à la déforestation après avoir passé l’arme à gauche ? Surtout que si le terme de “carton” fait de prime abord un peu peur, la fabrication de ces cercueils est encadrée par une législation spécifique : en papier recyclé, ils sont étanches, hermétiquement refermables et peuvent supporter des charges allant jusqu’à 250 kilos, tout en étant cinq fois plus légers que ceux en bois (10 kilos contre 50 traditionnellement).

Un choix qui a un véritable impact en terme environnemental puisque la biodégradation d’un cercueil en carton se réalise en une année seulement, quant celle d’un cercueil en bois prend 10 ou 15 ans. Selon le site Obsèques Ooreka, la banalisation des cercueils en carton permettrait de sauver 31 500 kilomètres carrés de forêts, 12 000 000 d’arbres, 6 700 000 mètres cubes d’eau et 315 360 000 litres de pétrole. Seul hic : sa combustion dans le cas d’une incinération est plus polluante car elle nécessite plus de gaz.

Moins chers et personnalisables

Fourniture obligatoire aux obsèques, un cercueil standard coûte en moyenne 1 000 euros, et les prix peuvent vite grimper à 3 000 euros en fonction de la qualité du bois, des finitions ou du design. Pour sa part, le cercueil en carton coûte cinq fois moins cher – un peu plus de 200 euros pour la version standard. Des tarifs qui peuvent autant séduire des familles à petits budgets que des personnes préférant léguer cette somme à leurs héritiers plutôt que de l’emporter sous terre.

Car les frais d’obsèques sont un investissement conséquent : 4 500 euros en moyenne en France pour une inhumation, qui demeure l’option la plus choisie. Enfin, les cercueils en carton sont tout autant, si ce n’est davantage personnalisables. Brigitte Sabatier propose de décorer ses modèles à la demande : de simples fleurs, des animaux, un paysage en passant par la reproduction d’une œuvre d’art par exemple.

Adoptés depuis près de 30 ans dans les pays du Nord de l’Europe, leur cote de popularité est à la hausse en France. Les cercueils en carton pourraient ainsi atteindre les 5 % de part du marché d’ici les prochaines années selon des prévisions.

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