“Selon une nouvelle étude…” : quand John Oliver démonte les infos scientifiques

“Selon une nouvelle étude…” : quand John Oliver démonte les infos scientifiques

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Par Thibault Prévost

Publié le

Dans le dernier épisode de Last Week Tonight, l’humoriste John Oliver décortique le système de publications et de médiatisation d’études scientifiques parfois absurdes.

“Selon une étude, un verre de vin équivaudrait à une heure d’exercice” : en janvier dernier, un nombre impressionnant de médias en ligne ont relayé un soi-disant résultat scientifique qui, à la simple lecture de son énoncé, paraît au minimum douteux. Si l’information en question était  complètement fausse, elle a au moins le mérite de résumer tous les problèmes liés à la médiatisation de résultats scientifiques, dès lors que ceux-ci entrent dans le territoire dangereux du grand public.
Dans le dernier épisode de Last Week Tonight, l’inénarrable John Oliver s’attaque donc aux nombreux obstacles qui séparent une réalité scientifique de sa version médiatique, la vulgarisation fonctionnant la plupart du temps comme un téléphone arabe et finissant par prouver tout et n’importe quoi, en n’oubliant pas de se contredire au passage (surtout lorsqu’il s’agit de nutrition, tous les aliments ou presque étant à la fois cancérogènes et miraculeux selon les médias généralistes). Pourtant, quelques réflexes permettent d’estimer facilement le degré de validité d’une étude – le premier d’entre eux étant d’aller la parcourir via le lien fourni par l’article.

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Débusquer les charlataneries

Comme l’explique John Oliver, il faut tout d’abord garder à l’esprit que la publication scientifique, loin d’être un sanctuaire imperméable aux soubresauts économiques, est avant tout un système de publicité bien rodé : pour les chercheurs, particulièrement universitaires, qui dit publication dit visibilité et par conséquent crédits pour poursuivre leurs recherches. Les chercheurs contemporains sont donc non seulement obligés de publier énormément mais également d’enrober leurs résultats d’un vernis sémantique, afin de les rendre plus visibles aux médias généralistes. Avec des résultats parfois totalement absurdes.
Autre manière d’attirer l’attention: le P-hacking, cette pratique qui consiste à recueillir énormément de données au hasard avant de les étudier et de dresser des corrélations “statistiquement valides” mais absolument dénuées de sens. Cela donne des résultats tels que le lien évoqué plus haut entre gros rouge et séance d’exercice physique.
Une fois ces deux écueils évités, reste encore à vérifier dans quelle publication apparaît l’étude en question (toutes ne se valent pas), voir si le travail a été répliqué (généralement non, faute de crédits) ou si la recherche a été financée par un mécène privé et lequel, jeter un œil à la taille de l’échantillon étudié et, avant de relayer l’étude, être certain que les sujets en question sont bien des humains et non pas des rats, car la majorité des résultats obtenus sur les rongeurs sont malheureusement inapplicables à notre espèce.
Complexe ? Peut-être. Mais nécessaire, au vu du nombre de papiers scientifiques publiés chaque jour. Faut-il en conclure que la recherche contemporaine raconte largement n’importe quoi? “Non, répond John Oliver, mais il y a aujourd’hui beaucoup de connerie déguisée en science.”