Sanctionnée par les États-Unis, la Russie répond… avec un mème

Sanctionnée par les États-Unis, la Russie répond… avec un mème

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Par Thibault Prévost

Publié le

L’ambassade de Russie au Royaume-Uni a répondu à la liste de sanctions infligées à Moscou par Washington pour son ingérence dans l’élection présidentielle américaine en publiant, sur Twitter, une photo de caneton façon mème. Serait-ce l’avènement de la post-diplomatie ?

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La diplomatie internationale et 9GAG n’ont jamais été aussi proches. Dans la foulée de l’annonce des sanctions infligées par l’administration Obama à la Russie après son ingérence, via des groupes de pirates informatiques, dans la campagne présidentielle de 2016, l’ambassade russe au Royaume-Uni a contre-attaqué.

Via un communiqué de presse ? Une interview de l’ambassadeur ? Que nenni, nous sommes en 2016 ! C’est donc tout naturellement sur Twitter que l’ambassade a répondu…. avec un mème de caneton, barré de la mention “LAME” (“naze”, en VO), référence au surnom de “lame duck” (“canard boiteux”) donné au président américain sortant pendant la période de transition. À ce rythme-là, la prochaine Guerre froide se fera à coups de dabs sur Snapchat, de gifs et de mic drops. Après la post-vérité de Trump, la Russie invente la post-diplomatie.

Bon, on exagère, le tweet contenait également du texte, pas tendre avec le dirigeant américain : “Le président Obama expulse 35 diplomates dans un remake de la Guerre froide. Tout le monde, y compris le peuple américain, sera ravi d’en finir avec cette malheureuse administration.” Aucun doute, le Kremlin attend avec impatience que Donald Trump s’installe dans le bureau ovale alors que les relations diplomatiques entre les États-Unis et la Russie sont désormais glaciales, entre l’implication de chacun dans le conflit syrien et cette histoire de piratage visant à favoriser Trump en torpillant la campagne démocrate avec la complicité – passive, semble-t-il – de Wikileaks. Le 9 décembre un rapport confidentiel de la CIA, dans lequel l’agence annonçait posséder les preuves de la culpabilité de Moscou, fuitait au Washington Post, poussant Obama à prendre une décision symboliquement forte.

D’autres sanctions à venir

Les sanctions, rendues publiques jeudi en même temps qu’un fascinant rapport du FBI sur le déroulé des attaques, sont les suivantes : expulsion sous 72 heures de 35 membres des services de renseignement russes (le FSB et le GRU), sanctions contre plusieurs entreprises liées à ces agences et la fermeture de deux sites occupés par le gouvernement russe. Selon Obama, ces sanctions ne sont que les premières d’une (longue ?) série, car “les États-Unis continueront de prendre une série de mesures au moment et à l’endroit de leur choix, dont certaines ne seront pas rendues publiques”, a précisé le président sortant.

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Si la Russie n’a donc pas hésité à afficher un mépris rigolard à l’égard de ces sanctions, elle sait aussi bien que l’administration Obama qu’elles ne sont pas à prendre à la légère : l’identification et la déportation de diplomates russes est une mesure radicale, que Wired qualifie de “réponse la plus forte à une cyberattaque d’état de l’histoire d’Internet”, et les sanctions d’Obama instaurent un nouveau paradigme diplomatique entre les deux pays, fait de méfiance et d’hostilité ouverte, que l’on croyait disparu depuis la fin de la Guerre froide. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a ainsi affirmé que ces sanctions vont “détruire définitivement les relations russo-américaines qui ont déjà atteint le fond”, avant d’annoncer que “la Russie va réagir de manière adéquate en se basant sur le principe de réciprocité”. Derrière le mème du caneton, la Russie vient de promulguer la loi du Talion.