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Riga, la future “petite capitale hipster de l’Est” ?

Riga, la future “petite capitale hipster de l’Est” ?

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Marché vintage au MIIT Café, à Riga. La fille au centre tiendrait un blog mode (Crédits image : Eat Riga Tours)

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Par Théo Chapuis

Publié le

Le plaisir, par hasard

Pop, concept et branchée

Je pense que dans quelques années, ce sera la petite capitale hipster de l’Est.

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Rien que ça. Eh oui : tel Kreuzberg, East London où les quartiers les plus malfamés du 11ème arrondissement parisien, Riga a son lot de hipsters, cette tribu méprisée par le monde entier. “Dans mon quartier, on en trouve beaucoup” explique Elliot. 
Et d’ajouter :

Les petits bureaux de start-up, les Macbook, les fixies… c’est une ville à fort potentiel économique, une bonne base pour créer son entreprise. Donc culturellement ça progresse en parallèle.

De quoi expliquer en partie cette gentrification par le cool, qui se poursuit au coeur même de la culture lettone. “Les gens se lancent, tentent de nouveaux concepts, certains restent, d’autres pas, mais ça bouge beaucoup ! Il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir” explique Noémie Maury, une jeune apprentie de 25 ans venue pour faire un stage de six mois à Riga.

Electro balte

Et si de grands musiciens passent par la capitale, elle semble elle aussi comporter son lot de pépites – qui peuvent passer dans des lieux hyper-appropriés, tel le fabuleux 9K1 NAMS. Anne Guérin est étudiante en communication à Riga. Très attachée à partager son expérience, elle tient “Un vrai Rigal”, son blog plutôt fourni sur son expérience dans la capitale lettone.
Elle admet qu’en termes de soirées, “ça bouge beaucoup”. Alors qu’elle prépare un article sur les meilleurs DJ de la ville, elle a souhaité en partager une sélection avec nous histoire de donner un rapide coup d’oeil vers cette musique électronique venue du froid.
Ils se nomment Kaspar Kondrat, Uppfade, Elvi / Dunian, Daniell Mariash, Ksenia Kamikaza, Electricano ou encore DFRNT. Ils illuminent les soirées des Erasmus et des locaux, distribuant généreusement leurs basses chaloupées, telles que celles qu’on trouverait dans un club berlinois (au hasard, hein).
Ci-dessous, trois exemples qui nous ont plutôt tapé dans l’oreille : Uppfade, Daniell Mariash et Ksenia Kamikaza.


“Rien à voir avec Paris !”

Se lancer et tenter de nouvelles choses, vivre tranquillement, fréquenter des lieux en constante mutation. Un rythme de vie décrit comme “très nature” par Noémie, qui ajoute que la culture lettone est décidément bien plus attachée aux forces de notre planète que la nôtre :

Ils suivent les saisons et mangent beaucoup de fruits et de légumes correspondant à la période de l’année. Diverses célébrations à la gloire des “anciens dieux” prennent place également, avec celles des solstices d’été et d’hiver notamment.

Tourisme sexuel ?

En fait, certains craignent tout naturellement que leur pays ne devienne une destination privilégiée du tourisme sexuel, comme on peut le voir avec ces rumeurs relayées ici et sur le net. “C’est sûr, les Lettons n’apprécient pas les étrangers qui viennent à Riga pour la prostitution. Ils demandent parfois “Pourquoi êtes-vous venus à Riga ? Pour les filles ?'”, raconte Bastien Bournicon.
La barrière de la langue est sans doute un autre obstacle à l’amabilité lettone. Et finalement, on finit souvent par faire dire aux étudiants français que ce sont surtout les personnes âgées qui refusent de communiquer avec les étrangers. Mais qui n’a pas fait lui-même l’expérience désagréable et culpabilisante du rejet d’étudiants étrangers dans sa propre université, ici-même, en France ?

Entre Europe et Russie

Ce qu’il faut aussi savoir, c’est que Riga est, depuis le 1er janvier, la capitale européenne de la culture pour l’an 2014. Juste après Marseille, donc. La mission de ces cités, à qui l’on décerne cette responsabilité depuis 1985 est de “promouvoir la diversité des opinions au sein de la société civile et d’encourager le multiculturalisme”.
Libération a interrogé Sergei Kruk, ancien directeur de la section russe au sein de la radio nationale lettone et professeur à l’université Stradins de Riga. Selon lui, “la politisation du programme a conduit à privilégier une relecture positive du passé allemand de Riga au détriment de l’influence russe”. De quoi expliquer, peut-être, l’engouement des Européens de la génération Y pour la capitale de l’Est – qui attend une augmentation de la fréquentation touristique de 12% sur l’année.
Ce qui est certain, c’est que la hype – à l’instar de la mode, des tendances musicales ou du vote des Français – est difficilement prévisible. Et si Riga ne tient pas ses promesses, Slate nous apprend que nous pourrons toujours nous rabattre sur Leipzig (Allemagne), d’ores et déjà surnommée “Hypezig”. Après tout, c’est plus près que Brooklyn.