En images : voilà à quoi ressemblent les habitants des “No-Go Zones”

En images : voilà à quoi ressemblent les habitants des “No-Go Zones”

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Par Maxime Le Goff

Publié le

J’aborde les personnes tout à fait au hasard. Je leur explique que je réalise un projet photo sur leur quartier. Je leur demande ensuite ce qu’ils pensent de leur quartier, s’ils ont des liens spécifiques avec leur voisinage, les commerçants. S’ils aiment y vivre. J’aborde également le sujet du reportage de Fox News et leur demande de réagir.

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Julien travaille et habite dans une “No-Go Zone”, il connait son sujet, il s’y est toujours senti en sécurité. Mais avec cette expérience sociale, il a aussi appris à mieux connaitre certaines zones de Paris :

J’avais peut-être des a priori sur le quartier des Orgues de Flandres dans le 19ème. J’y voyais des grandes barres d’immeuble froides et assez inhumaines. J’ai découvert que la vie de quartier et le lien social y étaient très présents. Les gens s’y entraident, se parlent et savent vivre ensemble, malgré la mixité sociale.

Pour être objectif, le projet va s’étaler sur une année afin de récupérer le maximum d’avis. Une volonté de décrire l’ambiance réelle de ces quartiers même s’il faut parfois tirer un trait sur un portrait :

Sur une vingtaine de personnes rencontrées, j’ai dû avoir deux témoignages qui traduisaient un mal être. Des personnes qui ne supportaient plus leur quartier, leurs voisins. Malheureusement, elles n’ont pas accepté d’être photographiées. C’est dommage, parce que le but du projet c’est d’être le plus objectif possible, sans faire d’angélisme ni nier les problèmes. Mais pour être honnête, les témoignages sont majoritairement très optimistes et positifs.

“On a discuté plus d’1/4 h, il a raté trois bus à cause de moi…”

Faire face aux gens, les aborder, ce photographe amateur n’en est pas à son coup d’essai. En 2014, il lance le projet intitulé “Premiers Métros” dans lequel il a tiré le portrait des premiers usagers du métro parisien :

J’ai tout de suite été attiré par la photo de rue, mais le fait de ne pas avoir de contacts avec les « sujets » des photos m’a vite frustré. J’ai donc voulu développer des projets donnant la parole aux personnes que je pouvais croiser dans l’espace public.

Depuis trois semaines, les différents portraits sont postés sur son Tumblr. Mais dans son cerveau, des idées se profilent ou attendent de prendre forme :

J’ai un projet photo sur l’identité ou plutôt les identités qu’on se crée et qu’on développe sur internet. Et puis un projet photo sur la question de l’identité masculine pour voir ce que veut dire être un homme au 21ème siècle.

Mais avant tout ça, il revient pour Konbini sur 10 rencontres au sein des “No-Go Zones” :

Tout le contraire de l’image que je pouvais avoir du kiosquier : ouvert, positif, drôle. Il a pris du temps pour me parler alors qu’il était en plein travail.

Quand je l’ai abordée, elle discutait avec un jeune homme. Je pensais qu’ils étaient amis de longue date. En fait, ils venaient juste de se rencontrer. Je trouvais que c’était assez représentatif des rencontres qu’on peut faire dans les « No-Go Zones ».

On a discuté plus d’un quart d’heure, il a raté trois bus à cause de moi, alors qu’au début, il n’était pas très partant pour se prêter au jeu. J’ai adoré sa clairvoyance par rapport aux médias et son attachement à son quartier.

Elle n’était pas spontanément partante pour la photo. Elle a fini par me raconter des choses intimes. C’est la personne la plus touchante que j’ai rencontrée. Elle m’a beaucoup fait rire. C’était une vraie fan du Petit Journal. Elle connaissait tous les journalistes et chroniqueurs de l’émission. Elle avait un gentil petit mot pour chacun d’entre eux.

La personne la plus drôle que j’ai rencontrée. Il m’a fait rentrer dans la cour du collège où il travaille. Magnifique. Pour le remercier, je lui ai donné un des nombreux badges que je porte sur ma pochette d’appareil photo. Je l’ai recroisé à plusieurs reprises et j’ai à chaque fois eu droit à une franche accolade.

Plutôt méfiante de prime abord. Mais finalement très franche. Elle n’attend qu’une chose : qu’on la considère et qu’on soit polie avec elle ! Des choses simples, en somme !

C’est la rencontre qui a duré le plus longtemps. On y a parlé religion (il m’a parlé de quelques principes bouddhistes), culture, urbanisme. Un vrai puits de culture et de tolérance !

Deux touristes qui ont été surpris par ma démarche. J’ai moi même été étonné qu’ils recherchent activement un hôtel à Belleville.

Elle était assise par terre devant un immeuble avec son portable. Je crois que je lui ai fait un peu peur quand je lui ai parlé. Son point de vue était intéressant puisqu’elle est quotidiennement en relation avec les touristes.

J’ai un peu craint de l’aborder et de le déranger. Il était seul au coin d’une rue en train de fumer. Il ne parlait pas très bien le Français, mais à chaque fois, les expressions qu’il choisissait étaient très fortes. Il m’a parlé de son pays avec nostalgie et de sa femme avec plein d’amour dans les yeux.