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On a parlé musique, écriture et mode avec Vendredi sur Mer

On a parlé musique, écriture et mode avec Vendredi sur Mer

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Par Manon Baeza

Publié le

Rencontre avec la jeune et douce Charline Mignot, aka Vendredi sur Mer, la chanteuse suisse partie à la conquête du cœur des Français.

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À seulement 23 ans, Charline Mignot, que vous connaissez probablement sous le nom de Vendredi sur Mer, fait déjà vibrer la chanson française. Après une prépa en art et une école de photographie, la jeune femme a choisi de se consacrer pleinement à la musique. Un défi assez osé (mais largement réussi) car Charline n’a jamais pris de cours de chant. “J’ai juste fait un peu de piano quand j’étais plus jeune”, nous confie-t-elle.

Tout a commencé il y a quatre ans, lorsqu’elle s’est amusée à écrire une petite chanson avec une amie, afin d’accompagner l’une de ses vidéos (qui n’est finalement jamais sortie). Si elle écrivait de temps à autre par pur plaisir, c’est son manager Paul qui a très vite décelé son talent et l’a encouragée à poursuivre. Elle s’est alors lancé le défi d’écrire des chansons entières. C’est ainsi qu’est né le projet Vendredi sur Mer, dont le premier EP, Marée basse, est sorti en novembre dernier.

[Ce nom de scène] nous fait voyager, tout en ayant une once de poésie lorsqu’on le prononce. Et puis, inconsciemment, le vendredi nous évoque le week-end et la liberté, tandis que la mer c’est l’horizon“, explique la chanteuse qui s’est trouvé un blaze résumant parfaitement sa musique.

Divin mélange

Bien que dernièrement elle ait écouté des artistes comme Jorja Smith ou Christine and the Queens, elle nous confie que ce qu’elle écoute n’influence pas forcément le projet Vendredi sur Mer, puisqu’elle se concentre surtout sur l’écriture des textes. En effet, ce n’est autre que le très talentueux Lewis OfMan qui compose ses chansons.

“J’écris sur tout ce que je vis. Peut-être que l’on peut déceler une certaine influence de Gainsbourg ou de Daho dans les sonorités, mais je ne pense pas qu’il y ait une inspiration hyper marquée car tout se fait au feeling”, admet la jeune chanteuse.

Lorsqu’on lui demande de qualifier sa musique, le terme“sincérité” lui vient instinctivement – même si elle a des difficultés à définir ce qu’elle fait. De nombreux médias la rangent dans la catégorie “pop française”, mais elle n’est pas certaine de correspondre à cette étiquette. Pour elle, les frontières entre les différentes catégories musicales deviennent de plus en plus floues : Vendredi sur Mer est un savoureux mélange entre la pop, le rap, l’électro et le slam (pour faire court).

“En revanche, s’il est compliqué pour moi de limiter ma musique à une case spécifique, je dois admettre qu’il y a un certain retour aux sonorités des années 1980 aujourd’hui. La musique, c’est un peu comme la mode, ce sont des rotations infinies.

Si on peut retrouver certaines de ces sonorités, il y a quand même quelque chose de nouveau derrière je pense. La chanson française est différente d’il y a dix ans, par exemple. Donc forcément ma musique diffère de ce qui se faisait à cette époque, bien que l’on puisse y trouver quelques similitudes”, poursuit-elle.

Féminité et sensualité

Une sensualité certaine émane de son EP Marée basse. Se dégagent également des paroles poétiques, parfois érotiques, qui toutes (ou presque) ont pour personnages principaux des femmes. Cependant, l’artiste nous spécifie que dans ses chansons elle ne parle pas forcément des femmes, mais avant tout du féminin. “Le féminin m’a toujours plus inspirée que le masculin, je crois”, nous précise-t-elle avant d’ajouter :

“Dans ‘Lune est l’autre’ je parle des femmes, mais c’est avant tout une métaphore sur la musique. Une métaphore sur le fait de grimper tout en haut de l’échelle et d’en redescendre aussi vite.”

La jeune artiste annonce que l’amour sera au cœur de son futur album. Seulement celui-ci se présentera sous différentes formes : nous retrouverons aussi bien l’amour paternel que l’amour obsessionnel ou encore, au contraire, les ruptures amoureuses. “Avec une seule et même histoire, on peut écrire tellement de chansons”, ajoute-t-elle.

“Et puis parler d’amour, c’est aussi pouvoir mêler la colère, la douleur et la déception dans une seule et même chanson. Pour le moment, je n’arrive pas à parler d’autre chose. Honnêtement, c’est ce qui me touche le plus. Ce que j’écris, c’est ce que je vis. Et puis on vit tous les mêmes choses en amour : on se fait tous larguer par exemple. J’aime bien partager ça. Ça fonctionne presque comme une thérapie de groupe, en fin de compte !”

Un projet esthétique

Si Vendredi sur Mer nous a immédiatement séduits musicalement, l’esthétique du projet n’est pas en reste. Effectivement, le clip rétrofuturiste de “La Femme à la peau bleue” et celui du solaire et sensuel “Les Filles Désir“, tous deux réalisés par Alice Kong, viennent prouver que Vendredi sur Mer c’est tout un concept. Une esthétique forte qui fait écho aux tenues 70’s que la chanteuse met sur scène (et qu’elle a elle-même chinées).

Alors que Charline a débuté en tant que photographe de mode, aujourd’hui c’est plutôt la mode qui vient à elle :

“En 2016, je venais tout juste d’arriver à Paris et j’ai reçu une invitation pour le défilé hommage de Sonia Rykiel. C’était vraiment aux prémices de Vendredi sur Mer, j’avais seulement sorti ‘Mort/Fine’ et ‘La Femme à la peau bleue’, donc j’y suis allée sans trop comprendre mon invitation. Et puis soudainement, pendant le défilé, j’ai entendu mon morceau ‘La Femme à la peau bleue’. C’était tellement inattendu et si émouvant…”

Charline a indéniablement conquis le cœur de nombreux Français, avec ses paroles sublimes et un brin désabusées, son parlé-chanté envoûtant, ainsi que des sonorités énergiques et nostalgiques mêlées à une esthétique rétro pop qui lui est propre. Mais la jeune femme ne s’arrête pas là car c’est elle qui clippera ses prochains morceaux. “Cela me permettra d’allier mes deux passions”, nous précise-t-elle.

Vendredi sur Mer, c’est un univers marqué qui mêle avec brio des inspirations multiples qui font tout son charme. Il faudra toutefois attendre 2019 pour son premier album. Un projet dans lequel elle parlera plus du masculin, et qui mêlera souffrance et légèreté.

En attendant patiemment la sortie de son album, vous pouvez la voir sur scène dès ce vendredi 1er juin, à l’Auteuil Pop Up Festival.