Un quart des étudiants américains pensent le racisme fini

Un quart des étudiants américains pensent le racisme fini

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Par Aline Cantos

Publié le

La ségrégation, toujours d’actualité

Plus de cinquante ans après la fin officielle de la ségrégation, les populations noires-américaines redoutent un retour du racisme violent et généralisé. Des manifestations ont pris place dans les rues d’outre-Atlantique, les réseaux sociaux relaient mondialement des images puissantes incitant à la solidarité, comme celle de l’enfant afro-américain en larmes dans les bras d’un policier blanc.
Le racisme est encore un fléau dans le pays dont le passé semble pouvoir ressurgir à tout moment. Pourtant, près de 25% des étudiants sur lesquels l’enquête a été réalisée pensent les discriminations raciales révolues. Certes des progrès ont été réalisés ces dernières années, principalement en matière de diversité visible, cependant bien des efforts sont encore à faire.
La naïveté de ce quart d’étudiants déclarant penser que le racisme a été laissé au passé fait en effet face à des faits d’actualité attestant du manque de fondement de cette pensée. Alors que l’invisibilité des crimes et délits à motifs raciaux avait permis d’imaginer une amélioration des conditions de vie des populations noires, les récents crimes ont pris d’assaut les médias et mis en lumière une réalité bien ancrée dans la société américaine.
La ségrégation, bien qu’abolie sur le papier, semble encore bien loin d’être éteinte, en témoignent les statistiques du couloir de la mort américain. Alors même que les Afro-Américains constituent seulement 13% de la population du pays, ils représentent plus de 40% de la population carcérale. Face à ces statistiques, ils est possible de voir des acquittements à répétition pour les crimes perpétrés par des Blancs à l’encontre de Noirs.

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Des communautés toujours déchirées

C’est le cas de Darren Wilson, à qui l’on impute la mort de Michael Brown. Le policier va même jusqu’à affirmer, après que le jury populaire a décidé de ne pas donner suite à l’affaire, qu’il “ne croi[t] pas que ça va [le] hanter“, arguant qu’il n’a fait que son travail en tirant à 12 reprises sur l’adolescent.
Bien heureusement, quelques progrès sont notables concernant les discriminations raciales aux États-Unis. Alors que 30 ans auparavant les étudiants déclaraient à 86%, lors du même questionnaire, que leur voisinage était majoritaire ou entièrement Blanc, ils ne sont plus que 61,6% à l’affirmer.
Ces mêmes étudiants sont aussi très nombreux à tisser des liens avec des personnes de diverses origines. 90% d’entre eux affirment qu’il y a une très grande chance que cette socialisation ait lieu.
Cependant, une autre étude menée par l’Université d’Harvard témoigne d’un “subtil racisme et sexisme” en milieu étudiant, caractérisé par des “microagressions” permanentes. Peu importe la qualité de l’école, qu’elle soit publique, privée, renommée ou non, ces agressions semblent être inévitables. Racisme dissimulé, remarques déplacées, c’est tout le quotidien des étudiants qui ne rentrent pas dans le moule typique du White Anglo-Saxon Protestant. C’est d’ailleurs tout l’objet du récent film “Dear White People“, réalisé par Justin Simien, qui dénonce un racisme latent en milieu universitaire.
Encore bien loin de l’idéal du discours “I have a dream” de Martin Luther King, les États-Unis semblent encore avoir de nombreux progrès à faire afin de mettre fin aux oppositions qui déchirent leurs communautés. Encore en ce mardi 10 février 2015, trois musulmans trouvaient la mort en Caroline du Nord, abattus froidement par un quadragénaire autoproclamé athée dont les motivations semblent à première vue religieuses.