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Quand les économistes comprennent que la Grande Barrière de corail vaut 37 milliards d’euros

Quand les économistes comprennent que la Grande Barrière de corail vaut 37 milliards d’euros

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(©CoffeewithMilk/Pixabay)

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Donner un prix à la nature, pour quoi faire ?

Qu’est-ce que signifie le fait que la Grande Barrière vaut 56 milliards de dollars ? En clair, que la financiarisation du monde concerne même la nature. Et qu’une fois considérée comme une ressource, elle prend soudainement (beaucoup) de valeur. La course au profit généralisé et le marché global incluent désormais la nature dans leurs calculs, en fonction de ce qu’elle vaut et de ce qu’elle peut rapporter. Même si le rapport de Deloitte Access Economics a vocation à éveiller les consciences, elle donne à voir en filigrane la marchandisation obscure à laquelle la nature est en proie, de la Grande Barrière de corail à l’Amazonie, en passant par la pollinisation des abeilles.
Sandrine Feydel et Denis Delestrac, réalisateurs du documentaire Nature, le nouvel eldorado de la finance diffusé sur Arte en 2014, parlaient alors de l'”invisibilité économique” de la nature qui, pendant longtemps, n’intéressait pas le marché puisqu’ils ne pouvaient en percevoir la valeur. Or, petit à petit, les banques et les fonds d’investissement comprennent la valeur inestimable d’une forêt, d’une espèce animale, d’un écosystème… et les monétisent. Une sorte de nouveau capital naturel que l’on s’échange comme des produits boursiers, en spéculant ou en s’achetant un permis de polluer : c’est ce que font les banques de compensation.
On digresse, on digresse, mais tout cela pour rappeler que non, la nature n’a pas de prix, et que sa valeur est inestimable. Il est triste d’en arriver à un point où des associations doivent faire appel à des cabinets de consulting pour faire comprendre que la destruction des écosystèmes est une perte irrévocable (et non pas uniquement financière), et de constater que le monde n’est prêt à bouger que s’il y voit un intérêt financier. Partir du principe que la Grande Barrière de corail vaut 56 milliards de dollars et qu’il faut donc la protéger n’est pas tant de l’écologie que du capitalisme nauséabond.
Pour aller plus loin, le documentaire édifiant de Sandrine Feydel et Denis Delestrac, Nature, le nouvel eldorado de la finance, est disponible à l’achat ou à la location sur la boutique d’Arte. 

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