Vidéo : un programme permet aux anciens détenus de recouvrir leurs tatouages

Vidéo : un programme permet aux anciens détenus de recouvrir leurs tatouages

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Par Fanny Hubert

Publié le

Un projet lancé par une école polonaise permet aux anciens détenus de recouvrir leurs tatouages faits en prison. Le but : réintégrer plus facilement la société.
Les tatouages ont toujours une signification très personnelle. Ils peuvent aussi renvoyer à des périodes difficiles dans la vie de certaines personnes. C’est le cas de détenus qui se sont faits tatouer en prison et qui peinent à réintégrer la société après avoir purgé leur peine. Pour permettre à ces anciens prisonniers de ne pas être pénalisés par leurs tatouages, le projet Freedom Tattoos a vu le jour.
Lancé par Pedagogium, un collège de Sciences Sociales à Varsovie, et l’agence de communication polonaise Isobar, le but du programme est de recouvrir les tatouages faits en prison pour les transformer en oeuvres artistiques mieux perçues par la société. Voilà ce qu’on peut lire sur le site dédié à cette initiative :

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Transformer de vieux tatouages permet aux délinquants juvéniles et aux anciens détenus de recommencer leur vie sans une marque qui leur rappelle constamment ce qu’ils ont fait dans le passé.

“Je ne me regarde pas dans le miroir”

Dans la vidéo présentant le projet, deux femmes expliquent pourquoi elles veulent recouvrir leur tatouage. L’une d’entres elle, qui a un requin tatoué sur le bras, raconte :

Pendant 12 ans, je n’ai pas regardé mes bras. Je ne me regarde pas dans le miroir. C’est comme s’il me manquait une partie de moi.

L’autre jeune femme s’est fait tatouer le mot “vendetta” sur la nuque lorsqu’elle était dans un établissement pénitentiaire pour mineurs. Elle souhaite le voir disparaître pour ne pas porter préjudice à ses enfants.

Réintégrer la société s’avère compliqué pour ces détenus qui peinent à trouver du travail car les employeurs sont réticents à la vue de ces dessins mais surtout des cicatrices qu’ils laissent : “En prison, les tatouages sont faits avec un équipement improvisé. Les enlever est difficile et laisse des cicatrices visibles. Celles-ci stigmatisent, et découragent les potentiels employeurs”, explique le professeur Konopczynski.
Étant donné qu’elles sont interdites, les machines à tatouer sont très rudimentaires en prison. Une vidéo montrant comment en fabriquer témoigne de cet aspect très improvisé : une pile, du fil à tricoter, des aiguilles à l’intérieur d’un stylo bic et un câble électrique pour faire fonctionner le tout. Les consignes d’hygiène sont donc loin d’être respectées et le risque d’attraper des maladies est bien présent. 

Donner une signification positive

En prison, les tatouages ont une signification bien particulière. Dans une interview accordée à Vice, Damon Murray, cofondateur de la maison d’édition FUEL, parle de ce que veulent dire les tatouages des prisonniers russes à l’occasion de la sortie du livre Russian Criminal Tattoo Police FilesIl explique par exemple qu”une femme nue qui se fait brûler sur une croix symbolise une accusation pour le meurtre d’une femme. Le nombre de bûches désigne le nombre d’années que dure la peine.
On apprend également que la croix est un symbole qui indique que le détenu est un voleur, qu’une sirène peut être synonyme de viol et qu’un serpent autour du cou est une marque d’addiction à la drogue. Un prisonnier se doit surtout d’assumer son tatouage au risque d’être mal perçu par les autres :

Chaque image est chargée de sens, un tatouage peut être littéralement une affaire de vie ou de mort pour celui qui le porte. […] C’est pour cette raison que les tatouages sont devenus à la fois la chose la plus respectée et la plus crainte dans la société carcérale. Bien plus qu’un ornement personnel, les tatouages possèdent une forte signification et constituent une loi indélébile dans une société qui se trouve bien au-dessus des lois conventionnelles.

Le projet Freedom Tattoos consiste donc à donner une meilleure signification à ces tatouages. Le but n’est pas de les supprimer mais d’en faire quelque chose de positif. Et en regardant la vidéo, on se dit que c’est possible. Les jeunes filles sont émues de découvrir ces dessins – réalisés cette fois par des tatoueurs professionnels – qui sont la promesse d’un nouveau départ.