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Projet 17 Mai, la bande dessinée contre les LGBTphobies

Projet 17 Mai, la bande dessinée contre les LGBTphobies

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Par Aline Cantos

Publié le

Cette année encore, le 17 mai sera synonyme de lutte contre l’homophobie. Le Projet 17 mai, à l’initiative de Silver et Pochep, marquera le coup dans les règles de l’art avec une nouvelle bande dessinée.
Le Projet 17 mai lance son deuxième tome à l’occasion de la journée internationale contre l’homophobie. Ses créateurs, Silver et Pochep, ont d’ores et déjà lancé une campagne de crowdfunding afin de donner vie une année de plus à un album de BD destiné à lutter contre ce qu’ils appellent les “LGBTphobies”.
Les bénéfices du projet sont destinés à l’association SOS Homophobie et les participations au projet affluent, tant du côté des contributeurs que du côté des artistes, mobilisés bénévolement pour la cause.

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Un projet spontané

Dessinateurs, scénaristes, la créativité s’organise afin d’unir les meilleures idées et les meilleurs pinceaux dans ce projet dont la première édition a déjà rencontré un succès dépassant de loin les espérances de ses créateurs, confie à Konbini Pochep, l’un des pères du projet 17 mai :

Les planches du premier volume ont été utilisées par SOS homophobie et différents centres LGBT à travers la France pour organiser des rencontres, des expositions. Nous avons été invités sur différents festivals. Le Projet 17 Mai s’est vu gratifié du Prix de La Tolérance l’an dernier. Tout ceci est très stimulant.
La vie de ce second volume ne fait que commencer, sa souscription vient à peine de débuter et nous attendons même encore les dernières planches qui doivent nous être livrées. Nous souhaitons vraiment rencontrer le même accueil qu’en 2013. La souscription avait dépassé toutes nos espérances.

L’initiative couronnée de succès trouve ses sources dans un appel de la dessinatrice Julie Maroh, connue pour être derrière la bande dessinée Le bleu est une couleur chaude, adaptée au cinéma sous le nom de La Vie d’Adèle, et Palme d’Or au Festival de Cannes en 2013.

Il y a quelques années, Julie Maroh avait profité de la date du 17 mai pour demander à de nombreux blogueurs et blogueuses BD de réaliser une note sur ce thème. Elle avait ensuite réuni les liens des blogs participants dans un billet sur son blog, confirme Silver, co-initiateur du projet 17 mai au sujet des sources de ce dernier.

L’entreprise s’est révélée très inspirante pour les deux dessinateurs, comme le souligne Silver :

En 2011, avec Pochep nous avons remarqué que nous parlions régulièrement de ces sujets sur nos blogs et nous avons décidé de nous inspirer du projet de Julie Maroh et d’unir nos forces pour créer un recueil collectif avec quelques dessinateurs-trices pour nous accompagner.
Finalement l’idée a commencé à grandir et nous nous sommes retrouvés à lancer le site en 2012, regroupant une centaine d’illustrations créées pour parler du sujet.

Un succès inattendu

Avec 40 dessinateurs et une centaine de dessins, l’aventure Projet 17 mai commence pour de bon puisque le premier tome a rapporté 10 000 euros à l’association SOS Homophobie en s’écoulant à plus de 1 500 exemplaires. Cependant, l’aboutissement ne se limite pas au nombre de BD vendues, comme le confirme le dessinateur Pochep : “l’objectif rêvé reste quand même de ne plus rien avoir à faire, car ça voudrait dire qu’il n’y aurait plus d’homophobie“.

À lire également : SOS Homophobie décortique la lesbophobie dans un rapport

En attendant, le projet n’a de cesse de se développer et les évènements en rapport avec l’initiative se multiplient, donnant de plus en plus de visibilité à ce qui se voulait être une mobilisation spontanée et un cri du cœur.

Au-delà du site et des albums, le Projet 17 Mai existe à travers des expositions, où des associations se servent de nos histoires et illustrations pour toucher un nouveau public. Nous pensons que ces histoires et dessins peuvent être une formidable façon de changer les mentalités, donc nous tentons d’exploiter au maximum la dimension humaine de ce projet, affirme Silver.

Une façon de changer les mentalités en exploitant le talent de chacun : tout le monde peut participer au projet sous réserve d’avoir de bonnes idées ou un coup de crayon sortant du lot. Le choix de la bande dessinée est d’ailleurs directement inspiré par les affinités des co-créateurs, un médium évident pour Pochep :

La bande dessinée est notre support d’expression privilégié. […] Elle occupe une grande part de nos existences et c’est tout naturellement que nous avons pensé à elle. De plus, pour avoir beaucoup pratiqué la BD sur le net, nous savions que c’était un support qui s’adapte très bien aux circuits de partage du web.
Pour ce qui est du livre, c’est le même processus. Raconter, témoigner, nous le pensons d’abord en bande dessinée. Les albums 17 Mai contiennent aussi quelques illustrations. Il n’y a pas de restriction de forme. Le discours peut s’étaler sur autant de pages que nécessaire, comme se contenir dans une seule image.

Des artistes bénévoles

Bénévoles, les artistes viennent d’horizons différents, animés par le seul objectif de participer à leur échelle à la lutte contre une LGBTphobie dont SOS Homophobie a révélé l’omniprésence à travers ses derniers rapports sur la question de l’homophobie et de la lesbophobie.

J’ai tendance à penser qu’il s’agit de très chouettes personnes qui tentent de faire une différence avec les moyens qu’ils et elles ont. Pour les dessinateurs-trices LGBTQ, il s’agit aussi d’une façon de s’exprimer, de montrer notre vision et notre vécu en extériorisant tout ça. Et pour les dessinateurs et dessinatrices cis-hétéros participant au projet, ils et elles ont la même motivation de combattre les LGBTphobies en tant qu’allié-e-s ! affirme Silver.

Même si nous prenons le terme “homophobie” dans son sens symbolique le plus large, il était envisageable que certains le trouvent trop réducteur, affirme Pochep.
Le site web et le premier tome étaient, involontairement, en grande partie centrés sur l’homophobie, invisibilisant la lesbophobie, la transphobie et la biphobie. Avec ce changement de sous-titre et, surtout, avec le contenu du livre, nous voulons recentrer l’attention sur ces autres discriminations, poursuit Silver.

À 42 jours de la fin de la collecte, le crowfunding du Projet 17 Mai a atteint ses objectifs financiers et attend encore nombre de participations afin d’emmener l’initiative encore plus loin que lors de sa précédente édition. “En soi, on a forcément les moyens d’agir ; pour nous, c’est le dessin” affirme Pochep. En finançant le projet, quelques 200 personnes ont déjà prouvé qu’elles pouvaient aussi lutter contre les LGBTphobies. Message entendu.