Le premier procès pour maltraitance animale dans un abattoir s’ouvre en France

Le premier procès pour maltraitance animale dans un abattoir s’ouvre en France

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Jeudi 23 et vendredi 24 mars, le tribunal de grande instance d’Alès accueille le procès de l’abattoir du Vigan, épinglé dans une vidéo de l’association L214 il y a un an pour des faits de cruauté envers les animaux. 

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Le 23 février 2016, l’association de protection des animaux L214 mettait en ligne l’une de ses premières vidéos d’abattoir dont nous sommes depuis, hélas, devenus familiers. Intitulée “Derrière les murs d’un abattoir certifié bio”, la vidéo dévoilait les images insoutenables de violences portées par des employés de l’abattoir du Vigan sur de nombreux animaux : moutons jetés violemment contre des barrières, cochons manipulés avec des pinces électriques et bœufs mal étourdis qui arrivent conscients sur la chaîne d’abattage… Le tout, au sein de l’une des plus petites structures de France, spécialisée dans la vente en circuits courts et certifiée bio.

Dans la foulée, le procureur de la République a ouvert une enquête, conduisant à la fermeture provisoire de l’établissement et à la suspension des employés incriminés. Un an après, leur procès pour cruauté envers des animaux s’ouvre au tribunal de grande instance d’Alès, une première en France.

31 infractions retenues

Quatre prévenus se retrouvent à la barre, avec à leur encontre 29 contraventions et deux délits, soit 31 infractions au total précise Le Monde. L’un d’entre eux, depuis licencié, est accusé de “sévices graves et actes de cruauté envers des animaux” et risque jusqu’à deux ans de prison et 30 000 euros d’amende, ainsi que l’interdiction d’exercer son métier pendant cinq ans et de détenir un animal.

Deux autres employés, toujours en poste, sont jugés pour des “mauvais traitements infligés à des animaux” et passibles d’une amende allant jusqu’à 750 euros. Quant à la communauté de communes du pays viganais, personne morale gestionnaire de l’abattoir, elle devra répondre de huit infractions aux règles d’abattage, pour mise à mort d’animaux “sans précaution pour leur éviter de souffrir”, “saignée tardive” et “établissement ne disposant pas d’installations et d’équipements conformes”. Elle risque huit amendes de maximum 3 750 euros.

Brigitte Gothière, porte-parole de L214, se félicite de la tenue du procès mais incite néanmoins à voir plus large. Ainsi, elle n’appelle pas à de la prison pour le premier prévenu accusé de cruauté : “Il y a des circonstances atténuantes à ses gestes. On lui donne le mauvais rôle, celui de mener à la mort, avec empathie, des animaux qui résistent. Notre société lui fait subir une responsabilité écrasante.” Car il ne faut pas oublier que derrière la consommation de viande qui fait souffrir les bêtes, il y a aussi une réalité violente pour les hommes. C’est ce que nous racontait il y a un an Stéphane Geffroy, employé d’abattoir depuis 25 ans et auteur d’un livre (À l’abattoir, Seuil) sur les coulisses d’une profession dure, à l’écart du monde, souvent méprisée et dont la souffrance demeure muette et ignorée.

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