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En Pologne, les féministes ont organisé un “Lundi noir” pour défendre le droit à l’avortement

En Pologne, les féministes ont organisé un “Lundi noir” pour défendre le droit à l’avortement

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Par Lydia Morrish

Publié le

Le parti ultraconservateur au pouvoir en Pologne veut interdire l’IVG, alors que la loi du pays sur l’avortement est actuellement l’une des plus restrictives d’Europe. En réaction, une grande manifestation a été organisée, le lundi 3 octobre à Varsovie, par les féministes et les progressistes.

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Des milliers de femmes ont manifesté, lundi 3 octobre, dans les rues de Varsovie pour défendre leur droit à l’avortement, aujourd’hui remis en question en Pologne. Elles ont marché dans les rues vêtues de noir, pour symboliser le deuil de leurs droits reproductifs. Cette grève des femmes, appelée “Lundi noir” par les organisateurs, s’inspire d’un évènement similaire qui a eu lieu en Islande en 1975.

Au vu du consensus général selon lequel les femmes devraient avoir les mêmes droits que les hommes, il semble étrange que dans certaines parties du monde elles ne puissent pas prendre une décision aussi importante pour leur corps et leur santé. Cependant, la Pologne, qui a l’une des législations les plus sévères en matière d’interruption volontaire de grossesse (IVG), est sur le point de rendre l’avortement illégal.

“Les femmes polonaises en grève aujourd’hui. Manifestation en noir. Lundi noir. Pologne.”

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Le projet de loi qui a suscité ce mouvement, actuellement examiné par le Parlement polonais, durcirait considérablement les conditions d’accès à l’IVG. Aujourd’hui, les Polonaises peuvent demander un avortement uniquement quand leur santé ou celle du bébé est en jeu, ou si elles sont enceintes à la suite d’un viol (sous réserve que l’enquête judiciaire le confirme). La nouvelle législation prévoit une interdiction pure et simple de la procédure. Toute femme qui mettrait fin à sa grossesse risquerait cinq ans de prison, ainsi que le médecin qui aurait pratiqué l’opération.

Une manifestante a expliqué à la BBC :

“Trop c’est trop. Il y en a assez de ce que le gouvernement, l’Église et les soi-disant ‘pro-vie’ veulent imposer aux femmes. Ils veulent faire passer une loi anti-IVG qui condamnerait les femmes à mourir dans beaucoup de cas. Cela retirera leur sentiment de sécurité, et les options de soins disponibles qui existent quand une grossesse met leur vie ou leur santé en danger.”

La scène politique polonaise est balayée par une vague de conservatisme et de nationalisme depuis l’arrivée au pouvoir du PiS (le parti Droit et justice), en octobre 2015. Plusieurs partis d’extrême droite européens, tels que le Front national en France et Alternative fur Deutschland en Allemagne, ont des positions penchant vers une interdiction de l’avortement. Pour sa part, L’Espagne est passée très près d’une interdiction de l’IVG, il y a deux ans seulement.

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La récurrence du combat pour le droit des femmes à disposer de leur corps est la preuve de la nécessité du féminisme. Au même titre que la bataille contre le harcèlement sexuel, le revenge porn, le slut shaming ou encore l’égalité professionnelle.

Le droit de mettre fin à une grossesse non désirée devrait être considéré comme fondamental à l’échelle mondiale, sans discrimination de statut, de situation ou de position géographique. Si les partisans du mouvement “pro-vie” sont libres de penser comme ils le veulent, personne ne devrait avoir le droit d’exercer un pouvoir sur le corps de quelqu’un d’autre.

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Selon Le Monde, le débat en Pologne bouge les lignes politiques du pays. Le PiS a perdu trois points de cote de popularité, tandis que le parti libéral Nowoczesna (Moderne), fervent opposant du projet, en a gagné cinq.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet