Europe : où en est la politique anti-drogue?

Europe : où en est la politique anti-drogue?

photo de profil

Par Aline Cantos

Publié le

La tolérance, la clef d’une perte d’intérêt pour les drogues ?

Face à la répression, le système D

“Si les toxicomanes appellent un médecin, ils craignent de voir la police débarquer”

En 2014, le Spice fait son apparition parmi les problématiques majeures de la société suédoise. Drogue de synthèse supposée imiter le cannabis, elle aurait des effets dévastateurs sur quiconque en consomme. Des décès, des jeunes placés en soins intensifs, les conséquences de son irruption dans le pays sont tragiques. Vendue comme un encens sur internet, cette drogue est facile d’accès et ne met pas longtemps à trouver acheteur. Dérogeant au circuit traditionnel, le Spice est la preuve de l’inefficacité des politiques purement répressives à l’encontre de la drogue.
De plus, ce genre de politiques oublient les principales victimes de la drogue. Les accros, dont la consommation ne dépend plus d’une simple volonté, sont souvent laissés sur le carreau. Abandonnés, sans aucune aide du gouvernement, les plus perdus d’entre eux voient leur condition se dégrader au fur et à mesure de la montée de la répression. L’absence d’hygiène et de soins ainsi que la peur des autorités sont autant de facteurs qui les promet à une mort certaine.
Ted Golberg, professeur en action sociale à l’Université de Stockholm confie à L’Express : “Si on prend de la drogue avec quelqu’un qui fait une overdose, une personne normale appellera immédiatement les autorités […] mais en Suède […] si les toxicomanes appellent un médecin, ils craignent de voir la police débarquer“.

À voir aussi sur Konbini

Une réussite par l’accompagnement

Une politique d’accompagnement et de prévention, c’est donc ce qu’ont décidé d’adopter les Pays-Bas. À l’inverse des systèmes répressifs forts, le pays privilégie l’assistance et la prise de conscience. Ainsi, si la consommation d’ecstasy et de cocaïne néerlandaise reste relativement élevée par rapport à celle de ses voisins européens, le taux de mortalité est incroyablement bas. Les Pays-Bas sont le pays où l’on recense le moins de décès dus à la drogue dans l’Union Européenne.
Avec 2,4 décès consécutifs à une consommation de psychotropes par million d’habitants, les terres néerlandaises prouvent l’efficacité de leur méthode. Le Royaume-Uni se place loin derrière à cause d’une “politique répressive et illogique de lutte contre les drogues” selon le Dr David Nutt qui a mis ses compétences au service du gouvernement britannique avant d’être écarté en raison de son hostilité à la répression du cannabis. C’est tout le propos de Mirik Milan, Maire de la Nuit d’Amsterdam :

On doit s’assurer que les gens sachent quoi faire s’ils rencontrent des problèmes avec la drogue. En Hollande, quand ces pilules [ndlr : les pilules de PMA] ont été amenées dans des stations d’analyse, d’énormes signaux d’avertissement ont été placés dans les clubs et les médias et, pour le moment, personne n’est décédé à cause de ces pilules en Hollande, affirme-t-il à Mixmag.

Loin de se voiler la face sur la consommation de ses citoyens et de condamner la prise de drogues dans son ensemble, les Pays-Bas ont préféré guider les clubbers, leur déconseillant le dangereux produit. Difficile donc de penser une politique de lutte anti-drogue 100% efficace. Cependant, si aucune des politiques n’a démontré une efficacité totale, la répression a quant à elle prouvé son inefficacité.