France : une pétition nécessaire pour lutter contre le gaspillage alimentaire

France : une pétition nécessaire pour lutter contre le gaspillage alimentaire

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Par Eléonore Prieur

Publié le

Ce 19 janvier 2015, une pétition a été lancée pour qu’une loi voit le jour contre le gaspillage alimentaire. Elle obligerait les supermarchés à donner leurs invendus aux associations pour les redistribuer le soir même. 
Chaque année, plus de dix millions de tonnes de déchets alimentaires sont produits en France selon la Commission Européenne. Des chiffres gargantuesques qui ont amené Arash Derambarsh, conseiller municipal UMP à Courbevoie mais aussi directeur de collection aux éditions du Cherche-midi, et son ami l’acteur Mathieu Kassovitz, à lancer une pétition.
Leur requête s’adresse au président de la République, à Manuel Valls et aux parlementaires de l’Assemblée Nationale et du Sénat. Son objectif ? “Faire voter une loi imposant aux supermarchés de donner, soir après soir, tous leurs invendus à l’association de leur choix”. “Par la contrainte de la loi, nous explique Arash Derambarsh, je veux créer le dialogue pour que les supermarchés soient en contact avec les associations, et non le contraire” 

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Différencier date de péremption de vente et de consommation

Arash Derambarsh, qui rejoint trois fois par semaine son équipe à Courbevoie pour distribuer, avec des amis et des bénévoles, ces invendus, veut en faire une affaire d’État pour aider à la fois “la classe moyenne, cette catégorie sociale qui est sous l’eau tous les dix du mois après avoir payé loyer et charges, et les SDF “.
Aujourd’hui, son partenariat n’est effectif qu’avec le Carrefour Market Charras de Courbevoie.

Sa proposition de loi, qui ne nécessite pas de respecter la chaîne du froid, permet de tirer un trait sur la problématique de l’intoxication alimentaire.

Quand on récupère de la nourriture, on doit la stocker. Impossible à faire quand on n’a pas de grosse structure réfrigérée. Pour remédier à ce manque de moyens, je propose de redistribuer automatiquement les invendus chaque soir. De cette manière, pas d’intoxication possible comme le craignent les supermarchés.

Et à Arash Derambarsh d’ajouter:

Les produits sont jetés chaque jour après la fermeture des enseignes. Si vous venez une demi-heure avant l’extinction des feux, ils sont toujours mis en vente. Si on les distribue dans les deux heures qui suivent la fermeture, il n’y pas de raison de s’intoxiquer, d’autant plus que les dates de péremption inscrites sur les packagings sont des repères pour la vente mais en aucun cas pour la consommation.

Si le conseiller municipal a fait de la distribution des invendus son cheval de bataille, c’est parce qu’il se rappelle ses jeunes années où il “avait faim et ne gagnait que 500 euros par mois”. De plus, il a toutes les raisons de croire que sa pétition aura un écho auprès du gouvernement. Il a reçu jusqu’à présent le soutien sur Twitter de personnalités comme Hélène Sy et Læticia Hallyday, femmes de Omar Sy et Johnny Hallyday.


Il est également épaulé par des sénateurs et deux députés issus de couleurs politiques opposées : Thierry Solère, UMP, et Alexis Bachelay, PS, tous deux des Hauts-de-Seine.


Pour que sa pétition soit la plus crédible possible aux yeux du gouvernement, Arash Derambarsh espère 1 million de signatures. Depuis sa publication le 19 janvier, elle en a récolté plus de 21 000. Il se veut confiant : “La loi sera votée en 2015”. Ce vendredi à 19 heures, Arash Derambarsh et Mathieu Kassovitz défendront leur projet au Grand Journal.

“Personne ne parle de ce problème”

Le conseiller municipal de Courbevoie n’est pas le seul à dénoncer le gaspillage alimentaire. Le 19 décembre 2014, le député UMP de la 14e circonscription du Nord, Jean-Pierre Decool, a fait une proposition de loi qui sera examinée en séance publique par l’Assemblée nationale le 5 février prochain.
À la différence d’Arash Derambarsh, son projet concerne seulement les hypermarchés de plus de 1000 m2 et fait appel au processus de la chaîne du froid. Contacté par Konbini, il s’explique :

On ne peut pas demander aux enseignes de petites surfaces d’avoir une logistique pour mettre en place un tel système de redistribution des denrées encore consommables comme on peut le demander aux hypermarchés.

Le député constate que le sujet intéresse :

Cela fait plusieurs années que personne ne parle de ce problème. Ma proposition de loi a bénéficié d’un bon coup de buzz l’été dernier. J’ai beaucoup de soutiens politiques. Quelques élus essaient de plagier mes textes, preuve même qu’ils s’y intéressent.

La problématique du gaspillage est plus que d’actualité.“Le Parlement européen avait décrété 2014 l’année européenne de la lutte contre le gaspillage alimentaire”, poursuit-il. De plus, le député PS de la Mayenne et ancien ministre délégué à l’Agroalimentaire, Guillaume Garrot, a été missionné en octobre dernier par le Premier ministre Manuel Valls pour présenter des propositions en ce sens, “dans un délai de six mois”. L’idée : atteindre les objectifs de diminution de 50% du gaspillage alimentaire en France d’ici à 2025.