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Un cours de “Perte de temps sur Internet” à l’université de Pennsylvanie

Un cours de “Perte de temps sur Internet” à l’université de Pennsylvanie

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Students in Computer Lab — Image by © Royalty-Free/Corbis

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Par Théo Chapuis

Publié le

Perdre son temps sur Internet n’est pas si vain qu’il y paraît. Selon l’université de Pennsylvanie, cela pourrait même mener à développer une nouvelle forme de littérature contemporaine. 

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Lolcats, gifs, vidéos débiles, articles sur des passions insolites… Non, vraiment, pas à dire : grâce à Internet, perdre son temps est devenu un art. L’Université de Pennsylvanie l’a bien remarqué elle aussi et propose au prochain semestre un cours intitulé “Wasting time on the internet”, soit ni plus ni moins que : “Perdre son temps sur Internet”. Génial.

Selon Motherboard, les cours se passeront exactement comme vous l’imaginez. Trois heures par semaine, tous les mercredis après-midi, une poignée d’étudiants pénétrera dans la salle de classe. Sous la houlette du professeur et poète Kenneth Goldsmith, ils ouvriront leurs ordinateurs portables, leurs tablettes ou leurs smartphones et accompliront à l’école une tâche qui doit déjà leur être bien familière : zoner sur le web.

“Arracher un objet artistique”

Évidemment, ce cours a un but réel : selon son professeur, Kenneth Goldsmith, il s’agira grâce à cet enseignement “d’arracher un objet artistique de cet état de distraction créé par le fait de parler au téléphone tout en surfant sur le Web, ou de regarder une vidéo tout en discutant”.
Eh oui, l’enseignant croit dur comme fer que divaguer sur Internet est le moyen idéal de se rapprocher de l’état de flottement propice à la création dont les écrivains du XXe siècle se sont emparés, d’où est né le surréalisme. Car pour perdre son temps, il faut être dans un état de concentration particulier :

C’est l’état de conscience désiré en cours : même être à moitié présent, c’est trop généreux. Je veux l’attention des élèves sur les tablettes, les téléphones, les écrans, la musique. Je veux que leur attention soit divisée le plus possible.
La distraction électronique est le nouveau surréalisme. Les surréalistes souhaitaient atteindre l’inconscient, eh bien en fait on le fait tout le temps, désormais.

De la procrastination naîtrait le sublime. Le but du cours sera de tenter d’approcher une nouvelle forme de littérature, questionnée dans son intitulé : “Pourrions-nous reconstruire notre autobiographie en utilisant seulement Facebook ? Pourrions-nous écrire un bon roman en pillant notre fil Twitter ?”
Goldsmith appuiera son cours sur les savoirs théoriques de penseurs comme Guy Debord, penseur du situationnisme, ainsi que Raymond Queneau, Georges Perec, mais aussi le musicien John Cage, entre autres. Mais le poète et professeur n’a-t-il pas peur des réactions face à une ambition d’enseignement aussi avant-gardiste ? Non. À vrai dire, pas du tout :

 Je suis très fatigué de lire chaque semaine dans le New York Times des articles qui nous font culpabiliser de passer tant de temps sur Internet, et de nous disperser. Il est complètement faux de dire qu’Internet nous rend plus bêtes. Je pense qu’il nous rend plus intelligents.

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Nous avons besoin de nouveaux moyens de mesurer l’infini.

Pas étonnant qu’il soit à l’initiative d’un tel enseignement dans la prestigieuse université de Pennsylvanie. Niveau perte de temps, Kenneth Goldsmith en connaît un rayon.