La pêche industrielle gaspille chaque année près de 10 millions de tonnes de poissons

La pêche industrielle gaspille chaque année près de 10 millions de tonnes de poissons

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(© Sea Around Us)

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Par Jeanne Pouget

Publié le

“À l’heure où l’insécurité alimentaire est en hausse et où la santé nutritionnelle humaine est préoccupante, ces conclusions sont importantes […] Ces poissons gaspillés auraient pu être mis à profit d’une meilleure manière”, affirme Dirk Zeller, l’auteur principal de l’étude.

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Selon ce rapport, les pêcheurs se débarrassent d’une partie de leurs prises pour diverses raisons : soit parce que les filets abîment les poissons et les rendent ainsi invendables sur le marché, soit parce que les poissons attrapés sont trop petits, ou alors parce que les prises ne sont pas de saison ou, pire, que les espèces prises sont “accessoires” (c’est-à-dire que les espèces capturées n’étaient pas celles qui étaient ciblées). Selon le WWF, environ 40 % des prises sont involontaires, ce qui représente 38 millions de tonnes d’animaux marins.

“Les rejets adviennent aussi à cause de mauvaises pratiques comme ‘l’écrémage’ qui consiste à continuer de pêcher même après avoir atteint ses quotas. Si [les pêcheurs] attrapent de plus gros poissons, ils jettent les plus petits, car ils ne peuvent généralement pas garder les deux prises (pour des questions de place dans les congélateurs), mais aussi pour ne pas dépasser leurs quotas autorisés”, poursuit Dirk Zeller.

L’étude rapporte que dans les années 1950, la pêche rejetait à la mer environ 5 millions de tonnes de poissons chaque année, puis jusqu’à 18 millions de tonnes dans les années 1980, pour ensuite retomber à 10 millions lors de la dernière décennie – ce qui n’est pas forcément bon signe, selon les chercheurs. Loin d’attribuer ce déclin à de meilleures techniques de pêche, les scientifiques imputent plutôt le phénomène à la diminution des stocks de poissons dans les océans. L’une de leurs précédentes études rapportait que depuis le milieu des années 1990, le nombre de prises avait diminué de 1,2 million de tonnes chaque année.

“Aujourd’hui le gaspillage diminue parce que nous avons déjà tellement pêché ces espèces que les opérations de pêche attrapent de moins en moins [de poissons] année après année, et par conséquent il y en a moins à gaspiller”, conclut le chercheur.