Le Tumblr Paye ton taf expose le sexisme au travail, cette banale réalité

Le Tumblr Paye ton taf expose le sexisme au travail, cette banale réalité

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Par Juliette Geenens

Publié le

Créé par Anaïs Bourdet, à l’initiative de Paye ta shnek, le site Paye ton taf vise à mettre en lumière les problèmes scandaleux du sexisme au bureau.

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http://payetontaf.tumblr.com/post/153427564968/tu-sais-que-si-je-te-viole-maintenant-personne

“C’est moi qui aurais dû te mettre enceinte”, “Tu ressembles à un bonbon avec ta robe rose, ça donne envie de te violer”Ces phrases ont été prononcées (pour de vrai) par des hommes à leurs collègues femmes. Sur le Tumblr Paye ton taf, on en compte des centaines. Si ce site vous fait penser à Paye ta shnek, c’est normal, il a été crée par la même personne : Anaïs Bourdet. La graphiste et militante féministe a décidé d’ouvrir un nouvel espace d’expression à toutes les femmes victimes de sexisme au travail.
Inspiré directement du modèle du premier Tumblr, Paye ton taf est né dimanche 20 novembre, dans le sillage de l’apparition de deux sites, ces derniers mois, qui dénonçaient les comportements et propos sexistes dans le milieu des avocats (Paye ta robe) et dans la politique (Chair collaboratrice). “Avec ces deux sites, j’ai commencé à recevoir beaucoup de témoignages de sexisme au travail sur Paye ta shnek,” explique Anaïs Bourdet, contactée par Konbini. Elle poursuit :

“L‘idée était de monter une plateforme qui soit pas consacrée à une profession en particulier, pour que les personnes qui vivent le sexisme puissent témoigner quel que soit leur domaine.3

En 48 heures, ce sont à peu près 350 témoignages qui sont parvenus à Anaïs Bourdet sur Paye ton taf. La raison d’un tel chiffre est simple, d’après elle :

“Le sexisme touche tellement de gens et on a tellement l’occasion de s’exprimer et de témoigner là-dessus que dès qu’une plateforme ouvre, elle est prise d’assaut.”

http://payetontaf.tumblr.com/post/153427710448/si-tu-continues-de-thabiller-comme-ça-je-vais-te

http://payetontaf.tumblr.com/post/153435142918/si-elle-avait-mis-une-photo-sur-son-cv-je-ne

http://payetontaf.tumblr.com/post/153427386063/oh-tas-tes-règles-ou-quoi-pourtant-jai-pas

Les filles, vous n’êtes pas seules

L’objectif de Paye ton taf (PTT) est donc le même que Paye ta shnek (PTS) : faire prendre conscience à toutes les femmes qu’elles ne sont pas seules à se retrouver dans des situations gênantes voire malsaines, à cause de leur genre, dans le milieu professionnel. En effet, selon Anaïs Bourdet, le déni persiste aujourd’hui :

“Quand on est victime de sexisme et qu’on le raconte, on nous souvent reproche d’exagérer, d’être parano ou d’y être pour quelque chose. Mais quand on lit 300 témoignages issus de professions très variées, on ne peut plus dire que le sexisme au travail n’existe pas.”

Tout le monde peut agir contre le sexisme au travail, et très facilement. Pour Anaïs, lorsqu’on est témoin d’un acte sexiste, on peut par exemple proposer son soutien à la victime pour faire face à l’agresseur. Et surtout, il ne faut “ jamais tolérer un comportement ou un propos sexiste” et “ne pas fermer les yeux”. En rigolant à chaque blague sexiste, on perpétue le problème”, ajoute-t-elle.

Quatre années après le premier post sur Paye ta schnek, sa créatrice pose un constat toujours aussi dur et violent en ce qui concerne les problèmes de discrimination et de sexisme dans la vie de tous les jours : “J’aurais aussi pu ouvrir un Tumblr Paye tes proches, pour permettre aux gens de partager leur expérience au sein de leur entourage privé.” Le sexisme est encore partout, et il y a de quoi être découragé. Mais Anaïs Bourdet a aussi noté une belle évolution :

Je vois de plus en plus de personnes se revendiquer féministes, avoir moins de problèmes avec ce mot et retrouver la vision qu’on avait de ce mouvement auparavant, qui était celle d’une lutte utile”. 

Optimiste ? Oui, sans aucun doute : “J‘ai espoir que ça change parce que j’ai profondément confiance dans le fait qu’on peut être entendue, confie-t-elle. On peut trouver des solutions à ces problèmes.”