OKLM, les douanes australiennes détruisent un herbier français vieux de deux siècles

OKLM, les douanes australiennes détruisent un herbier français vieux de deux siècles

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Une centaine de plantes appartenant au Muséum national d’histoire naturelle, réunies dans un herbier datant du XIXe siècle, ont été incinérées par les douanes australiennes. Il s’agit d’une perte d’une valeur inestimable pour les scientifiques.


Visiblement, tout le monde n’a pas le même sens de la valeur, de la biodiversité et de l’Histoire. En Australie, les douanes ont détruit un herbier envoyé par le Muséum d’histoire national d’histoire naturelle (MNHN) à des scientifiques de l’herbarium de Brisbane (dans l’État du Queensland), dans le cadre d’une précaution appliquée par le service de quarantaine. Le précieux ouvrage avait été prêté pour être numérisé.
En Australie, les plantes, les aliments et même les animaux importés ou circulant sur le territoire (et même entre les États) sont strictement contrôlés. Rappelez-vous l’affaire du chien de Johnny Depp et Amber Heard : le couple avait dû s’excuser platement d’avoir “oublié” de déclarer son chien à la douane australienne et plaider coupable à ce manquement aux règles de biosécurité du pays… Sauf que dans le cas du chien de Johnny, bah… 1) on s’en fout un peu ; et 2) le couple avait en effet “oublié” de déclarer son chien (et celui-ci n’a d’ailleurs pas été abattu sommairement).
Dans le cas de l’herbier français, on parle d’un patrimoine scientifique et historique vieux de 230 ans, qui faisait l’objet d’un prêt du MNHN à des scientifiques australiens pour faire avancer la recherche internationale. Autant dire que l’image du pays est considérablement écornée puisque les autorités n’ont à aucun moment prévenu les services concernés.

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“Une perte irréparable”

Au cours d’une procédure floue datant de mars dernier, ce sont donc 105 échantillons de l’herbier français qui ont été détruits, entraînant la consternation des chercheurs français et australiens. En effet, certains de ces spécimens étaient si rares et anciens qu’ils n’existent probablement plus aujourd’hui :

“C’est une perte irréparable […] Dans cet herbier, il y avait six spécimens types, c’est-à-dire des spécimens de référence, qui portent absolument tous les critères permettant de décrire une plante […] On a détruit des indices de la biodiversité d’il y a 200 ans, qui sont importants quand on veut étudier les changements climatiques”, déplore Michel Guiraud, directeur des collections du Muséum, au micro de FranceInfo.

Selon le Guardian, il manquait des documents pour passer la douane afin de certifier que les spécimens ne contenaient pas de microbes. Or cette procédure courante pour l’importation de fruits tropicaux, d’animaux vivants ou de plantes fraîches ne concernerait pas les herbiers. Néanmoins, le conservateur affirme avoir fait parvenir ces papiers à la demande de la douane, sans résultat : “Le service de quarantaine a déclaré que les papiers n’étaient pas conformes. Sa seule réponse a été de détruire les plantes sans même chercher une autre solution.”
Une procédure sommaire et visiblement inconséquente. Le MNHN compte faire appel au département australien de l’Agriculture pour demander des explications et suspendre les prêts vers certains pays. Maigre consolation : la version numérisée du précieux herbier, elle, demeure.