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Etude : un mathématicien a enfin trouvé l’équation du hipster

Etude : un mathématicien a enfin trouvé l’équation du hipster

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Par François Oulac

Publié le

Les individus “mainstream”… et les autres

Selon le mathématicien, le comportement hipster est déterminé par deux facteurs : la tendance et le délai de communication. Contacté par Konbini, il s’explique :

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Chaque individu évalue une certaine tendance. Il y a les individus plutôt mainstream, qui détectent la tendance et agissent de façon à s’aligner avec celle-ci. Et il y a ceux qui se détachent de la tendance, une fois celle-ci détectée.

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Exemple concret, il est dans la tendance de ne pas porter de bonnet à l’intérieur d’une maison. La plupart des individus vont donc se conformer à cette tendance. Le hipster va s’en détacher et garder son bonnet en boîte de nuit. Là où les choses se compliquent, explique Jonathan Touboul, c’est qu’il faut du temps aux individus pour détecter la tendance :

Dès qu’on introduit ces délais, on se rend compte qu’ils se détachent tous de la tendance en même temps.

“Si tout le monde veut être différent, on fait tous la même chose”

Et plus les délais sont longs, plus le phénomène s’amplifie, souligne le chercheur. Vous vous trouvez seul dans une pièce avec un individu sans bonnet : vous vous distinguez immédiatement en enfilant votre couvre-chef. Vous vous trouvez dans une ville, un pays, une société aux codes complexes et foisonnants : vous prenez un peu plus de temps à comprendre que le cool aujourd’hui c’est de boutonner sa chemise jusqu’au menton.
Problème : vous n’êtes pas le seul à souffrir de ce temps de latence. Résultat, vous réagissez en même temps que des milliers d’autres personnes, expose Jonathan Touboul :

Les hipsters agissent sans voir que les autres le font également.

Et lorsque vous vous rendez compte qu’avoir un téléphone à clapet est redevenu hype, c’est trop tard : la société aussi. Tout le monde change tout le temps son fusil d’épaule en même temps. En résulte un mouvement “d’oscillation” de masse que le chercheur illustre par moult graphiques. Jonathan Touboul résume ainsi le drame du hipster :

Si tout le monde veut être différent, on fait tous la même chose.

Métaphore hipster

On voit d’ici les réactions possibles à ce très sérieux article : la culture ne se résume pas à des choix vestimentaires et la sociologie n’est pas qu’une affaire de chiffres. Mais comme le souligne le mathématicien, il ne s’agit pas tant ici d’analyser les hipsters que d’étudier “des agents qui peuvent être dans deux états : différent ou similaire” :

C’est plus un papier de maths que de sociologie. Je voulais répondre à la question : est-il possible d’être différent dans de grands systèmes d’agents qui interagissent ? C’est un problème que les mathématiques et les neurosciences étudient souvent, notamment dans la finance. Pour un trader, il vaut mieux acheter quand tout le monde veut vendre et vice-versa.

Pour Jonathan Touboul, les hipsters constituaient donc la métaphore idéale. Donc pour ne plus être un mouton en 2014, abandonnez le look hipster et optez pour le normcore. Non attendez, le temps que vous fassiez ça, ce sera à nouveau mainstream. Donc restez hipster. Non attendez, peut-être pas. Bon, démerdez-vous.