D’une manifestation à sa mort, le destin révoltant de Shaïmaa al-Sabbagh

D’une manifestation à sa mort, le destin révoltant de Shaïmaa al-Sabbagh

photo de profil

Par Rachid Majdoub

Publié le

Alors qu’elle commémorait la révolte égyptienne de 2011, Shaïmaa al-Sabbagh a été assassinée par la police, dans les bras de son mari, fleurs à la main. De sa manifestation pacifique à ses funérailles, retour sur son tragique destin, raconté en images par Twitter.
Qui a parlé de “processus démocratique” en Égypte ? Quatre ans après le soulèvement de la place Tahrir, il n’en est toujours rien. La preuve en est avec le tragique destin de Shaïmaa al-Sabbagh. Morte pour la paix. Assassinée par la police égyptienne, fleurs à la main, dans les bras d’un autre manifestant, qui pourrait être son mari…
Son “crime” ? Avoir commémoré pacifiquement les manifestations de la place Tahrir – qui avaient conduit à la chute d’Hosni Moubarak –, à la veille de l’anniversaire de cette révolte de 2011. Shaïmaa al-Sabbagh est depuis devenue un symbole de la révolution égyptienne. De sa manifestation pacifique à ses funérailles, voici le triste destin de la jeune égyptienne, raconté en images par les internautes.

À voir aussi sur Konbini

Une manifestante parmi d’autres…

Nous sommes le samedi 24 janvier 2015. Le parti de gauche “l’alliance populaire socialiste” investit les rues du Caire pour commémorer la révolution égyptienne du 25 janvier 2011, qui avait abouti à la démission du président Hosni Moubarak et à une libéralisation du régime.
Les manifestants sont nombreux. Parmi eux, une jeune Alexandrine de 34 ans : Shaïmaa al-Sabbagh. Pancarte et fleurs en mains, elle milite pacifiquement.


… tuée par la police dans les bras de son mari

Les manifestants ne s’attendaient pas à ce que des tirs de chevrotine viennent troubler leur rassemblement. Au mauvais endroit, au mauvais moment, Shaïmaa al-Sabbagh est touchée. Un photographe de l’agence Reuters immortalise le moment.
Les clichés sont durs. La scène insoutenable. La jeune égyptienne, le visage ensanglanté, agonise dans les bras de celui qui pourrait être son mari et père de son enfant, et dont on peut lire l’incompréhension et la détresse. Elle décédera quelques minutes plus tard.


Et que dire, de la désinvolture de ce passant…
Ces photos sont relayées dans le monde entier, qui s’insurge de l’assassinat de cette innocente. D’autres images, tout aussi choquantes, continuent d’être partagées sur les réseaux sociaux.



Même destin pour un gamin, et une vingtaine de personnes…

Tout comme Shaïmaa al-Sabbagh, d’autres citoyens égyptiens ont été victimes des tirs de la police. Au total, près de vingt manifestants ont perdu la vie ce jour-là lors de heurts avec les forces de l’ordre. Parmi eux, un petit garçon, également décédé des suites de ses blessures.


La détresse des Égyptiens suite à ces tragiques assassinats, en une image :

… eux aussi assassinés par des policiers

Une vidéo montre le déroulement de la scène. Au premier plan, des policiers armés. Au deuxième plan, les manifestants, fuyant les tirs des forces de l’ordre. Parmi la foule, une personne tombe à terre, blessée mortellement. Il s’agit de Shaïmaa al-Sabbagh.


Les images sont claires : la police a mené l’assaut, pour disperser la manifestation. Les déclarations des militants vont également dans ce sens.

Et pourtant, le gouvernement tente coûte que coûte de mettre hors de cause la police égyptienne, allant à l’encontre du document amateur. Le ministère de l’Intérieur égyptien dément fermement les accusations. Un de ses responsables a déclaré à l’AFP qu’“aucune arme, qu’il s’agisse de fusils à chevrotine ou à balles de caoutchouc, n’a été utilisée. Il s’agissait d’une petite manifestation qui ne nécessitait pas le recours à de telles armes. Il n’y a eu que deux tirs de gaz lacrymogènes”.
Depuis quand des “tirs de gaz lacrymogènes” peuvent-ils blesser mortellement ? Le ministère de l’Intérieur égyptien ne s’arrête pas là. Selon Le Figaro, il “va même jusqu’à insinuer que des “éléments terroristes”, sous-entendus des Frères Musulmans – bêtes noires du pouvoir depuis l’éviction par l’armée du président Morsi, en 2013 – auraient “infiltrés” le rassemblement”.

Le pouvoir dit enquêter…

Une enquête va être ouverte, selon le Premier ministre égyptien Ibrahim Mahlab.

… pendant que les funérailles de Shaïmaa al-Sabbagh ont lieu