L’émoji maté sur le point d’être approuvé

L’émoji maté sur le point d’être approuvé

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Par Pierre Schneidermann

Publié le

Mais il aura fallu 40 pages de plaidoyer.

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Chaque année, le consortium Unicode (section émojis) intronise de nouveaux candidats. En 2018, 157 petits nouveaux débarquaient, pour un total de 2 823 émojis. Huge !

Quartz nous apprend que l’émoji maté fera peut-être partie du cru 2019. La boisson, très populaire en Amérique latine, a passé la première qualif en mai. Il y a 99 % de chances pour que l’émoji soit définitivement validé en septembre.

La nouvelle est réjouissante surtout pour ceux qui aiment le maté. Les amateurs des deux autres grandes boissons caféinées, le café (☕ ) et/ou le thé (🍵), resteront probablement indifférents, et on les comprend.

Il y a quand même une info qui peut intéresser tout le monde. Monter un dossier pour proposer un émoji, c’est coton. Quartz nous livre le lien vers le PDF du dossier maté. Il fait quarante pages, a été compilé par cinq auteurs principaux (deux journalistes, deux designers et une spécialiste en diversité des émojis) et a fait appel à plus de quarante collaborateurs extérieurs.

Le dossier vise à démontrer que le maté est quelque chose d’absolument incontournable. La liste de la nature des arguments est impressionnante :

  • Nous avons des arguments d’ordre économique, du genre : “En 2016, 113 pays ont importé du maté” ou encore “En 2010, la Syrie était le deuxième importateur mondial de maté“.
  • Le dossier insiste aussi lourdement sur l’ancrage culturel du maté, de la fréquence des requêtes sur les moteurs de recherche aux stars du monde entier qui en sirotent, d’Antoine Griezmann à Barack Obama.
  • Le maté a aussi un enracinement linguistique fort, apprend-on. Exemple : “Está del mate” signifie “Cette personne est complètement folle” ; “Tiene todo en el mate” peut se traduire par “Cette personne est un génie“.
  • Le dossier a jugé bon de faire un récapitulatif de toutes les demandes passées, des pétitions (au nombre de 4 !) aux hashtags populaires #EmojiMate, #UnEmojiParaElMate et #EmojiDelMate.

Enfin, pour recontextualiser le tout, le dossier rappelle d’où vient, historiquement, le maté. On découvrira, par exemple que l’herbe provient originellement de la forêt tropicale sud-américaine et que les missionnaires jésuites, aux XVIIe et XVIIIe siècles, ont contribué au déploiement de la plante sur des terres cultivées.

Que ce dossier ne vous dissuade pas de faire, vous aussi, un jour, une proposition d’émoji. Immense doit être la joie de participer au mouvement de la grande Histoire. Si vous avez besoin d’aide, je m’engage personnellement à vous porter secours. Cela fera une petite histoire à raconter.