L’anhédonie musicale, la maladie cérébrale qui rend insensible à la musique

L’anhédonie musicale, la maladie cérébrale qui rend insensible à la musique

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Par Thibault Prévost

Publié le

Cette maladie, qui touche 3 à 5 % de la population, proviendrait d’une absence de connexion entre les régions cérébrales du son et de la récompense.

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On connaît tous un mec qui, peu importe ce qu’on lui met entre les oreilles, haussera les épaules d’un ton parfaitement détaché en rétorquant “oh, moi, la musique, c’est pas trop mon truc”, ce qui nous semblera à peu près aussi normal que d’entendre quelqu’un déclarer qu’il n’est pas hyper-fan de l’oxygène ou qu’il ne comprend pas ce que tout le monde trouve de si intéressant à l’existence. Sachez que dans 3 à 5 % des cas, l’individu en question souffre d’une maladie cérébrale, appelée anhédonie musicale, qui rend totalement imperméable à la richesse infinie des sensations musicales.

En mars 2014, une étude menée conjointement par l’université de Barcelone et l’université McGill de Montréal et publiée dans la revue Current Biology identifiait pour la première fois cette maladie et publiait même un questionnaire pour que chacun puisse estimer son niveau de sensibilité musicale. En septembre dernier, les mêmes équipes ont publié de nouveaux résultats, qui permettent de mieux comprendre l’origine de cette maladie cérébrale.

Le processus de récompense ne suit pas un chemin unique à travers le cerveau

En plaçant 45 participants identifiés comme insensibles à la musique dans un appareil IRM tout en leur passant une playlist (Beethoven, Les Choristes…), les chercheurs ont réalisé que chez ceux qui se déclaraient insensibles, la zone du cerveau liée à la récompense voyait son activité diminuer, alors même qu’elle fonctionnait parfaitement bien dans d’autres cas (dans le cas présent, un gain d’argent réel lors d’un jeu de pari). À l’inverse, chez ceux qui se déclaraient particulièrement sensibles à la musique, l’activité de cette même zone augmentait par rapport au jeu d’argent. Ces résultats, qui peuvent paraître “évidents”, prouvent néanmoins que le processus de récompense ne suit pas un chemin unique à travers le cerveau et permettent donc de mieux comprendre le lien entre connectivité cérébrale et dépression, autisme et autres déficits cognitifs. Maintenant vous saurez : ceux qui disent ne pas aimer la musique ne l’aiment biologiquement pas.