La forêt de Sherwood est menacée par une société pétrochimique

La forêt de Sherwood est menacée par une société pétrochimique

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Oh-de-lally! (©Disney)

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Le géant suisse de l’industrie pétrochimique Ineos serait en bonne voie pour s’implanter dans la forêt de Robin des bois afin d’y extraire du gaz de schiste. Une pétition contre le projet a été lancée. 

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Selon une enquête de l’ONG internationale de protection de l’environnement les Amis de la Terre, la célèbre forêt de Sherwood, associée à la légende de Robin des bois, serait en péril. En effet, les experts de la société de pétrochimie Ineos seraient en contact avec la Commission des forêts du Royaume-Uni depuis août 2016, afin de négocier un accès à ces terres.

Selon l’association, la société chercherait à y effectuer des études sismiques, une façon de prospecter en amont sur la qualité des sols en vue d’une potentielle exploitation des réserves de gaz de schiste, grâce à la méthode de la fracturation hydraulique. Cette méthode d’extraction d’hydrocarbures, pour l’instant interdite en France, est autorisée au Royaume-Uni. Elle consiste à forer des puits et à y injecter un mélange d’eau, de sable et d’additifs chimiques sous haute pression, afin de fracturer les roches souterraines et d’en extraire des gaz naturels.

Selon les documents dont disposent les Amis de la Terre, Ineos pourrait alors s’emparer des terres de la forêt de Sherwood – riches en chênes, bouleaux et fougères centenaires – pourtant désignée en tant que réserve naturelle depuis 2002. Les plans obtenus par l’association montrent que des zones historiques seraient menacées, comme le célèbre Major Oak, un chêne vieux de 800 ans qui, selon le folklore, aurait abrité les amours de Robin des bois et de la belle Marianne.

Une méthode controversée

L’ONG s’inquiète de cet intérêt de la société pétrochimique pour la légendaire forêt de Sherwood et de ses potentielles conséquences néfastes sur l’environnement. En effet, la méthode du “fracking” est fortement controversée, en raison des impacts écologiques auxquels elle a été associée, notamment aux États-Unis et au Canada où son implication dans de nombreux séismes est désormais reconnue (jusqu’à trois par jour dans certaines régions !), ainsi que dans la pollution des sols.

Par ailleurs, cette méthode est aussi considérée comme peu durable, puisqu’il faut entre 10 000 et 15 000 mètres cubes d’eau (soit de 10 à 15 millions de litres) pour forer chaque puits (chaque forage de puits inclut en moyenne 10 fracturations), soit l’équivalent du volume de quatre piscines olympiques. Tous ces éléments ont donc conduit l’ONG à lancer une pétition pour inciter les citoyens à s’opposer aux projets d’Ineos.

Si la technique de la fracturation hydraulique fait l’objet d’une médiatisation récente, elle est connue par les professionnels du secteur pétrolier depuis 70 ans. Mais de récents scandales ont contribué à faire émerger le doute sur la dangerosité de cette méthode, notamment grâce au documentaire Gasland réalisé par Josh Fox et sorti en 2010, qui fait état des conséquences sanitaires et environnementales désastreuses de cette industrie.