En Inde, le mouvement “Kiss of Love” a été lancé pour manifester contre le contrôle moral qui considère, entre autres, que s’embrasser en public relève du vulgaire.
#KissOfLove: Protest against moral policing in #Kolkata http://t.co/8mGGYtNIw5 pic.twitter.com/03D6zV6HwN
— Hindustan Times (@htTweets) 5 Novembre 2014
Le mouvement “Kiss Of Love” a commencé le 24 octobre dernier après la diffusion d’un reportage sur Jaihind TV, une chaîne privée indienne. Le sujet portait sur ces cafés et restaurants à Kozhikode, dans l’État du Kerala au sud de l’Inde, devenus des centres d'”activités immorales“, en témoignent les images dévoilant un couple en train de s’embrasser dans un des établissements.
Des membres du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata, en accord avec les propos tenus dans le reportage, ont alors saccagé l’établissement en question afin de rappeler qu’en Inde, les témoignages d’affection dans un lieu public sont considérés comme des actes vulgaires. “Même dans les films de Bollywood, les scènes de baiser sont perçues comme révolutionnaires, bien que la tendance soit en train de changer“, rappelle Global Voices.
C’est donc pour répondre à leur tour à ces attaques jugées inadmissibles que de jeunes indiens ont décidé de lancer le jour-même la page Facebook Kiss Of Love (baiser d’amour, en français). En l’espace de deux semaines, ce sont plus de 90 000 personnes qui ont liké la page du tout nouveau mouvement qui résume ses intentions de la sorte :
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Le contrôle moral est une activité criminelle. La plupart des partis politiques et des organisations religieuses tentent de l’exercer. Des jeunes se réunissent, main dans la main, pour prouver à la société que s’embrasser est le symbole de l’amour.
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Le “Kiss of love” de #kochi a pris un tour violent : les flics ont sorti les lathis [bâtons] et ont arrêté des gens.
Une manifestation fortement réprimée
Pour soutenir le mouvement déjà bien ancré sur le web, plusieurs personnes devaient se réunir le 2 novembre à Kochi, capitale de l’État du Kerala, afin de sensibiliser les passants au thème du contrôle moral en s’embrassant dans l’espace public tout gardant un minimum de retenue.
Les organisateurs du mouvement n’ont même pas eu le temps de s’installer que les échauffourées entre pro et anti “Kiss of love” commençaient à se faire violentes. En effet, la centaine de manifestants s’est retrouvée face à une horde de personnes visiblement en désaccord total avec leur lutte, comme raconte Farmis Hashim, ingénieur et organisateur du mouvement, à France 24 :
Il y avait des milliers de personnes sur place, bien plus que ce à quoi nous nous attendions. Et parmi eux, seulement quelques centaines étaient venus nous soutenir, les autres étaient clairement contre nous.
Ils venaient de groupes de droite et d’organisations religieuses extrémistes. Habituellement, les extrémistes hindous et musulmans sont les uns contre les autres, mais là ils se sont alliés contre nous. Ils brandissaient des bâtons, des barres de fer et des pierres. C’était effrayant, ils avaient l’air prêts à nous tuer.
De nombreux manifestants ont alors été embraqués par la police, ce qui ne les a pas empêchés de continuer à s’embrasser.
Arrested #KissOfLove protesters continue to kiss inside Police Station after they were arrested #Kerala pic.twitter.com/hSPhqPAuXm
— Arun (@Charakan) 2 Novembre 2014
Les manifestants de Kiss of love ont continué à s’embrasser dans la station de police après avoir été arrêtés.
Sur les réseaux sociaux, le mouvement continue
Depuis, les organisateurs alimentent régulièrement les réseaux sociaux pour que le mouvement prenne de l’ampleur :
Le succès de notre mouvement est un exemple de la façon dont les réseaux sociaux peuvent aider à la sensibilisation sur les injustices sociales et rassembler les gens pour une cause commune. Nous espérons que dans l’avenir, Kerala sera témoin de manifestations encore plus organisées en utilisant les réseaux sociaux.
Au passage, ils n’oublient pas de rappeler dans un communiqué sur leur page Facebook que “le seul motif de notre campagne est de s’opposer au fascisme culturel et aux mouvement fondamentalistes et réactionnaires qui encouragent la police morale, obstacle majeur à la liberté individuelle en Inde. Pour cela, nous utilisons les méthodes démocratiques reconnues par la Constitution indienne“, insistent-t-ils.
Et comme chaque mouvement qui utilise les réseaux sociaux pour avoir une répercussion plus large, les organisateurs ont lancé sur Twitter le hashtag #KissOfLove, accompagné la plupart du temps d’une photo où deux personnes se font un véritable “baiser d’amour”.
Est-ce qu’on peut organiser une manifestation Kiss of Love à Bombay ? Nous devons nous débarrasser de cela, Shiv Sena n’est pas encore au gouvernement.
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Peu importe s’il y a eu beaucoup de gens à Kiss of love, le mouvement a déjà créé le buzz et un peu de conscience aussi, bon travail les organisateurs.
Doesn't matter if #KissOfLove has large turnout or not, it has already created the buzz and some awareness too, good job organizers 🙂
— VenkateshThyagarajan (@myjino) 2 Novembre 2014
La liste de tweets de soutien est encore longue, les messages se suivant et se répétant, montrant une forte participation à la campagne Kiss of love :
I'm Kerala, people are being arrested for kissing. I'm too stunned to even make a sarcastic comment about it. #KissofLove
— Gaurav Sabnis (@gauravsabnis) 2 Novembre 2014
I support #KissOfLove not for a chance of kissing anyone in public but 4 protesting against Moral police.I'm already married & have a kid:)
— Jabeen (@jabeen_sh) 29 Octobre 2014
#KissofLove is not about people supporting public kiss,this is clearly a non-violent protest against the stupid moral policing activists!
— ബോബ് മുരളി (@NeutralGuy42) 2 Novembre 2014