Au Royaume-Uni, la loi Alan Turing va gracier à titre posthume 49 000 homosexuels condamnés pour “perversion”

Au Royaume-Uni, la loi Alan Turing va gracier à titre posthume 49 000 homosexuels condamnés pour “perversion”

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Par Daan

Publié le

Des milliers d’homosexuels et de bisexuels qui furent condamnés pour “indécence manifeste” et “perversion sexuelle” au Royaume-Uni vont être pardonnés de façon posthume.

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Rendue connue dans le monde entier grâce à l’excellent film Imitation Game, l’histoire d’Alan Turing a ému le monde entier. Joué par Benedict Cumberbatch, ce génie de l’informatique a créé l’un des premiers ordinateurs au monde, afin de déchiffrer les codes utilisés par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Ouvertement homosexuel, il fut jugé coupable “d’indécence manifeste et de perversion sexuelle” en 1952. Il choisit la castration chimique au lieu de la prison, et mourut empoisonné peu de temps après.

En 2009, une campagne en ligne a poussé le Premier ministre Gordon Brown à s’excuser publiquement, au nom du gouvernement, pour l’horrible traitement qu’il a subi, et la reine Elizabeth II lui a accordé un pardon posthume en 2013.

Symboliquement baptisé “loi Alan Turing”, un projet d’amendement du gouvernement de Theresa May va accorder le même pardon à 49 000 hommes décédés et ayant été condamnés pour les mêmes raisons, jusqu’à l’abolition de la législation anti-homosexuelle (en 1967 en Angleterre et au Pays de Galles, en 1980 en Écosse et en 1982 en Irlande).

“Un moment capital”

John Sharkey, le membre de la Chambre des lords à l’origine de cette proposition d’amendement, a qualifié ce moment de “capital pour les milliers de familles de part et d’autre du Royaume-Uni qui ont fait campagne à ce sujet pendant des décennies” :

“C’est merveilleux que nous ayons réussi à étendre le pardon accordé à Alan Turing à des milliers d’hommes condamnés pour perversion sexuelle, avant que l’homosexualité ne soit décriminalisée, à une époque où ce n’est plus un crime.”

Ce changement de législation montre que le gouvernement prend en compte les appels de la communauté LGBTQ. La bonne nouvelle a beaucoup été commentée sur Twitter :

“Une grande victoire pour les militants en faveur du pardon de ceux condamnés pour perversion.”

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“Victoire avec la loi Alan Turing. Merci à tous ceux qui ont soutenus cette campagne pour le pardon de milliers d’hommes gays.”

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“Mieux vaut tard que jamais j’imagine. Alan Turing était un héros et un génie mathématique.”

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“Aujourd’hui est un grand jour pour la communauté LGBT et le passage de la loi Alan Turing,. L’amour gagne toujours.”

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Cependant, cette loi est insuffisante pour certains. C’est le cas par exemple de Stonewall, une association qui milite pour les droits des LGBT. Si elle se félicite de cette décision, elle est loin de s’en contenter comme l’affirme un communiqué :

“Le moment est venu pour le gouvernement de combiner ce pardon avec des excuses à tous ceux qui ont été affectés par cette loi injuste.”

En effet, 16 000 personnes condamnées par l’ancienne législation homophobe sont encore vivantes. George Montague, condamné en 1974 pour “perversion”, a confirmé à la BBC qu’il préférerait des excuses à un pardon :

“Accepter le pardon revient à admettre qu’on était coupable. Je n’étais coupable de rien. Juste d’être au mauvais endroit au mauvais moment.”

Le sous-secrétaire du ministère de la Justice, Sam Gyimah, a déclaré que le gouvernement cherche à mettre en place un amendement au code pénal qui contiendrait des excuses, mais pas de loi dédiée.

“Un pardon posthume à Alan Turing me semble douteux. On pardonne quelqu’un qui a fait quelque chose de mal.”

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Traduit de l’anglais par Sophie Janinet