Nasim Aghdam, une jeune femme de 38 originaire de Caroline du Sud, a ouvert le feu mardi midi au siège de YouTube à San Bruno avant de se donner la mort.
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Au moins quatre personnes ont été blessées et une autre tuée par balle mardi 3 avril suite à une fusillade au siège californien de YouTube, situé dans la ville de San Bruno, au sud de San Francisco. Selon les premières informations rendues disponibles par les forces de police, la tireuse serait une jeune femme – fait rarissime aux États-Unis – de 38 ans originaire de Caroline du Sud, Nasim Aghdam, qui se serait donné la mort avec son arme suite à son attaque, selon CNBC.
S’il est encore trop tôt pour connaître exactement les motifs et le déroulé de l’attaque, il semble que la jeune femme, qui animait plusieurs chaînes YouTube sous différents pseudonymes, s’en serait prise aux employés pour protester contre les nouvelles règles de monétisation des vidéos de la plateforme.
Selon le responsable de la police de San Bruno, Ed Barberini, les forces de l’ordre sont arrivées sur les lieux de la fusillade à 12 h 48, alors que des employés étaient en train de fuir le bâtiment. Une première victime a été retrouvée à l’extérieur, une près de l’entrée et deux autres dans des bâtiments adjacents.
Signe de la panique ambiante, la quatrième personne se serait blessée toute seule à la cheville en fuyant la scène. Selon toute vraisemblance, l’attaque se serait produite dans “une cour intérieure” où déjeunent habituellement les employés de la filiale de Google.
Selon CNN, la tireuse “a semblé tirer sur une personne en particulier” et l’objectif de l’attaque n’était pas de faire un maximum de victimes, même si la police a quant à elle indiqué qu’il n’y avait “pas encore de preuve que le tireur connaissait spécifiquement les victimes“.
Selon le témoignage d’une cuisinière de 35 ans, Lajeana Johnson, recueilli par Le Monde, la femme était vêtue de noir, portait une casquette et “marchait tranquillement” lorsqu’elle a sorti son arme de son sac, tirant “deux séries d’une dizaine de coups de feu”.
Véganisme, parodies et monétisation
Alors que les fusillades américaines sont dernièrement le fait de tireurs issus de la mouvance du suprémacisme blanc (comme Nikolas Cruz, responsable de la tuerie de Parkland, le 14 février dernier), le profil de Nasim Aghdam est extrêmement distinct.
Selon les différentes captures d’écran effectuées par les médias américains avant leur suppression par les plateformes de diffusion, la jeune femme était une vidéaste assidue, qui animait plusieurs chaînes YouTube sous différents pseudonymes ainsi qu’un site personnel, NasimeSabz.com, qui regroupe ses différents centres d’intérêt.
Outre la défense de la cause animale et celle du véganisme, la jeune femme poste également des messages à caractère plus “politique” où elle s’insurge contre la mise à jour des conditions de monétisation des vidéos de YouTube, annoncées le 20 février dernier. Pour lutter contre la prolifération de vidéos extrémistes qui généraient du profit grâce aux clics, la plateforme avait décidé de durcir ses règles de monétisation, rendant aux youtubeurs la tâche plus difficile.
Sur la homepage de son site, Aghdam s’était fendue d’un article dans lequel elle comparait implicitement YouTube à un régime dictatorial et expliquant que “les vidéos d’utilisateurs ciblés sont filtrées et reléguées au second plan, pour que les gens puissent à peine y accéder”.
Enfin, dans une vidéo obtenue par NBC, on peut voir la jeune femme pester contre la plateforme, face caméra, expliquant qu’elle est “discriminée et filtrée”. S’exprimant à la fois en anglais, en turc et en farsi, elle reprochait dernièrement aux “nouveaux employés étroits d’esprit de YouTube” d’avoir commencé à filtrer ses contenus en farsi (pour rappel, la langue parlée en Iran).
Disparue depuis samedi
Outre la critique de YouTube et la défense du véganisme, Aghdam se filmait, souvent sur fond vert ou avec des animaux dans les bras, pour parler de mode, d’artisanat, ou pour se mettre en scène dans des parodies de Taylor Swift ou dans des exercices de fitness. À l’heure actuelle, ses comptes Facebook, Instagram et YouTube ont tous été désactivés, et seuls subsistent son site personnel et… sa chaîne Dailymotion.
Selon le témoignage de son père, Ismail Aghdam, la jeune femme aurait confié à sa famille il y a quelques semaines qu’elle était “en colère” contre YouTube depuis que la plateforme avait cessé de la rétribuer pour son contenu. Selon son frère, Sharhran Aghdam, le site de vidéos lui avait “gâché la vie”. Dans les jours précédant l’attaque, Nasim Aghdam avait disparu depuis samedi et avait été signalée et contrôlée par la police de Mountain View – là où se trouve le siège de Google —, qui l’avait trouvée endormie dans sa voiture.
