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On y est : Foxconn, fabriquant de l’iPhone, remplace 60 000 ouvriers par des robots

On y est : Foxconn, fabriquant de l’iPhone, remplace 60 000 ouvriers par des robots

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Par Rachid Majdoub

Publié le

Foxconn, plus grand fabricant mondial de matériel informatique et notamment producteur de l’iPhone, a mis en marche ses promesses : remplacer ses ouvriers par des robots.

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Réduire les coûts de production, tout en accélérant la vitesse de cette dernière : tel est l’enjeu pour maintes entreprises. Et comme si ses 139 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2015 ne lui suffisaient pas, Foxconn, plus grand fabriquant mondial de matériel informatique, qui a sûrement produit l’iPhone sur lequel tu lis ça, remplace 60 000 de ses 110 000 ouvriers par des robots. Soit 58 % du personnel d’une des nombreuses usines du groupe industriel taïwanais, principalement implanté en République populaire de Chine, dans la ville de Shenzhen notamment. En tout, ce sont près de 1,3 million de personnes qui travaillent pour le plus grand employeur au monde.

Surnommée “l’usine du suicide” par certains employés, Foxconn tue sa main-d’œuvre à petit feu. Son objectif, aussi dantesque que terrifiant, avait été fixé dès 2014 par son PDG, Terry Gou : remplacer, à terme, un million d’êtres humains par un million de machines. Après l’avoir annoncé en 2012, la société orchestrait deux ans plus tard l’arrivée de 10 000 “Foxbots” (disons les cousins éloignés des robots assembleurs de voitures) pour commencer, censés “aider” les ouvriers à élaborer de futurs produits comme l’iPhone 6. Pas assez précis techniquement par rapport aux exigences d’Apple, les “Foxbots” sont retirés dans la foulée, le temps d’être améliorés. À ce moment-là, l’homme était encore irremplaçable… jusqu’à aujourd’hui.

Apple suit financièrement

Les raisons de ce grand remplacement sont simples : un robot coûte moins cher qu’un salarié, tout en produisant davantage. Le coût de production d’une telle machine est estimé entre 18 000 et 22 000 euros, pour 30 000 smartphones élaborés par an par tête de ferraille.

Cette réduction des coûts de main-d’œuvre, Apple y participe : l’entreprise californienne avait signé un chèque de 10,5 milliards de dollars (environ 9,3 milliards d’euros) pour aider Foxconn à moderniser sa chaîne de production – selon son rapport financier de son exercice fiscal en 2013 –, et assembler ses iPhone, ainsi que divers produits pour d’autres marques. Amazon, Dell, Google, Hewlett-Packard, Microsoft, Motorola, Nintendo, Nokia, Sony Mobile ou Toshiba font aussi appel à Foxconn, qui élabore des cartes mères, des cartes graphiques, des PC de bureau, des serveurs, des routeurs comme la Neufbox de SFR ou la Bbox de Bouygues. On lui doit aussi la fabrication des Google Glass, entre autres.

À travers un communiqué adressé à la BBC, Foxconn nie toute suppression d’emplois à long terme, malgré l’automatisation de “plusieurs des tâches de fabrication associées à [leurs] opérations“.

 “Nous appliquons la robotique d’ingénierie et d’autres technologies de fabrication innovantes pour remplacer les tâches répétitives précédemment effectuées par les employés. Et par la formation, nous permettons également à nos employés de se concentrer sur des éléments à plus forte valeur ajoutée dans le processus de fabrication, tels que la recherche et le développement, le contrôle des processus et le contrôle de la qualité.

Nous allons continuer d’exploiter l’automatisation et la main-d’œuvre dans nos opérations de fabrication, et nous nous attendons à maintenir notre importante main-d’œuvre en Chine.”

Il y a ceux qui, comme Foxconn, promettent de préserver la main-d’œuvre, voire de l’étoffer davantage grâce à l’arrivée des robots, et il y a les plus sceptiques, ou réalistes, disons. Le sujet divise, et inquiète certains experts en la matière. L’arrivée de machines sera lourde de conséquences, selon Moshe Vardi, directeur de l’Institute for Information Technology de l’université Rice (Houston, États-Unis) : elle pourrait, selon lui et au même titre que l’intelligence artificielle, mettre au chômage la moitié de la population d’ici trente ans.