Une femme indigène se présente à l’élection présidentielle mexicaine

Une femme indigène se présente à l’élection présidentielle mexicaine

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Par Aída Chávez

Publié le

Cette candidature historique est portée par le Congrès national des indigènes et les zapatistes.
Au Mexique, comme dans beaucoup de pays, être une femme, indigène et pauvre, est une triple discrimination, même au sein de sa propre communauté.
Cela n’a pas empêché le groupe révolutionnaire de gauche de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) d’élire une femme du groupe des Nahuas pour le représenter à l’élection présidentielle de 2018.

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María de Jesús Patricio “Marichui” Martínez a été choisie comme la candidate indigène aux présidentielles de 2018.

Voici María de Jesús Patricio Martínez, plus connue sous le nom de “Marichui”. À 57 ans, cette mère de trois enfants qui pratique la médecine traditionnelle compte bien s’attaquer au machisme, aux préjudices sociaux, aux inégalités et au racisme qui règnent dans le pays.
Le week-end dernier, 840 délégués du Congrès national des indigènes (où sont représentées 60 communautés du pays) se sont réunis à San Cristobal de Las Casas, dans le Chiapas, le cœur de la résistance indigène au Mexique. Ils ont voté publiquement pour désigner María de Jesús.
Face aux critiques qui avancent que cette candidature divise la gauche mexicaine, Carlos González, un représentant du Congrès national des indigènes, affirme :

“Nous ne sommes pas intéressés par le processus électoral, ou par la victoire. Ça, on s’en fout. Nous voulons redonner de la visibilité à la lutte des indigènes. Comme l’a fait l’Armée zapatiste de libération nationale en 1994.”

Les représentants du mouvement zapatiste ont quant à eux précisé que pour eux, “c’est soit cette candidature, soit reprendre les armes”. Sachant qu’un rapport de l’ONG Oxfam de 2014 précise que 79 % de la population du Chiapas vit dans la pauvreté, et qu’un habitant sur deux est indigène, il est grand temps que les choses changent. Quitte à passer par un processus électoral que l’EZLN rejette, au risque d’être contradictoire ? “Oui, ça peut le sembler”, reconnaît Carlos González. “Nous souhaitons nous joindre à la fête des riches, ceux d’en haut, qu’est l’élection, une orgie dans laquelle ils placent tous leurs intérêts. Nous souhaitons nous joindre à cette fête pour la leur gâcher, nous voulons cet espace parce que nous n’en avons aucun autre.”
La candidature de Marichui doit encore réunir près d’un million de signatures pour qu’elle puisse être reconnue par l’Institut électoral national comme candidate indépendante.
Traduit de l’anglais par Sophie Janinet