Facebook ne veut pas voir les seins nus des statues d’Orléans

Facebook ne veut pas voir les seins nus des statues d’Orléans

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Par Théo Chapuis

Publié le

Facebook a encore brillé par l’absurdité de sa censure en bannissant la photo de deux cariatides d’un célèbre bâtiment orléanais. Bigre.

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L’histoire de l’art est pleine de bites, de culs, de chattes et de seins… et c’est très bien comme ça. Mais la censure bête et méchante de Facebook, qui confond représentations relevant du domaine artistique et pure pornographie, n’a guère de scrupules à dissimuler les publications qui ne lui plaisent pas.

Éric Millet, auteur du blog “Le Vieil Orléans”, en est la dernière victime. D’après La République du Centre, une publication de cet historien amateur, illustrée par le cliché d’un célèbre bâtiment orléanais, a été censuré par le réseau social. Où est le problème ? L’édifice de la Rotonde, place du Martroi, construit à la fin du XIXe siècle, est soutenu par deux cariatides… complètement topless (oups). La suspension du post par Facebook est tombée après que le blogueur a décidé de “booster” sa publication en dépensant 18 euros, histoire de s’assurer un petit coup de pouce promotionnel.

“Après six jours sans le moindre problème, et 10 000 personnes atteintes… Surprise ! J’ai reçu un message de Facebook m’indiquant que ma publication ne respectait les règles publicitaires”, raconte Éric Millet à La République du Centre. Le quotidien précise avec malice que ces deux paires de seins s’offrent quotidiennement au regard de centaines de passants à Orléans. De son côté, Éric Millet a partagé sur sa page Facebook sa version des faits recoupant les épisodes qui ont mené à l’interdiction de sa publication :

Qu’à cela ne tienne, la politique de censure de Facebook est non négociable : le réseau “[n’autorise] pas les publicités avec de la nudité, même si cela n’est pas d’ordre sexuel. Cela inclut la nudité à des fins artistiques ou éducatives”. 

De nombreux précédents…

Le mois dernier, c’était une statue célèbre de Copenhague, la statue de la Petite Sirène (inspirée du conte d’Andersen) qui en faisait les frais : une image de la fameuse statue de bronze, photographiée par des millions de touristes chaque année, était temporairement supprimée de Facebook pour cause de nudité.

L’absurdité de la censure à deux vitesses du réseau de Mark Zuckerberg a été rendue plus flagrante encore grâce à l’expérience d’un photographe allemand, Olli Waldhauer, qui faisait poser sur le même cliché une jeune femme seins nus et un homme portant un écriteau avec l’inscription “N‘achetez pas chez les métèques”. Cela n’a pas coupé, la photo a bel et bien été censurée par Facebook deux heures plus tard. Motif ? La nudité. Pas la xénophobie.

… mais les lignes pourraient bouger

Pan. La semaine dernière, la cour d’appel de Paris donnait tort à Facebook. Un professeur des écoles, se voyant censurer sa publication de la fameuse Origine du monde de Gustave Courbet, intentait une action en justice contre le réseau social. En face, la firme américaine répondait que seul un tribunal de l’État de Californie, où sont sis ses bureaux, a le pouvoir de la juger.

Or la justice française ne l’entend pas de cette oreille et, dans le cas de L’Origine du monde, la cour d’appel de Paris l’a effectivement déclarée compétente pour juger Facebook. Reste aux magistrats à plancher sur le fond du dossier, soit “la confusion faite par Facebook entre œuvre d’art et pornographie et la question de la liberté d’expression sur les réseaux sociaux”.