Étude : jeunes et smartphones en France, une grande histoire de dépendance

Étude : jeunes et smartphones en France, une grande histoire de dépendance

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Par Théo Chapuis

Publié le

Une étude sur les usages que les Français ont de leurs smartphones confirme le vaste engouement ressenti. Nous serions de plus en plus dépendants. 

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Je le sais, vous le savez, nous le savons, le smartphone s’est rendu indispensable comme aucun autre objet n’a su le faire. La preuve puisque depuis cette année, on meurt davantage sur Terre en essayant de prendre un selfie qu’en se faisant croquer par un requin. C’est très sérieux.

Or selon une étude de Deloitte réalisée auprès de 2000 consommateurs français, ça n’est que le début. Si 70% de Français seraient aujourd’hui propriétaires d’un smartphone, on estime qu’ils le consulteraient en tout 900 millions de fois par jour. Les auteurs de l’étude précisent que “cette fréquence d’utilisation s’intensifie d’année en année”.

D’après l’enquête, pour 16% des Français, consulter son smartphone est la première chose à faire au réveil (le café attendra). Cette part augmente pour atteindre 35% chez les 18-24 ans (le Nesquik aussi). La veille, ils étaient 18% à le consulter cinq minutes avant de se coucher (39% chez les 18-24 ans).

Le smartphone est avant tout l’outil privilégié du lien social pour les Français. Lorsqu’on s’en saisit, c’est pour consulter les messages (39%) et les mails (18%), mais 12% choisissent avec tout d’interagir avec une messagerie instantanée ou un réseau social.

38% des propriétaires de téléphones intelligents le consultent en moyenne 10 fois sur la journée et sont 28% à s’en servir jusqu’à 25 fois. Mais dans cette catégorie, encore une fois, les plus jeunes montrent un usage “beaucoup plus addictif”, comme le commente l’étude. La moitié des 18-24 ans consultent leur téléphone 50 fois par jour et 6% d’entre eux peuvent aller sans problème jusqu’à 200 fois par jour. Précisons que pour la moitié d’entre eux, la consultation du téléphone répond à un besoin spontané et n’est pas le résultat d’une notification, d’une sonnerie ni d’une vibration.

La meilleure illustration de ce fait, c’est quand on constate que le smartphone a fait sien la vieille devise du Journal de Spirou : “Ami, partout, toujours” : seul ou accompagné, chez soi, dans la rue, au travail, en famille… aucune situation ne semble plus interdite à l’utilisation compulsive de ce qui est devenu bien plus qu’un téléphone portable. Cette tendance s’accentue encore davantage chez les jeunes, les plus touchés par le phénomène du “multi-tasking”. Voyez plutôt.

38% des 18-24 ans utilisent leur smartphone en traversant la rue

Devant la télévision, 46% des 18-24 ans dégainent leur smartphone contre 14% de leurs aînés âgés entre 45 et 54 ans, ce qui confirme son statut de “deuxième écran de télévision” sur lequel les publicitaires comptent bien. Pour illustrer, le match amical entre l’Angleterre et la France du 17 novembre a généré à lui seul 241 000 tweets tandis que le dernier épisode de l’émission-phare Danse avec les stars en commettait 92 000. C’est Médiamétrie qui le dit.

Les deux tiers des Français admettent utiliser leur smartphone au restaurant, que ce soit en compagnie de collègues ou d’amis, contre 7% qui déclarent le faire très souvent. 35% des Français s’en servent pendant une discussion en famille. Ce n’est peut-être pas très poli, mais c’est moins dangereux que consulter son smartphone en marchant (36% du global, 72% des 18-24 ans), et beaucoup moins con que de le faire en traversant une rue (16% d’inconscients chez les 45-54 ans, 38% chez les 18-24).

Mais à défaut de provoquer un accident, le smartphone sert également d’allié à de nombreux Français qui l’utilisent par exemple en guise de coach santé. 16% des Français l’ont utilisé pour maîtriser leur niveau de forme physique et 3% s’en servent quotidiennement à cet escient. 11% des Français calculent également les calories ou surveillent leur régime, avec 2% d’utilisateurs tous les jours. Certains décrochent, mais 5 à 10% des détenteurs de smartphones ont fait de cet usage une pratique quotidienne. 

54% des photos prises sont partagées sur les réseaux sociaux

Grâce à son ergonomie, le smartphone est aussi de plus en plus utilisé pour prendre des photos. Aussi, c’est l’appareil le plus plébiscité en échange d’un appareil photo classique (57%). L’étude, qui rappelle que le mot “selfie” était élu mot de l’année par l’Oxford English Dictionnary, atteste que 72% des 18-24 ans prennent une photo au moins une à deux fois par semaine, et que 18% d’entre eux le font tous les jours. L’occasion ensuite de partager le cliché sur les réseaux sociaux pour 54% des Français. Une seule question subsiste : mais qui sont ces 3% de propriétaires de smartphones qui n’ont jamais pris une photo avec de leur vie ?

Coïncidence : cette étude paraît en même temps qu’une autre dirigée par Flurry Analystics de Yahoo qui analyse les usages du mobile dans une dizaine de pays européens – le téléphone portable et pas uniquement le smartphone, donc. On y apprend entre autres qu’en France il y 52,8 millions de téléphones mobiles en état de fonctionner, soit un taux de pénétration de 81%. Pas mal face à la Pologne (39%), l’Ukraine (34%) ou encore l’Italie (66%), mais beaucoup moins que la Suède, pays à la tête d’un taux de pénétration de 150% avec 14,6 millions de portables pour moins de 10 millions d’habitants.

Selon ce document, les Français utilisent leur téléphone majoritairement pour entretenir des liens de communication, que ce soit par texto, via des applications de messagerie ou un réseau social (40%). Derrière suivent les jeux vidéos, plébiscités dans près d’un quart des cas (23%). Si les Britanniques ont les mêmes priorités que nous, cette tendance s’inverse chez nos voisins allemands, italiens ou espagnols qui sortent plus souvent leur smartphone de leur poche pour jouer à un jeu vidéo que pour n’importe quelle autre activité. Oui, tous les moyens sont bons pour sortir son téléphone de sa poche.