Le premier “médicament connecté” sera bientôt commercialisé aux États-Unis

Le premier “médicament connecté” sera bientôt commercialisé aux États-Unis

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Crédit: Proteus Digital Health

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Par Thibault Prévost

Publié le

Un formidable outil de surveillance ?

Car les risques liés à l’éventuelle démocratisation de la médecine connectée sont terribles. Premièrement, comment assurer la sécurité des données médicales, trop sensibles et privées pour pouvoir être piratées ? Quel organisme public pourra vérifier si les entreprises privées derrière ces systèmes de pilules connectées ne font pas affaire avec, disons, Google, Facebook ou des régies publicitaires afin de vous proposer des publicités liées à votre état de santé ? Deuxièmement, d’un point de vue légal, que se passerait-il si les assurances vous conseillaient “activement” de choisir la version connectée de votre traitement afin de pouvoir suivre l’évolution de votre condition et, par exemple, conditionner votre police d’assurance à votre assiduité à vous soigner en vous surveillant au quotidien ? Enfin, la prise de cette pilule particulière peut-elle conditionner la remise en liberté après internement en hôpital psychiatrique ?
Autant de scénarios auxquels la FDA et les pouvoirs publics américains devront bientôt répondre, car la “surveillance médicale” est avant tout un formidable outil de… surveillance. À croire que la pilule passe mieux sous cette forme que, disons, sous celle d’un bon vieil implant traqueur placé sous la peau, alors que les nanotechnologies font encore généralement peur au grand public. Le résultat serait pourtant le même : un dispositif coercitif, développé et exploité sans aucun garde-fou législatif, qui réduirait potentiellement l’autonomie décisionnelle des patients sous traitement. D’autant que, rappelle la FDA, les études cliniques préalables effectuées avant la commercialisation d’Abilify MyCite n’ont pas montré d’amélioration dans le suivi des traitements par les patients.
De fait, la technologie est déjà là, précise le New York Times : d’autres systèmes virtuels non soumis à approbation par la FDA, comme le senseur comestible ID-Cap, sont également testés. En Europe, les Français de BodyCap commercialisent une pilule-thermomètre, e-Celcius, depuis 2015. La compétition pour le marché de la médecine connectée ne fait que débuter.

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