États-Unis : les tout-petits font plus de victimes par arme à feu que les terroristes islamistes

États-Unis : les tout-petits font plus de victimes par arme à feu que les terroristes islamistes

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Par Théo Chapuis

Publié le

En 2015, 21 Américains étaient abattus par des armes à feu actionnées par de jeunes enfants. La même année, 20 de leurs compatriotes succombaient dans des attaques terroristes islamistes.

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Il y a l’histoire de cette militante pro-armes, sérieusement blessée d’une balle dans le dos par son fils de 4 ans ; celle de ce bébé de 2 ans qui aurait tué son père d’une balle dans la tête ; celle de cet enfant du même âge, se saisissant du pistolet dans le sac de sa mère, qui l’a abattue dans un supermarché Walmart… Chaque année, les infos américaines se font l’écho de nombreux accidents mortels impliquant de tout jeunes enfants et des armes à feu. 

Ces tragédies ont conduit Lindy West, journaliste et activiste américaine, à écrire une tribune dans le Guardian, repérée par Slate, pour s’indigner contre la culture des armes en Amérique. Elle y affirme que les tout-petits font plus de victimes que les terroristes aux États-Unis et dirige le lecteur vers un article du site Snopes.com (site de démontage d’intox à la manière de notre Hoaxbuster national), afin d’appuyer ses dires :

“Les chiffres indiquent que 21 tout-petits se sont tués eux-mêmes ou ont tué d’autres personnes avec une arme à feu en 2015 ; 19 Américains sont décédés des mains de terroristes ou de supposés terroristes islamistes.”

En fait, pour Snopes.com, le seul élément introduise un doute dans le décompte est l’âge à partir duquel un enfant n’est plus un tout-petit, un “toddler”. Ce mot anglais signifie à la fois “bébé” et “jeune enfant”, et on considère qu’un toddler n’a pas plus de trois-quatre ans.

“Les ‘gentils armés’ sont un fantasme”

Quoi qu’il en soit, en 2015, les accidents liés aux armes se retrouvant dans les mains de très jeunes enfants ont fait plus de victimes américaines que le terrorisme islamiste. En additionnant les cinq morts lors d’une attaque contre des sites militaires de Chattanooga, dans le Tennessee ; les 14 victimes de la tuerie de San Bernardino, en Californie ; la victime américaine du Bataclan… Le compte s’élève à 20 décès. La différence est ténue, mais c’est moins que les 21 morts causées par le fait que de jeunes enfants américains aient pu mettre la main sur une arme.

Dans sa tribune pour le Guardian, Lindy West s’indigne contre les grandes peurs américaines qu’elle accuse de masquer de vrais dangers. Elle s’interroge :

“Et je suis supposée croire que les réfugiés syriens effrayés – ou qui que ce soit devenant le prochain bouc émissaire de l’extrême droite – sont la menace principale pour mes enfants ? Je suis supposée avoir peur des requins ? Du heavy metal ? Des jeux vidéo violents ? De la viande de cheval dans les steaks pour hamburgers ? Des ados qui boivent de la vodka par le cul ? […] Les ‘gentils armés’ sont un fantasme. Combien de temps encore participerons-nous à ce grand mensonge collectif qui veut que ces armes mortelles nous protègent ?”

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Les enquêtes montrent que les citoyens américains sont très préoccupés par le terrorisme islamiste et son fantasme collectif. C’est d’ailleurs un thème imposé dans la campagne des candidats à l’investiture de leur parti.

Or le New York Times rappelait dans un article paru à l’été 2015 que d’autres menaces ont été bien plus mortelles : “Depuis le 11 septembre 2001, presque deux fois plus de personnes ont été tuées par des suprémacistes blancs, des fanatiques anti-État et d’autres extrémistes non musulmans que par des musulmans radicalisés.” Certains meurtres commis par des extrémistes non islamistes “n’ont suscité qu’une attention éphémère dans les médias et ne se sont jamais gravés dans la mémoire collective”, note le quotidien, ainsi que le rapporte Courrier International.