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États-Unis : colère et peur après la mort de deux Afro-Américains abattus par la police

États-Unis : colère et peur après la mort de deux Afro-Américains abattus par la police

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Par Théo Chapuis

Publié le

En deux jours, deux Afro-Américains ont été abattus par la police dans des circonstances troublantes. De quoi faire repartir les tensions raciales de plus belle aux États-Unis.

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“Je ne peux pas me réveiller chaque matin dans un pays dans lequel un homme noir est tué tous les jours.” Ainsi s’est exprimée Rashida Jones, actrice américaine principalement connue pour ses rôles dans les séries Parks and Recreation et The Office, sur Twitter aujourd’hui. Et pourtant, c’est précisément ce qui est arrivé, entre hier et aujourd’hui.

Alton Sterling, 37 ans

Hier, on apprenait la mort d’Alton Sterling, 37 ans, un homme noir qui vendait des CD sur le parking d’un supermarché à Bâton-Rouge, en Louisiane, dans la nuit du 5 au 6 juillet. Abattu par des policiers, alors qu’il semblait au sol et maîtrisé. L’homme avait attiré l’attention des autorités après l’appel d’un passant déclarant l’avoir vu en possession d’une arme. Quoi qu’il en soit, d’après la vidéo amateur d’un badaud qui a filmé la scène, la police a tiré sur Alton Sterling à bout portant, alors qu’il gisait à terre. Dans un message sur Facebook, la police locale a confirmé son décès sur place.

Le soir même, une manifestation pacifique spontanée éclatait sur les lieux de la fusillade, comme on peut le lire dans le New York Times. Ses organisateurs l’ont décrite comme une démonstration d’unité face à “l’usage excessif de la force” contre les Noirs.

Bien vite, la mort d’Alton Sterling a fait écho aux décès, nombreux ces dernières années, d’Afro-américains dans des interventions de la police américaine, notamment sur le Web et Twitter, qui a de nouveau retenti du hashtag #Blacklivesmatter.

Du révérend Jesse Jackson, célèbre militant des droits civiques, au chanteur Drake qui a partagé sa peine, mais aussi sa peur, sur Instagram, de nombreuses personnalités ont joint leurs mots à ceux des internautes pour partager colère, indignation, tristesse.

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“La mort d’Alton Sterling à Bâton-Rouge est un lynchage légal. La justice doit prévaloir.”

Philando Castile, 32 ans

Le lendemain du décès d’Alton Sterling, une nouvelle vidéo montrant des policiers abattre un homme noir a surgi sur Internet. Mais celle-ci est plus frappante encore.

Philando Castile, 32 ans, employé d’une cantine scolaire, est arrêté lors d’un banal contrôle routier à Falcon Heights, dans le Minnesota. La suite est racontée par sa compagne, présente dans la voiture, Lavish Reynolds, dans une vidéo de l’altercation postée en live sur Facebook (attention, images très crues) et déjà vue plus de 3 millions de fois. On y voit Philando Castile agoniser à ses côtés, ses habits abondamment tachés de sang. Alors qu’elle tente de résumer ce qui vient de se produire, on entend aussi une enfant, sa fille de 4 ans, sangloter pendant que le policier braque toujours son pistolet vers l’intérieur du véhicule.

Face caméra, Lavish Reynolds trouve le calme nécessaire pour expliquer que son compagnon avait prévenu le policier qui effectuait le contrôle qu’il était armé et qu’il avait une licence. Or l’agent aurait ouvert le feu sans sommation alors que Philando Castile cherchait ses papiers. La chaîne américaine CBS a confirmé son décès peu après son transport à l’hôpital.

Tout comme pour la mort d’Alton Sterling, des manifestations ont éclaté peu après, allant jusqu’aux portes de la résidence du gouverneur de l’État, comme le montre ce tweet d’une journaliste de CBS, ou les photos de ce photographe qui s’est rendu sur place. L’élu du Minnesota a depuis réclamé une enquête fédérale.

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“Des manifestants installent des rubans de police, récupérés sur la scène de la fusillade à Falcon Heights, sur les grilles de la maison du gouverneur.”

La mort de ces deux Afro-Américains, abattus par des représentants de l’ordre, réveille les tensions raciales exacerbées par un lourd bilan : d’après le décompte du journal britannique The Guardian, 561 personnes ont été tuées par des policiers aux États-Unis depuis le 1er janvier 2016.

Indignation chez les musiciens noirs américains

Comme relève Pitchfork, de nombreux musiciens noirs américains ont exprimé leur indignation sur les plateformes Twitter ou Instagram, de Chance the Rapper au batteur Questlove, en passant par Dev Hynes de Blood Orange ou Killer Mike, mais aussi Shamir, the Game, John Legend…

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“Ils ont tué cet homme avec sa fille de 4 ans sur le siège arrière ? Y a-t-il un moyen pour que ces gens soient un jour arrêtés ? Ou condamnés ?”

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“Arrêtez de nous tuer.”

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“Il y a une putain de preuve vidéo et certains d’entre vous osent encore dire ‘ouais, euh, il n’aurait pas dû bouger sa jambe gauche de façon aussi provocante.'”

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“On a compris que nos vies ne comptaient pas mais pouvez-vous au moins arrêter de nous tuer, afin que nous puissions continuer de créer les choses que [vous les Blancs] vous appropriez ?”