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En images : plongeon de haut vol dans les calanques de Cassis

En images : plongeon de haut vol dans les calanques de Cassis

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Par Thomas Andrei

Publié le

Du haut de ses 45 ans, Lionel Franc pratique le plongeon de haut vol dans les calanques de Cassis. Le photographe Brice Portolano a immortalisé sa passion.

Brice Portolano est un photographe français basé à Paris qui travaille sur la relation entre l’homme et la nature. L’année dernière, il s’est installé dans un village de pêcheurs en Alaska. Non seulement il a fait le plein d’air frais, mais en plus, il est revenu avec une grande pile de photos et une belle histoire à raconter.

L’artiste de 24 ans est retourné dans son pays natal, mais il est toujours aussi fasciné par les bords de mer et ses habitants. Alors qu’il se trouve à des kilomètres du petit village calme et isolé dans lequel il a passé deux mois de son existence, Brice Portolano s’est rendu dans la magnifique commune de Cassis, à l’est de Marseille.

C’est là-bas qu’il a rencontré Lionel Franc, une star locale de 45 ans. Sa passion à lui, c’est de plonger des hautes falaises de Cassis, les fameuses calanques. Brice Portolano a donc raconté son histoire, avec 20 photos à l’appui.

À l’âge de 12 ans, il plongeait de la presqu’île de Cassis, du haut des falaises de 12 mètres. Aujourd’hui, son record actuel est de 30 mètres. À 45 ans, Lionel Franc est l’un des rares pratiquants du plongeon de haut vol à entrer dans l’eau tête la première. Entre des cascades pour le cinéma et des reportages pour Thalassa, ses plongeons fascinent aussi bien le grand public que les randonneurs des calanques, nombreux lors des week-ends ensoleillés d’hiver.

Début décembre, le mistral froid et sec a chassé les nuages de la veille. J’accompagne Lionel lors d’un entrainement matinal et nous croisons quelques randonneurs sur la route. Alors que je m’équipe d’une combinaison et enferme mon boitier photo dans un caisson étanche, Lionel s’échauffe et commence sa préparation mentale. En un quart d’heure, plusieurs groupes de randonneurs s’arrêtent, intrigués par cet étrange manège et décident de rester pour assister au plongeon.

Lionel répond à quelques questions puis se concentre et s’enferme dans sa bulle. Je me mets à l’eau, équipé de mon appareil photo, et me positionne sous les rochers, prêt à photographier le plongeon. Après quelques minutes, Lionel s’avance au bord du rocher de 22 mètres, lève les bras puis s’élance du haut de la falaise, bras écartés en jambes tendues. Après 2 secondes de vol, son corps pénètre la surface de l’eau glacée à près de 80km/h.

Plusieurs personnes crient, d’autres qui l’ont déjà vu plonger, sont plus calmes mais tout aussi impressionnées. Après un court instant, sa tête émerge à quelques mètres de moi, il me regarde en souriant puis lève la main, joignant son index et son pouce pour indiquer que tout va bien.

En vol, Lionel est omniscient, l’adrénaline éveille tous ses sens et il se sent à la fois puissant et extrêmement vulnérable. “Elle est pas froide ?” La trentaine, accompagnée d’une jolie fille, le randonneur cache son admiration derrière une question bateau. “Attends Brice, je viens quand même de sauter 22m et le gars me demande si l’eau est pas froide !” me dira Lionel en rigolant quelques instants après.

Quelques mois plus tard, en plein mois de juillet, la scène se répète. Tout le village connait bien “Loulou” et une centaine de personnes s’est réunie dans la calanque d’En-Vau pour le regarder plonger. L’excitation monte, les bateaux sont attachés entre eux et l’ambiance familiale qui règne dans la calanque contraste avec les foules de touristes qui l’occupent en pleine journée.

Lionel s’est entraîné tout le printemps pour ce plongeon de 30 mètres et après un demi-heure de préparation, il s’approche du bord de la falaise. La foule excitée et bruyante se tait soudainement. Quelques sifflements résonnent dans ce lourd silence.

Lionel se concentre, s’avance près du vide et après quelques longues secondes s’élance enfin. Après un saut de l’ange parfaitement maîtrisé, il disparaît dans l’eau profonde des calanques. Son entraineur et deux secouristes nagent vers lui à toute vitesse pour s’assurer que la réception s’est bien déroulée, prêts à le secourir en cas de danger. Après un court instant, Lionel surgit hors de l’eau, les yeux écarquillés et joint le pouce et l’index pour indiquer que tout va bien, provoquant les cris et applaudissements de la foule qui résonnent dans la calanque.

Réalisateur de vidéos chirurgicales pour des dentistes marseillais – un univers complètement différent – Lionel consacre son temps libre au plongeon de haut vol. Loin d’être fou comme certains l’imaginent, il suit un entraînement physique intense, encadré par son ami Stéphane, entraîneur au RAID de Marseille.

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Initié lorsqu’il avait 12 ans par Jean-Michel Beaujon, lui-même élève de l’abbé Simon surnommé “l’abbé volant”, Lionel perpétue la tradition en plongeant dans les calanques avec ou sans public, peu importe les saisons.

Lionel pénètre la surface de l’eau à près de 100km/h. La violence de l’impact est la raison pour laquelle la plupart des plongeurs entrent dans l’eau par les pieds.

La famille de Lionel de retour de l’un de ses entraînements. Au printemps dernier, il réalisé plus de 50 plongeons d’une hauteur de 24 mètres pour être prêt pour le 30 mètres.

La famille tient une place importante dans la vie de Lionel, qui a une femme et trois enfants. Après un accident de plongeon il y a 2 ans, il a décidé de ne plus réaliser de figures lors des plongeons les plus hauts mais continue de s’entraîner pour battre son record de 30 mètres.

Lionel plonge toute l’année, y compris en hiver lorsque la température de l’eau peut baisser jusqu’à 12°C. Il plonge tout le temps en maillot et ne porte de combinaison que lorsqu’il doit plonger plusieurs fois d’affilée.  

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(Photo : Brice Portolano)

Stéphane, l’entraîneur de Lionel qui navigue le bateau en arrière- plan, est toujours prêt à intervenir en cas de problème.

Célèbre pour son caractère unique, la calanque d’En-Vau est très fréquentée durant l’été. Comme elle est assez isolée, les fins de journées sont plus calmes et Lionel en profite pour venir en bateau s’entraîner à ce moment-là.

Lionel finit de construire un coffrage en bois. À chacun de ses spots de plongeon, il coule une petite dalle de béton pour créer une plateforme qui lui permettra de s’élancer dans les meilleures conditions.

Au bas de l’image est visible l’une de ces plateformes. Le chiffre 9 est dessiné dans le ciment, indiquant la hauteur du rocher.

Lionel est souvent sollicité par des jeunes du village pour enseigner le plongeon de haut vol. En arrière-plan, l’un d’eux réalise un salto arrière.  

Un matin d’automne, Lionel explore les calanques avant le lever du soleil en quête d’un nouveau spot de plongeon. Un orage éclaire la ville de Marseille en arrière-plan.

 À l’aide d’une corde et d’une bouée, Lionel mesure la profondeur de l’eau.

Le phare de Cassidaigne, à 8 kilomètres de Cassis. Lionel prévoit de plonger un jour de ce phare construit en 1859.

Surplombant la calanque d’En-Vau, à la recherche d’un nouveau spot de plongeon.

Découvrez l’œuvre du photographe Brice Portolano sur FacebookInstagram, et sur son site.

Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois