En Australie, les backpackers paieront désormais des impôts

En Australie, les backpackers paieront désormais des impôts

photo de profil

Par Sophie Janinet

Publié le

À partir de janvier 2017, les titulaires d’un visa vacances-travail paieront 15 % de taxe sur leur salaire.

À voir aussi sur Konbini

C’est la fin d’un feuilleton politique qui s’est transformé en guerre des partis. Après plusieurs mois de négociations, la “backpacker tax” a été votée cette semaine en AustralieJusqu’à maintenant, les jeunes étrangers (voyageant souvent avec un sac à dos, d’où le nom de la taxe) venus grossir les rangs de la main-d’œuvre dans les fermes et les bars australiens étaient dispensés de payer des impôts. À la fin de l’année fiscale, ils pouvaient récupérer l’intégralité de ce qui avait été prélevé automatiquement sur leur salaire. Toutefois, il y a un an et demi, le gouvernement a soumis un projet de loi visant à les taxer à hauteur de 35 %.

La proposition avait suscité un tollé dans le monde agricole, effrayé à l’idée de perdre cette manne de travailleurs indispensables au moment des récoltes. Comme le rappelle la Fédération nationale australienne des fermiers, les titulaires du visa vacances-travail représentent environ un quart de la main-d’œuvre dans le secteur agricole, un nombre qui augmente considérablement en ce qui concerne la cueillette. Un agriculteur, signataire d’une pétition contre la “backpacker tax”, avait à l’époque déclaré au Monde :

“Je suis très impressionné [par les backpackers]. Les jeunes Australiens ne sont pas prêts à faire ce travail, c’est trop dur, trop éloigné, trop sale, il fait trop chaud.”

Des conditions difficiles qui ont même été trop loin, selon une enquête menée par la chaîne de télé locale ABC. Le reportage, diffusé en mai 2015, dénonçait “des employeurs peu scrupuleux” qui “prennent pour cibles des jeunes étrangers vulnérables, souvent débutants en anglais, soumis à des heures de travail brutal, des conditions de vie dégradantes et des salaires trop bas”.

De quoi alimenter la polémique qui sévissait déjà au sein de la classe politique, divisée sur le sujet. Après des mois de tractations, c’est finalement l’échéance du calendrier qui a mis fin au débat. Contre toute attente, c’est le parti des Verts qui a fait pencher la balance, en acceptant de voter la loi à condition de baisser la taxe à 15 %. Les écologistes ont également négocié une subvention de 100 millions de dollars australiens (soit environ 70 millions d’euros) pour Landcare, un programme qui vient en aide aux fermiers. Si un accord n’avait pas été trouvé cette semaine, la taxe à 35 % aurait automatiquement été adoptée dans le budget national de 2017. Reste à savoir si cette décision va dissuader ceux qui rêvent des grands espaces australiens.